Chapitre 22

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Dire que Rayna était contrariée aurait été un euphémisme, mais dire qu'elle l'exprimait comme n'importe quelle autre personne aurait été un mensonge. Son agacement prenait la forme qu'aurait pris celui d'une enfant : elle boudait. A sa manière.

Faisant la sourde oreille à ce que lui racontait Neteyam, elle se contentait de réponses en onomatopées désarticulées qui ne voulaient pas dire grand-chose.

Puis, la monture se figea, noyant Rayna dans un nouveau brouhaha qui lui fit dire qu'ils étaient arrivés.

Sagement, elle attendit que Neteyam, ou Jake, au demeurant, elle s'en fichait bien, lui autorise à retirer son bandeau. Elle avait beau se sentir vexée, elle pouvait comprendre la prudence excessive du père de famille. S'ils étaient parvenus à rester hors des radars de la RDA pendant si longtemps, c'était bien grâce à cette prudence.

Elle songeait encore à l'air bougon qu'affichait de temps en temps Z-Dog lorsqu'elle avait passé une partie de la nuit penchée, avec le reste de son équipe, sur des cartes et des stratégies infructueuses, quand Neteyam lui pressa le genou, lui indiquant qu'elle pouvait descendre et retrouver la vision.

Rayna ne se fit pas prier : elle avait les genoux engourdis et des crampes dans les cuisses et le dos. Décidément, elle détestait la façon qu'avaient les na'vi de chevaucher les ikrans.

Du même coup qu'elle récupérait ses facultés visuelles, elle découvrit le lieu de vie. Il s'agissait d'une caverne spacieuse et relativement lumineuse du fait de sa hauteur dans les montagnes. Rayna qui avait quasiment toujours vécu à la hauteur de l'océan, n'osa qu'à peine imaginer la hauteur qui la séparait de la terre ferme.

Comme une vaste fourmilière, les na'vi s'agitaient sans vraiment faire attention à eux. Il y avait des femmes qui s'activaient à des activités artisanales, des enfants qui couraient entre les jambes des adultes et des hommes qui prêtaient mains fortes là où il le fallait : une mécanique bien huilée en somme.

Une femme fendit la foule et Rayna reconnut immédiatement en elle la tsahik du clan. Pas tellement parce qu'elle partageait des traits familiers, ces mêmes traits qu'elle connaissait sur le visage de Neytiri et de Neteyam ou de Lo'ak, mais parce qu'elle dardait sur elle un regard qui lui fit sentir qu'elle était en train de sonder son âme. Exactement de la même façon que le faisait parfois Ronal et lui faisait ressentir exactement la même chose que lorsqu'elle se liait à Eywa.

Rayna inclina la tête alors qu'elle saluait le plus respectueusement qu'elle le pouvait cette tsahik.

- Je te vois aussi, mon enfant, lui répondit Mo'at sur un ton râpeux.

Comme elle gardait le silence, sans même faire attention à Neteyam ou à Jake non loin, Rayna chercha quoi dire. Elle ignorait qu'elle était la convenance dans un cas comme le sien : demander pardon pour l'intrusion ? remercier pour l'accueil ? Mais son retour était-il seulement un choix fait volontairement ou une volonté de garder la face de la part de la famille Sully.

Finalement, elle n'eut pas besoin de réfléchir beaucoup plus longtemps, Mo'at se mit soudain à agiter les mains autour de son corps, comme pour sonder l'air, l'énergie autour d'elle.

- Tu es ici chez toi, mon enfant, Eywa t'a ramenée à nous. Mais ton esprit est ailleurs, remarqua-t-elle avec un reproche dans la voix.

Elle avait arrêté de battre l'air autour de Rayna, mais avait sorti, à la place, son aiguille en os avec laquelle elle piqua l'épaule de la jeune na'vi, juste à l'endroit de sa cicatrice.

- Je n'ai rien demandé, rétorqua la na'vi, ignorant la piqûre. Je n'ai jamais rien demandé, ni qu'on m'arrache au récif, ni qu'on vienne me délivrer.

La Voie d'Eywa - FF AvatarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant