Chapitre 3

168 8 1
                                    

Rayna ne sut pas quoi répondre aux mots de Neteyam. C'était bien la première fois que quelqu'un osait la complimenter de cette façon. En public en tout cas.

Certains garçons de son âge avaient bien tenté à plusieurs reprises de lui offrir des mots gentils en espérant recevoir des faveurs, mais jamais personne n'avait encore osé le faire sans arrière-pensée évidente et devant une foule de témoins.

D'autant que le sourire que le na'vi lui offrit ensuite se fut rassurant : il n'attendait aucune réponse, rien d'autre que la satisfaction de savoir qu'elle comprenait qu'il n'avait jamais voulu se montrer grossier.

Dans un geste purement nerveux, Rayna se mordit violement la lèvre inférieure, lui conférant un air démuni étrangement enfantin pour son âge et le garçon se surprit à la trouver plus adorable que magnifique à l'instant précis.

Finalement, toujours morte de gêne, elle balbutia des excuses et entreprit de repartir vers son objectif initial qui était de retourner travailler.

Si Tsireya et Ao'nung avait du temps libre à accorder aux nouveaux, c'était parce que leur père leur avait donné l'ordre de les prendre en charge pour leur apprendre tous les us et coutumes.

Cependant, lorsqu'elle défaillit au moment de se lever, elle se rendit soudain compte qu'elle n'avait toujours pas pris le temps de se nourrir et que son corps commençait à lui rappeler.

- Rayna ? s'affola Tsireya alors qu'une paire de bras l'empêchait de retomber directement les fesses dans le sable. Depuis combien de temps tu n'as pas fait de vrai repas ?

Son absence de réponse était déjà une réponse en soi. La veille sans doute. Elle n'avait pas fait attention.

- J'ai juste besoin d'une seconde, se défendit-elle avec un instant de retard ; je me suis levée trop vite.

Elle tenta de se relever, mais les mains qui la tenaient étaient trop fermes contre sa peau et elle fut incapable d'esquisser d'autres mouvements que pour s'asseoir à genoux. Elle renonça en soupirant en entendant son amie lui dire qu'elle allait lui chercher de quoi se restaurer.

- Mais attend, intervint alors le plus jeune garçon, Lo'ak ; pourquoi tu ne prends pas les fruits qui sont juste là, sur l'arbre, plutôt que de retourner dans la réserve ?

Ce fut une Tsireya embêtée qui répondit, presque penaude :

- C'est qu'on ne peut pas les cueillir directement sur l'arbre sans Rayna.

Les frères et sœurs de la forêt eurent l'air tous aussi surpris les uns que les autres.

- Comment vous faisiez avant ?

- On faisait pas, répondit le futur chef en haussant les épaules ; on ramassait quand les fruits tombaient tous seuls.

- Bah, fit Lo'ak en se levant ; je peux bien le faire moi aussi ! ça doit pas être bien différent de cueillir des fruits ici que chez nous.

Tuk, enthousiaste se joignit à son frère pour l'assister à grand renfort d'encouragements et de conseils parfaitement évidents. Ne tombe pas. Ne prend pas les fruits pas mûrs...

Neteyam, en bon ainé, se montrait plus prudent.

- Tu ne devrais pas monter n'importe comment sur les arbres, conseilla finalement Rayna qui se sentait bien en peine de pouvoir agir elle-même. L'écorce est coupante et les branches très...

Le garçon n'écoutait pas, il gardait le nez en l'air, cherchant les fruits les plus beaux afin de pouvoir faire valoir un butin d'exception. 

Les paroles d'Eywa revinrent en mémoire à Rayna alors qu'il entreprenait de s'agripper aux branches basses pour escalader le tronc : protège le garçon.

La Voie d'Eywa - FF AvatarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant