Chapitre 6: Persévérance

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La nuit fut courte et périlleuse. Les cauchemars avaient donné naissance à une peur bien présente. Éreintée, je pris tout de même la peine d'enfiler mes baskets dès cinq heures du matin alors que j'étais en week-end. Et malgré la musique qui guidait ma course, mes pensées n'arrivaient pas à s'apaiser, même si je parvenais à les contenir. Ce fut cependant dès l'instant où je fis couler l'eau de la douche sur ma peau nue qu'elles se manifestèrent de plein fouet.

Il était trop tard pour avertir mes frères de mes dangereuses découvertes. Non seulement, nous ne faisions pas le poids contre eux, du fait de leur surnombre, mais ils me ramèneraient à La Push par la peau des fesses pour m'engueuler avant de me préserver de cet éventuel danger. Cependant, malgré mes appréhensions, je voulais surtout éviter de perdre Mal de vue. J'avais besoin de lui. J'avais besoin des réponses qu'il était capable de m'apporter.

Ne sachant pas quoi faire pour occuper ma journée, je laissai mes pensées cogiter sur ce qu'il m'avait apprit en flânant dans des ruelles peu animées. Libérer tous mes tracas et ressasser notre conversation me permit de comprendre que je n'étais pas une si mauvaise manipulatrice que ça. Mal s'était bien montré réticent à plusieurs reprises, tout comme moi je l'avais été, mais il me paraissait évident qu'il m'accordait à présent une faible confiance. Ou du moins, il avait développé une certaine sympathie à mon égard, même si elle était liée à son inquiétude face à mes réactions dévastées.

Comme chaque lundi soir, avant de me coucher, j'appelai Seth. Tout aussi éreinté que moi, il me berça tout de même de sa bonne humeur habituelle alors que je lui narrai une semaine sois-disant barbante et monotone. Comme notre mère, il était devenu infirmier. Quant à Martha, son imprégnée, elle avait ouvert un restaurant avec Jared. Elle était aux fourneaux, lui s'occupait de la salle. Néanmoins, tous les deux n'étant pas de bons gestionnaires, Seth et Kim passaient beaucoup de temps à les aider d'un point de vue administratif. Sans leurs compagnons, ils auraient mit la clé sous la porte. En plus de sa vie de travail bien remplie, Seth était devenu père depuis peu. L'entendant bailler à plusieurs reprises alors qu'il s'extasiait de son bonheur, je lui ordonnai d'aller se coucher malgré ses jérémiades. Ce que je fis également alors qu'il était à peine vingt et une heures.

Cette nuit fut mieux. Sans rêves. Sans tracas. Sans cauchemars. Mon horloge biologique et chronométrée ne m'avait cependant pas permise de dormir plus que d'habitude. Alors, j'avais de nouveau chaussé mes baskets, courus plus que d'habitude, et étais rentrée pour prendre une douche avant de m'affaler devant la télévision. Bien que j'appréhendais ma prochaine rencontre avec Mal, puisque ce serait à lui de me questionner, j'avais hâte de le retrouver. Peut-être arriverai-je tout de même à lui soutirer certaines informations. Mais comment?

N'arrivant pas à me concentrer, je pris mon téléphone pour répondre à quelques messages que j'avais négligé. Les sms n'étant pas le moyen le plus courant pour converser, je ne m'attendais pas à recevoir de réponses dans l'immédiat. Tous préféraient les réseaux sociaux. Instagram, Facebook, WhatsApp, ou d'autres qui m'étaient inconnus. J'avais ces choses en aversion. Ne comprenant pas l'intérêt de vouloir étaler sa vie à de parfaits inconnus, je n'avais évidemment rien de tout ça. D'autant plus que je ne comprenais pas non plus l'intérêt de visionner la pseudo vie parfaite de tous ces gens qui ne reflétait en rien la réalité. Pourtant, j'y voyais actuellement un grand intérêt.

Une fois Facebook installé et après avoir pris la peine de me créer une fausse identité, je tapais avidement le prénom Malokeh dans la barre de recherche. Aucun résultat, ce qui ne m'étonna pas vu son aversion pour son prénom qui n'existait d'ailleurs pas. Ce qui m'amena également à me demander s'il avait été honnête sur son identité. Quand à son surnom, il référençait des milliers d'individus... Me souvenant que Seth retrouvait des personnes grâce à la liste de ses amis, je rentrais le nom de Janelle Farmer. Mon cœur fit un bond en voyant sa photo apparaître. Je m'empressais de faire défiler sa liste d'amis qui recensait presqu'un millier de personnes. Je soufflais d'agacement avant de tomber sur Mal qui se nommait ici ... Mal Detoi. Bien qu'il aurait put trouver pire jeu de mot, cela me montra encore une fois qu'il ne se prenait décidément pas au sérieux.

Le frère perdu - Leah ClearwaterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant