Chapitre 5

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Lorsqu'il retourna auprès de sa famille, Neteyam découvrit que durant son absence, il avait été décidé qu'une petite fête de bienvenue aurait lieu en leur honneur.

Aucun d'eux n'était dupe, c'était un moyen de faire accepter leur présence aux Metkayinas réticents qui restaient persuadés qu'ils ne parviendraient jamais à s'adapter à un milieu maritime.

Neytiri, dans toute sa confiance et son orgueil, voulait à tout prix leur prouver le contraire : elle était forte et digne, personne ne pourrait jamais le lui retirer, et s'ils devaient parader autour d'un feu de camp pour le prouver, ils le feraient. Les adolescents n'étaient pas enchantés, seule Tuk, dans l'insouciance de son jeune âge pouvait se montrer enthousiaste à la perspective annoncée.

Lo'ak et Kiri en tout cas avaient déjà l'air d'envisager une solution de fuite et de repli pour s'échapper de la fête sans que personne ne s'en aperçoive.

- Allez, allez, les encouragea leur père avec une jovialité feinte ; ça va bien se passer !

Neteyam y croyait assez peu : un mauvais pressentiment, une drôle d'impression que quelque chose allait venir perturber la soirée lui collait à la peau. Il chassa néanmoins la désagréable sensation lorsque son frère claudiqua jusqu'à lui pour venir l'interroger, un air malicieux sur le visage.

- Bah alors, frangin, t'as disparu tout l'après-midi, t'étais passé où tout ? Tu t'es laissé séduire par une jolie fille ?

L'ainé frappa son frère du revers de la main, Lo'ak était hilare alors que Neteyam niait tout en bloc. Pourtant, tous les regards étaient tournés vers lui et il était bien conscient que, si son père semblait amusé, sa mère était nettement plus réprobatrice.

- C'est bien vrai ça, renchérit Tuk ; tu es resté tout le temps avec Rayna ?

Le ton de la plus jeune de la fratrie était plus accusateur que celui de son frère. Elle n'interrogeait pas vraiment, elle exigeait des réponses à partir de faits qu'elle tenait pour véridique. Neteyam ne parvint plus à nier.

- Tu ne devrais pas t'approcher trop de cette fille, intervint sèchement Neytiri à la grande surprise générale. Cette enfant porte quelque chose d'étrange en elle...

Le fils ne voulait pas rétorquer quoi que ce soit face à sa mère, mais force était d'admettre que la remarque semblait motivée par la haine de Neytiri à l'encontre du peuple du ciel. Neteyam n'avait rien senti de particulièrement maléfique chez la fille avec qui il avait passé l'après-midi, la fille qui pleurait ouvertement contre lui mais se détournait pour masquer son trouble.

Il se contenta de baisser la tête et les oreilles en même temps, bien trop conscient qu'il se lancerait dans une lutte perdue d'avance qui pourrait faire des dommages collatéraux pour son frère et sa sœur si leur mère évoquait la part humaine de Rayna.

Neytiri aimait sa famille plus que tout et son époux encore plus, mais elle ne parvenait jamais tout à fait à se défaire de son hostilité envers ceux qui étaient venus d'ailleurs pour apporter mort et destruction.

Alors le garçon suivit le mouvement sans rien dire lorsqu'ils se levèrent tous pour rejoindre le cœur du village où aurait lieu le grand feu de joie.

L'ambiance y était douce et agréable, un petit groupe jouait de la musique et chantait pour que certains puissent danser en riant gaiement. Tonowari et sa famille était assis dans un coin, tout sourire, faisant signe aux Sully de venir les rejoindre, ce qu'ils firent tous à l'exception de Tuk qui avait déjà rejoint un groupe de gamins de son âge qui se lançaient des balles en lianes tressées.

- Il parait que tu t'es blessé, fit remarquer le chef du clan en regardant Lo'ak.

Le garçon se sentit gêné pour une raison mystérieuse : ce n'était pas comme si c'était exceptionnel ou qu'il l'avait fait exprès.

La Voie d'Eywa - FF AvatarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant