Chapitre 5: Cocktail explosif - Partie 2

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Le jus d'orange entre les mains, je me demandais bien pourquoi il ne profitait pas des bières ou des cocktails, d'autant plus que c'était moi qui réglais la note. De plus, les effets de l'alcool nous étaient inconnus, du fait de notre organisme bien trop actif qui éliminait ses molécules en un rien de temps. Il n'avait donc aucun risque à perdre tout jugement ou raisonnement. Arrêtant de me questionner inutilement et mettant ses étranges choix sur le fait qu'il ne devait tout simplement pas aimer ça, je posai son verre devant lui avant de me rasseoir.

- Merci.

Si de mon côté je m'étais questionnée inutilement, lui venait de retrouver le sourire.

- Je ne me suis pas imprégné, me renseigna-t-il étonnement.

- Tu éprouves donc une certaine aversion pour ce phénomène.

- Dois-je prendre ça pour une nouvelle question? demanda-t-il rieur tout en ronronnant.

- Hors de question! C'était une constatation! Et il me reste trois questions à te poser. Mes constats ne sont pas des questions!

Joueur, il fit mine de réfléchir et de lever ses doigts un à un pour compter, arrivant par je ne sais quel moyen au chiffre quatre. Je grognai. Il s'esclaffa.

- Bon très bien, capitula-t-il. Rappelle-toi alors que tu devras te montrer aussi souple que moi quand ce sera mon tour.

Lasse, j'opinai. Ma constatation resta cependant sans réponse.

- J'ai vraiment besoin de savoir certaines choses, lui signifiai-je.

Se reprenant, il activa à nouveau ses sens et plissa légèrement ses yeux. Quant à moi, je ne savais décidément plus quelle question poser en premier. Toutes se bousculaient à présent. Toutes cherchaient avidement une réponse.

- Je viens de passer les dix dernières années de ma vie à chercher l'existence de personnes comme moi, sans jamais flairer la moindre trace. Alors, quand j'ai senti l'odeur de ton ami sur mon lieu de travail, je l'ai suivie et je suis tombée sur Janelle. J'ai bien compris qu'elle ne me reconnaissait pas comme étant une louve et qu'elle n'en n'était pas une. Son odeur était juste celle d'une humaine qui fréquentait de prêt un loup. C'est pour ça que je l'ai suivie sans trop penser aux conséquences.

La piètre Sherlock que j'étais me rappela à quel point la frustration était palpable.

- Mais vous existez réellement, tout comme moi, poursuivis-je. Je vous ai cherché dans quasiment toute l'Amérique et vous m'êtes apparus alors même que j'étais entrain de baisser les bras. Je me demande donc ... Sommes-nous nombreux? Ou ... non attends! Combien de loups connais-tu?

Tout en prenant le temps de méditer, il but une gorgée de son breuvage. Bien consciente que ma question le dérangeait, puisque moi-même je ne souhaitai pas mettre en péril la vie de mes frères, j'attendais sans émettre le moindre signe d'impatience.

- J'en connais une centaine. Tu es la cent vingt-deuxième que je rencontre.

Sa révélation me fit oublier de respirer. Sous son regard pénétrant, je me sentis tanguer, prête à perdre pied. Ils étaient si nombreux. Will était l'alpha d'une meute. Mal était celui d'une autre. Combien de meutes s'étaient-elles alliées? Comment nous percevraient-ils? Serions-nous les petits nouveaux ou de potentiels dangers? Comment réagiraient-ils s'ils apprenaient que nos alliés étaient des vampires, créatures supposées être nos ennemis? Il était clair que notre meute composée de dix-sept loups ne ferait pas le poids contre eux.

- Tu devrais manger quelque chose.

Revenant à la raison, je clignai vivement des yeux et aperçu une lueur d'inquiétude dans son regard.

Le frère perdu - Leah ClearwaterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant