Entre Nous

28 Cache cache et vérité

Le mois de janvier est passé à toute vitesse et ma relation avec Jack est toujours tenue au secret. Je n'arrive toujours pas à trouver les mots pour l'expliquer à nos amies. A chaque fois que je souhaitais en parler, je n'arrivais pas à ouvrir la bouche. J'ai l'impression d'être là pire des personnes face à elles alors qu'elles sont auprès de moi dans chaque moment de ma vie. A l'époque ou Isabelle me martyrisait au lycée c'est elles qui m'ont soutenu et protégé. Pour le divorce de mes parents et leur mépris à mon encontre, j'ai pu compter sur les filles. Lorsque j'ai perdu ma virginité, Claire et Lisa ont été les premières à le savoir.  Quand j'ai eu mon diplôme,on était ensemble pour faire la fête ! Et surtout elles m'ont soutenu après ma rupture. Il n'y a pas eu une étape où elles n'ont pas été présentes dans ma vie depuis notre rencontre. Alors j'ai l'impression de les trahir en ne disant rien pour Jack et moi. Plus le temps passe et pire c'est. Qui plus est, Jack devient insistant pour que l'on avance dans notre relation. Pour beaucoup de femmes, voir son homme faire des projets de saint Valentin ultra romantique c'est le bonheur mais pour ma part je flippe complètement. Selon moi, cela va bien trop vite sachant que l'on vit déjà en colocation. Je suis H24 avec lui et j'ai peur que tout s'écroule du jour au lendemain. Le passé n'est déjà pas glorieux avec bien trop de zones d'ombres auquel Jack refuse toujours de répondre. J'ai la sensation que ma tête va éclater sous le poids de la pression que je lui fais enduré.

Quelle galère !!!

Claire a eu des soupçons après la soirée en boîte de nuit. Il faut dire que j'ai eu un mal fou à expliquer pourquoi elle m'avait vu sortir de la chambre de mon coloc. Heureusement grâce aux souvenirs qu'elle a laissé dans mon sac a main, la culpabilité a pris le dessus sur ses doutes et elle a lâchée l'affaire. Lisa ne se rappelle même pas être sortie du taxi ni même qu'elle se soit endormie sur le perron de mon voisin.

Chaque mensonge qui sort de ma bouche m'enfonce un peu plus. Je me dis qu'une semaine ou six ne changeront plus rien à l'heure actuelle. A croire que j'aime me prélasser dans mon calvaire.

D'habitude pour la fête des amoureux, je prévois une soirée filles avec alcools, glaces sur fond de  films d'horreur  pour oublier notre célibat. Mais cette année, impossible ! Jack voulait un dîner romantique au restaurant et les filles avaient prévu de squatter chez nous. Je n'avais pas la force de mentir à qui que ce soit ou de leur faire de la peine alors j'ai annulé pour tout le monde. J'ai demandé à mon patron de bosser. Me voilà donc a servir des plats à des couples dont la pudeur a foutu le camp ! Sérieusement, ils pourraient en garder pour le reste de la soirée ! J'attends comme une idiote devant une table pendant qu'une femme cherche les amidales de son compagnon à grand renfort de salive et bruits de déglutition. J'en aurais presque des hauts de cœur. Dire que j'ai lâché tout mes plans pour faire ça !

C'est la loose totale !

Me sentant au bord de la rupture après m'être raclé la gorge plusieurs fois pour faire part de ma présence, je claque les menus sur la table.

- Je pense qu'il est grand temps de commander et d'éviter de baver sur la banquette ! Cela fait fuir les autres clients ! M'énervais-je.

Le duo buccal se détache dans un sursaut mais continue de se tripoter sous mes yeux ! Trop c'est trop, je les quitte sans leur expliquer le menu du jour et part rejoindre la cuisine voir si des commandes sont prêtes. Ma prière est exaucée après que Michel le cuistot se soit moqué de moi et de mon tempérament soit disant enflammé. Il faut croire que mon manque de patience n'est pas passé inaperçu au yeux du personnel et des clients. Au moins dans mon malheur pour cette soirée pourrie, je n'ai pas eu les remontrances de mon patron absent pour emmener sa femme au théâtre après un dîner dans un restaurant plus chic que le notre. J'espère juste que mes collègues tiendrons leurs langues !