Belleza ~ Tome 1

Chapitre 2

Des yeux verts me fixent depuis le couloir de l'immeuble. Rafa, alias Rafael Gomez. Cet idiot de frère me sourit dans l'embrasure de la porte.

- Salut ma puce.

Je reste hébétée. Nous nous attendions à ce que mon frère ne tarde pas à arriver dans les jours à venir. Mais pas aujourd'hui. Pas non plus à quatre heures du matin.

- Mais bordel Rafa, tu sais quelle heure il est ! je réagis en étant faussement en colère.

Mon stress redescendu, je referme la porte et débloque le loquet de sécurité pour enfin le laisser passer.

Il me prend dans ses bras dès lors que ses pieds passent l'entrée en laissant ses affaires sur le perron. Mes bras autour de son cou, je prends deux minutes pour respirer son odeur qui m'a tant manqué.
Lorsque l'étreinte se défait, j'ai les larmes aux yeux. Oubliée l'heure à laquelle il fait irruption, je suis heureuse de le voir.

- Deux-trois affaires à régler a Sacramento pour le boulot, niña, je me suis dit que je pouvais rester la fin de semaine avec vous en attendant la remise de diplômes dans quatre jours, me demande t-il.

- Même si on refusait, on n'aurait pas le choix, interrompt Riley derrière moi enfin levée du canapé. Tu as toujours accepté de financer cet appartement pour que Clara se concentre sur ses études. Tu es ici à la maison, alors fais comme chez toi, lui dit-elle en souriant puis en lui faisant la bise.

Rafa récupère donc ses valises et part s'installer dans la chambre d'ami qui est devenu la sienne par la force des choses. Je remarque qu'il a laissé pousser ses cheveux sur le dessus du crâne et rasé les côtés depuis la dernière fois qu'on s'est vu, ce qui lui donne un style qui lui va plutôt bien.

Riley me fait sortir de mes pensées en s'approchant de mon oreille.

- Ton frère est toujours aussi sexy mon dieu, me murmure t-elle. Tu ne serais pas ma meilleure amie, ça ferait longtemps que...

- S'il te plaît, je la coupe en prenant un air dégouté, je ne veux pas savoir ce que tu ferais avec Rafa. Garde tes scénarios pour toi je t'en supplie.

Nous rigolons ensemble avant que je regagne ma chambre en laissant la porte ouverte.

Quelques instants plus tard, j'entends le plancher craquer devant la pièce et une tête brune qui passe le palier. Rafa, de son mètre quatre vingt trois, se met à courir et se jette sur le lit en échappant de peu de m'écraser. Un fou rire nous emporte tous les deux. Puis il s'allonge sur le dos en prenant place à coté de moi.

Plusieurs minutes s'écoulent sans qu'aucun de nous ne dise un mot. Mes pensées dérivent vers mes souvenirs avec maman et Rafa. Un père qui est parti dès ma naissance, ne supportant plus la charge familiale avec seulement un enfant de plus. Mais une mère incroyablement présente pour nous et qui a su créer une dynamique familiale essentielle au lien qui existe entre mon frère et moi.

Bien que sa mort nous ait bouleversés tous les deux ainsi que nos vies, notre relation s'est renforcée et je dois le reste de ma vie à Rafa.
Sa décision de m'envoyer en internat en Angleterre après le drame m'a, à l'époque, secouée. J'ai pensé que, comme notre père, il m'abandonnait, alors que je n'avais toujours pas eu le temps de réaliser ce qu'il s'était passé avec notre mère. Mais il n'a cessé de continuer de me contacter, de venir me voir dès qu'il le pouvait et m'a accompagné dans mon processus de deuil malgré plus de huit mille kilomètres qui nous a séparé.

Une larme coule le long de ma tempe en repensant à cette étape qui été longue et compliquée. Personne n'est préparé face à la perte d'un proche. Et maman est partie beaucoup trop tôt, de façon brutale et inattendue.