Chapitre 3: Espoir

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Le dimanche était toujours la journée de travail la plus éreintante. C'était bien pire aujourd'hui puisqu'il pleuvait à plein temps. La boutique de souvenirs était frappée par l'irrespect de nos visiteurs, s'évertuant à prendre un article et à le reposer plus loin abruptement. Les enfants, aussi irrespectueux que leurs parents, frappaient à l'aide d'épées en mousse ces derniers qui, étonnement, en paraissaient amusés. Mettant mon animosité de côté, je laissai mes lèvres se redessiner en un sourire professionnel dès qu'une famille se dirigeait vers la caisse derrière laquelle j'attendais sagement. 

Janelle ne s'était toujours pas manifestée. Le loup n'était pas non plus réapparut. Si bien que cette journée chargée au travail me convenait parfaitement en me permettant de ne pas trop y penser. Malgré la faim qui me tiraillait, je prenais mon temps, pointant avec nonchalance avant de me diriger vers les vestiaires. Son cadenas était toujours présent sur son casier. Mais ce qui me rassurai le plus était les mots que ses collègues échangeaient dans la salle de pause. Alors que l'une d'elle se plaignait de sa surcharge de travail, causée par Janelle qui n'avait pas fait l'effort de venir travailler alors qu'elle était nouvelle ici, un autre lui assura qu'elle serait de retour d'ici deux jours. Le loup m'accordait-il une chance? Je ne m'y était pas attendue. D'autant plus qu'il me servait sur un plateau repas la prunelle de ses yeux. Cette information me laissait donc perplexe. Depuis quand me fiais-je aux bruits de couloirs?

L'après-midi fut chaotique. Le ciel déversa des trombes d'eau qui incitaient les visiteurs à errer dans la boutique. L'heure de fermeture approchant, Marshall se demandait bien comment chasser tout ce monde alors que je me voyais déjà faire des heures supplémentaires afin de ranger le chaos orchestré par ces derniers. Puis, la pluie s'arrêta, laissant même la clarté se répandre dans la boutique. Attirés comme des insectes par la lumière, les visiteurs sortaient, souvent sans rien acheter. J'en profitais alors pour ranger avec empressement tout ce qu'ils avaient éparpillé, trouvant même une tasse ébréchée camouflée sous les bisons en peluche. Mis à part Marshall, personne n'était à l'horizon. J'en profitais alors pour vociférer, libérant au passage tout le stress accumulé lors de cette journée.

La boutique rangée, nous servions nos derniers clients avec bien plus d'amabilité. Et alors que je remerciai certains d'entre eux qui sortaient de la boutique, mes sens furent à nouveau paralysés par cette odeur résineuse, épicée et musquée qui nous collait tous à la peau. Néanmoins, ces odeurs différaient pour chacun d'entre nous. Et celle-ci était bien plus musquée et enivrante. Je ne connaissais pas cette odeur.

Son hôte apparut tout sourire dans la boutique, non surpris de me rencontrer, un dépliant du musée roulé en parchemin qu'il tenait entre ses mains immenses. Lui-même était d'ailleurs d'une taille colossale. Bien plus grand que Sam. Bien plus grand que Jacob. Bien plus grand que le loup inconnu. Combien d'Alphas rodaient aux alentours? Était-il aussi taré que l'autre?

Puisqu'il me fixait, toujours d'un étrange sourire qui se voulait sans doute amicale, je ne me fis pas prier pour le détailler également. Sa taille dépassait les deux mètres et sa carrure imposante, par ses muscles qui auraient fait pleurer de jalousie les culturistes amassés dans les salles de sports, me donnait bel et bien envie de ne pas me frotter à lui. La carrure de l'autre loup était même risible à côté de la sienne. Mais contrairement à l'autre taré, celui qui me faisait face a présent ne manifestait aucune hostilité. Son regard intrigué était même bienveillant. Quant à son sourire ... 

Mon cœur fit un bond. Je braquai mon regard sur la vitrine, espérant que la couleur de mes joues ne trahissait pas mes pensées. Je le trouvais charmant. Si ces corps bien trop sculptés ne m'avaient jamais attirée, les traits de son visage, ses pommettes saillantes, sa mâchoire carrée, son regard profond et expressif, et son sourire révélant deux fossettes qui creusaient ses joues ne m'avaient pas laissée indifférente. Mais je n'avais plus seize ans, alors, je ravalai ma libido dévorante et le contemplai à nouveau d'une manière plus professionnelle. Et puis, jamais je ne m'enticherai à nouveau d'un loup. L'imprégnation veillerait à faire perpétuer sa lignée, chose que j'étais incapable de lui donner.

Le frère perdu - Leah ClearwaterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant