Je remonte le col de mon par-dessus sur mes joues, et secoue mon Zippo récalcitrant. Je ne sais pas s'il manque de gaz ou si je suis simplement trop saoul pour actionner la roulette. À ce rythme, moi et ma clope allons geler sur place.
—VAN ! Tu t'fous de ma gueule ? J'te dis de le surveiller, et tu le laisse pisser sur la bagnole de mon père ?
Andro sort de la guest house en jurant. Les détecteurs de mouvement se déclenchent sur son passage et le jardin s'illumine. Brice est effectivement en train de se soulager sur la merco du padre.
Je prends le temps de tirer sur ma cigarette avant de répondre :
—Je lui ai dit de se trouver un putain de sapin.
—Ohé ! C'EST un putain de sapin ! beugle l'intéressé, à deux doigts de s'écraser contre la portière avec le pantalon en bas des jambes.
Je hausse les épaules. Il pleut de toute façon, je ne vois pas pourquoi Andro me les casse.
—Arf, j'trouve pas mes clefs !
Il se redresse et tente de remettre de l'ordre dans sa chemise de commercial déboutonnée jusqu'au nombril. Sa veste de costume est froissée comme un mouchoir de poche et ses cheveux d'un noir de jais, soigneusement gominés quelques heures auparavant, sont hérissés d'épis douteux.
Brice ne vaut guère mieux avec sa cravate nouée autour de sa tignasse blonde. Comme il nous rejoint en titubant, je remarque qu'il a perdu une chaussure. Son arrivée provoque un nouvel éclat de lumière directement sur nos faces.
Je grimace et me détourne. Andro me sourit en faisant tourner ses clefs autour de son doigt. La clarté blanche des projecteurs de jardin ne parvient pas à ternir son teint de latin lover alors qu'elle nous donne, à Brice et moi, l'air de deux cadavres ambulants.
—T'es sûr que t'es en état de conduire ? m'enquiers-je, passant une main sur mes traits défaits.
—J'ai vomis trois fois, j'suis frais comme un gardon ! Tu veux ma place sinon ?
J'ai la très nette impression qu'il s'efforce de contrôler son élocution pour me convaincre qu'il est apte à prendre le volant.
—J'ai fumé plus que du cigare avec ton boss...
—Sérieux ? C'est dément ! Je veux bosser ici toute ma vie !
—Ton foie tiendra jamais la cadence, regarde Brice, ils nous l'ont couché.
Notre troisième luron s'est assis à nos pieds, la tête entre les mains. Y'a pas à dire, Andro et ses collègues VRP savent organiser un lancement produit.
—Faut qu'on le ramène à sa copine.
Il n'a pas tort, Brice est une épave.
—Elle va nous tuer.
—C'est toi qu'elle va tuer, Vanou. Moi, j'ai jamais promis qu'on ne rentrerait pas tard.
Je soupire et l'aide à relever Brice. Nous le faisons monter à l'arrière de la berline tant bien que mal. Andro se glisse sur le siège conducteur en sifflotant, et se recoiffe dans le rétroviseur central en attendant que je me décide.
Je me sens vaseux et moite, le froid me tord le bide. Passer la nuit dans la voiture est au-dessus de mes forces. À contre cœur, je lui fais signe de prendre le volant.
Un crissement de pneus me réveille en sursaut. Durant quelques secondes, je me demande où je suis. C'est alors qu'une bosse sur la route me fait décoller de mon siège. Je me cogne la tête au plafond et m'écrase contre la portière passager tout de suite après.
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Qui es-tu ?
ParanormalLorsque Maëlle s'éveille en pleine forêt un beau matin d'hiver, elle n'a que de vagues souvenirs de sa soirée de la veille, et pas le début d'une explication quant à la façon dont elle s'est retrouvée là. A-t-elle été enlevée ? Droguée ? Pire ? Livr...