Akazanoe [Tome 1] : La Fleur

Chapitre VIII - Rêve violent

Cela faisait désormais près de trois heures que Yae et Lucie avaient quitté Kima. Les deux voyageuses n'avaient pas fait de pause, et midi approchait.

« Lucie, pourquoi tu ne montes pas sur Melia ? On pourrait la faire galoper, cela nous ferait gagner beaucoup de temps. »

« Non, la pauvre... si elle devait supporter nos deux poids et galoper en même temps, elle ne tiendrait pas une heure. »

« C'est vrai... Il faudrait que tu aies ta propre monture. »

« Cela serait utile, mais c'est bien trop cher... Mais il existe à Akazanoe une grande plaine, nommée la plaine d'Usso. Les chevaux s'y comptent par dizaines. On m'a appris à apprivoiser un cheval dès que j'étais petite, je devrais me débrouiller. »

« Où se trouve cette plaine ? »

« Nous en sommes proches, je vois d'ici la Grande Falaise... ce qui signifie que la plaine d'Usso ne se trouve qu'à une dizaine de minutes de notre position. » répondit Lucie, d'une manière toujours aussi géographique.

« Ah, au fait ! Tu ne m'as toujours pas expliqué ce qu'était l'éther ! » s'exclama Yae.

« Oh, oui. Tu m'avais demandé ce qu'était une forteresse mentale et donc je n'ai pas fini mon explication... Bien, alors je vais la continuer. L'éther est la source de la magie, et il compose soixante-dix pourcent du corps humain, dont soixante dans le cerveau. Il est donc essentiel à notre survie. Il existe quatre types d'éther : celui de foudre, de terre, de vent, l'éther sombre. Ils ont une puissance très variable, et certains sont bien plus simples à manier que d'autres. La foudre, que j'utilise, est beaucoup plus facile à utiliser que l'éther sombre, qui est sans doute le plus difficile à maîtriser. La contrepartie, c'est que la foudre est un éther faible, tandis que l'éther sombre est très puissant. Je dis qu'il en existe quatre types, mais nous savons qu'il en existe plus, mais personne n'en a jamais fait usage, alors c'est comme s'ils n'existaient pas. On les appelle les éther inconnus.

Notre planète Greost est également composée majoritairement d'éther, et elle en génère constamment. Parfois, cet éther devient instable et cause des catastrophes naturelles, comme des tornades ou des séismes. Lorsque Greost a généré assez d'éther pour en créer un surplus, elle l'évacue dans un procédé naturel assez complexe, que l'on appelle l'Apogée. De l'éther pur sort du sol, devient visible dans l'air, avec des couleurs variables selon le type d'éther. C'est un évènement magnifique, qui n'a lieu qu'une fois tous les deux ans. L'un des meilleurs endroits de toute la planète pour observer ce phénomène est la Grande Falaise, que l'on voit là-bas. »

Yae ne répondit rien, réfléchissant encore à tout ce que sa partenaire venait de dire. Il était évident qu'elle avait abrégé son explication, sans donner de détails sur le processus de l'Apogée, les types d'éther inconnus...

« Je vais voir l'Apogée à chaque fois qu'elle arrive, peu importe où je me trouve, que je sois en mission ou non. Si tu veux, je peux te raconter tout ça... » poursuivit Lucie.

« Je t'écoute avec plaisir. » répondit Yae.

La discussion continua donc, Lucie racontant les nombreuses fois où elle avait observé l'Apogée, dans la jungle de Lanf, sur la Grande Falaise d'Akazanoe, depuis le dernier étage d'un grand bâtiment à Nekoulo... Tout cela intéressait grandement Yae, qui était toujours aussi passionnée par les récits de sa partenaire.

Avant qu'elles ne s'en rendent compte, les deux femmes venaient d'arriver dans la plaine d'Usso. Lucie interrompit donc la discussion, et observa l'immense terrain devant elle. Effectivement, les chevaux s'y comptaient par dizaines. Parmi les plus proches, elle vit une jument qui lui tapa dans l'œil. C'était une jument à robe alezan, avec une crinière brune. Lucie demanda à Yae d'attendre, tandis qu'elle s'approchait de la jument tout doucement, en faisant de grands pas lents. Puis, arrivée à environ trois mètres de l'animal, elle tendit doucement sa main vers ce dernier, qui resta immobile quelques secondes, avant de se diriger vers la main de Lucie et d'y poser délicatement son menton, avant de s'avancer encore jusqu'à ce que son auge se retrouve sur la main de la jeune femme.