Tout en profitant des sept minutes de marche jusqu'au bar le plus proche, je laissai mon cœur s'emporter face à mes pensées que je tentai de ranger. Bien trop fasciné par les tours de verre et modernes qui nous entouraient ainsi que par les voitures qui passaient, Mal ne fit aucun commentaire sur ma nervosité. Mon pouls était irrégulier, ma démarche était à la fois lente et pressée, et il m'était arrivée d'oublier de respirer. Cependant, je faisais de mon mieux pour garder un visage impassible. Si je comptais lui cacher certaines choses, pourquoi n'en ferait-il pas autant? Mal était d'ailleurs entrain de baver devant une Ford Mustang rutilante garée sur le bas côté, ce qui fit agiter son cœur. Je tentais alors de percevoir s'il agissait de la sorte pour masquer son appréhension également. En vain ...
Alors qu'il tournait autour de cette voiture rouge et sportive, je triai mon existence dans deux tiroirs. Le premier serait fermé à clé et renfermerait les choses auxquelles je ne devrais pas songer ne serais-ce qu'une seconde en sa présence. J'y glissai alors un à un l'existence des gênes que portaient également mes frères, nos sangsues d'alliés, les batailles face aux vampires, les feux de camps ... en bref, tous mes souvenirs qui concernaient la meute. Le second était celui que je laisserai ouvert. J'y classais toutes les informations que je m'autoriserai à lui avouer. Cependant, il était encore bien trop confus. Bien que cela ne m'enchante pas, la louve que j'étais avait besoin de réponses quant à son existence, ce qui impliquait de m'ouvrir sentimentalement à lui, à cet étranger. J'y rangeai également des souvenirs de mes frères que je m'approprierai, comme l'épreuve que Sam avait dû affronter en se croyant fou de pouvoir se transformer en loup. Mais je laissai bien évidemment le vieux Quil qui lui avait expliqué son existence dans le tiroir scellé.
- C'est la voiture que tu admires ou ton reflet dans la vitre? raillai-je.
Comme à son étrange habitude, Mal s'esclaffa. Rire de mes propos cinglants étant peut-être une ruse pour m'amadouer, j'évitai de m'en étonner.
- Peut-être un peu des deux! Je sais que tu l'as remarqué mais je suis plutôt pas mal!
Tout en regardant une dernière fois ce joyau de ferraille, il glissa ses mains dans ses poches avant de me rejoindre sans hâte. Peut-être était-il réellement intéressé par les voitures finalement? Evidemment, cela me rappela le même amour qu'éprouvaient Jacob, Quil et Embry pour ces choses. Seulement ça, rien d'autre. Ça me rassura. Je pourrais donc les mentionner en tant qu'amis ou connaissances, sans même exprimer leur existence lupine.
- Tu ne rétorques rien?
- Je dois déjà te payer un verre. Ne me demande pas de nourrir ton ego en supplément.
Pas vexé pour un sou, Mal était plutôt serein et me suivit sans dire un mot jusqu'au bar. A mon grand soulagement, il était encore trop tôt pour que ce dernier soit bondé, si bien que la table la plus éloignée était encore disponible pour nous laisser converser en toute intimité. Mal s'empara de la carte, me faisant bien comprendre au passage que mes questions attendraient la dégustation de son breuvage. La serveuse ne tarda pas à venir à notre rencontre. Carnet en main, elle rougit dès l'instant où Mal lui adressa un sourire charmeur. Ce mec était un dragueur compulsif. S'en rendait-il au moins compte? Et dire que je m'étais moi-même laissée prendre par son jeu ... Ça m'horripilait au plus haut point.
- Un Daiquiri.
Annoncer ma commande fut comme un électrochoc pour elle. Gênée, et pensant sûrement qu'on s'offrait une virée en amoureux, elle baissa son regard sur son calepin en écrivant le nom de mon cocktail. Nous n'étions pourtant que deux. La commande de deux boissons lui paraissait-elle si compliquée à retenir? Combien de cruches comptait encore ce monde?
- Un coca.
Quatre lettres devant être facile à retenir, Cruchette ne prit même pas la peine de noter sa boisson sur son carnet avant de décamper.
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Le frère perdu - Leah Clearwater
FanfictionDerrière la façade d'un sourire fané, Leah était sortie de l'obscurité qui la rongeait. Agrippée par des masses d'ombres, chaque jour sans lui avait été une épreuve impossible à surmonter ... jusqu'à ce que la lumière, bien que diffuse, ne l'aide à...