L'Empire d'Erèbe [mafia romance 2023]

Chapitre 14 - Quiproquo

JUILLET

En écoute : Helen Merrill – Vous M'Eblouissez (You Go To My Head)

Sienna

Dans la limousine qui les conduisait au gala, Giosuè passa en revue les politiques avec lesquels ils iraient discuter et indiqua à chaque fois à Sienna quel rôle était attendu d'elle lors de ces rencontres. Cela se résumait à leur faire la conversation sur la pluie et le beau temps et/ou rire à leurs blagues et/ou leur demander des nouvelles de leur femme/fille/mère/sœur.

- Si je t'aide ce soir, ce sera la dernière fois que je fais la potiche à ton bras, lança Sienna le ventre noué. Les mots étaient sortis vite. Elle n'avait pas eu le temps de les retenir.

Giosuè haussa les sourcils, avant de répondre :

- Personne n'a dit que tu devais faire la potiche. Reste-toi-même, tu n'as pas besoin de te travestir.

- Non, mais je ne comprendrai aucune de vos discussions puisque je ne suis au courant de rien sur le réseau, ni sur tes affaires politiques. Tu ne me dis rien, Giosuè, tu me gardes complètement à l'écart.

Elle tourna la tête et regarda par la vitre, pour éviter de pleurer. Cent fois, elle avait eu cette conversation avec son père. Cent fois, elle avait été rabaissée, humiliée, méprisée. C'était le souvenir répété de ces attaques qui avaient miné son estime d'elle-même, le même souvenir qu'elle revivait aujourd'hui avec son futur mari, comme un hamster coincé dans sa roue. Et pourtant, ce soir, elle essayait à nouveau d'exister, de ne pas faire partie des meubles.

Giosuè resta un moment silencieux. Quand il reprit la parole, sa voix était différente. Plus calme, moins mécanique. Le politicien avait peut-être laissé place à l'homme avec qui elle avait joué aux jeux vidéos.

- Tu as raison, admit-il. Aucune des femmes de ma famille n'est mise à l'écart des affaires et il n'y a rien qui justifie que tu le sois. Je... je n'ai pas vraiment l'habitude de partager des informations avec quelqu'un que je connais si peu et dont je ne suis même pas a...

Il s'arrêta.

- Dont tu n'es pas amoureux.

Il sourit d'un air gêné.

- Je ne suis pas amoureuse de toi non plus Giosuè, rassure-toi. Mais ce n'est pas grave. On doit former une équipe, tu ne peux pas me traîner comme un boulet toute ta vie, et je ne peux pas vivre prisonnière entre la couleur des papiers-peints et les couches des enfants qu'on aura peut-être un jour. Je gère déjà une partie du réseau de mon père. Je peux t'aider dans ce que tu fais, aussi.

Elle se pencha légèrement vers lui et chercha son regard.

- J'ai besoin d'avoir ma place.

Il hésita, puis acquiesça.

- Je te dirai des choses. Au fur et à mesure. Ton père est ... spécial.

Ton père est un connard. Les mots sans filtre d'Alvize résonnèrent dans sa tête.

- Et ma famille a encore beaucoup de doutes au sujet de notre alliance. Greta s'entend bien avec lui et on dirait que les tensions sont apaisées maintenant qu'ils ont vérifié les chiffres et les infos ensemble, mais d'autres sont beaucoup plus méfiants.

- Je sais. Alvize ne me porte pas dans son cœur. Elle repensa à sa voix autoritaire. A sa main dans son dos la guidant le long du couloir. Elle détourna la tête.