Marshall me jeta un regard interrogateur alors que je contemplais ma montre encore une fois. Il devait sans doute penser que j'avais hâte de quitter le travail pour rejoindre Mal. Sans doute espérait-il qu'il soit le candidat idéal pour briser mon cœur de pierre. Mais mon cœur se portait à merveille contrairement à mon cerveau.
Ma routine habituelle du week-end avait été chamboulée par mes pensées. Je n'avais pas pu me concentrer sur mes lectures, ni même sur les séries ou les films que j'appréciais. J'avais épluché nos récits quileutes en les comparant à l'unique légende de toutes ces meutes éparpillées aux quatre coins du continent.
Peu de choses concordaient. Rien ne concordait, en fait, hormis ces hommes devenus capable de muter en loups. Étions-nous finalement liés par la même génétique? L'une de ces légende avait-elle été totalement inventée?
Plus j'avançais dans mes recherches, plus j'avais l'impression de m'éloigner de la vérité. C'était donc tout en m'interrogeant encore et encore que j'avais consulté mon téléphone de nombreuses fois. Mal n'avait pas prit la peine de me contacter. J'avais alors sortis mon carnet de route pour finalement le laisser retomber. A quoi bon continuer de voyager? Je les avais trouvés. Alors qu'allais-je faire de ma vie après avoir trouvé des réponses aux questions qui me maintenaient éveillée depuis tant d'années?
C'est tout en me questionnant encore que je me dirigeais vers le comptoir. J'avais de nouveau fais une petite entorse au règlement en dissimulant mon téléphone dans un tiroir que j'ouvris discrètement afin de ne pas alerter Marshall qui se dépêchait de ranger. L'écran refusant encore de me montrer le moindre signe de vie de Mal, je glissais furieusement mon téléphone dans ma poche.
- Tiens, attrape!
Le chiffon que Marshall me lança prit pour cible l'une des peluche posée sur la table de présentation.
- Je ne pense pas que Teddy Caribou te soit d'une grande aide, mais j'accepte d'être mise sur la touche.
- Très drôle!
La maladresse légendaire de Marshall avait suffit à me mettre de meilleure humeur. D'un sourire moqueur, je m'emparai du chiffon et me dirigeai vers la porte vitrée que j'ouvris pour la nettoyer. A l'extérieur, seuls quelques passants et des employés étaient agglutinés vers l'arrêt de bus. Par précaution, je reniflais les effluves emmenées par le vent. Mal n'était pas dans les parages.
- T'es malade?
- Non.
- Parfait! Je t'emmène boire un verre!
- Ce n'est pas parce que je suis en bonne santé que j'ai envie de sortir.
- Mais tu as été ailleurs toute la journée. Aller, Leah. Ça te fera le plus grand bien. Et promis, je ne te présenterais à personne!
Même si j'avais envie de retourner me terrer chez moi, je savais que mes maigres occupations ne me permettraient pas de ne plus penser. J'espérais alors que cette sortie me fatiguerait suffisamment pour m'aider à sombrer en un rien de temps.
Les yeux de Marshall pétillèrent dès que j'eus accepté sa proposition. C'est donc revigorée par sa bonne humeur contagieuse que je m'activais à nettoyer la vitrine. Encore une fois, je me surpris à penser que ma vie ici me plaisait. Peut-être allais-je rester à Edmonton, finalement?
Je n'avais pas besoin de meubler le silence sur le trajet jusqu'au métro. Le naturel moulin à paroles qu'il était ne m'irrita même pas. Je l'écoutais alors me parler de ses maigres économies qui s'étaient transformées en de nombreuses dettes depuis quelques mois. Sa voiture l'avait lâchée, sa maison avait fait des siennes avec la plomberie, sa fille avait besoin de soins dentaires ... Comment diable faisait-il pour rester de bonne humeur et relativiser? J'avais beau connaître les pensées de mon frère qui était de la même graine, je ne les comprenais pas. Et pourtant, j'avais essayé de trouver des petites choses positives à tout ce qui me tombait sur la tête. Sans résultats. J'aurais aimé pouvoir vivre de cette manière. Peut-être que ça m'aurait permise d'affronter et d'accepter plus facilement mon destin.
VOUS LISEZ
Le frère perdu - Leah Clearwater
FanfictionDerrière la façade d'un sourire fané, Leah était sortie de l'obscurité qui la rongeait. Agrippée par des masses d'ombres, chaque jour sans lui avait été une épreuve impossible à surmonter ... jusqu'à ce que la lumière, bien que diffuse, ne l'aide à...