Chapitre 9

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Menya

L'heure m'indique 03:11.

Je n'arrive pas à dormir. Peut-être est-ce à cause de la nourriture ? J'ai trop mangé, certes, mais pas que. Je ne suis pas habitué à dormir ici. Enfin... Logiquement, hein. Je ne vis pas dans un ferry non plus.

J'en ai marre de regarder mon téléphone. Je fais subir un calvaire à Netflix, carrément. Quoi que, il n'y a rien d'autre à faire.

Alors je me lève pour sortir, histoire de prendre l'air.

Tournant à droite pour monter les deux escaliers, je monte sur la table pour m'allonger sur le ventre. Heureusement qu'il n'y a pas de vent, mais l'air est vraiment froid.

En y repensant à toutes les dernières heures, je me rends compte que j'en ai trop dit. Pourquoi ai-je autant parlé ? Sérieux, quoi. Il pouvait me dire de la fermer ou de ne plus raconter des choses sur moi. Mais non. Il s'est contenté de me fixer sans cligner ne serait-ce qu'une fois des yeux. C'est gentil de sa part de ne pas m'interrompre pour que je puisse finir ce que j'ai à dire, mais j'ai trop parlé !

Je pleurniche en plongeant ma tête dans la paume de mes mains avant de lever les pieds en l'air. S'il me dit que nous sommes proches, à présent, je l'égorge. Nous ne sommes pas proches. Disons que deux inconnus se sont raconté leurs propres anecdotes, c'est tout. Ouais. Disons ça comme ça.

J'entre-croise mes avant-bras et fixe l'horizon. J'ai envie de rester. Mais si je reste, est-ce que ça ferait de moi une Femme qui fuit la vie qu'elle mène à Lisbonne ? Une Femme qui fuit son propre monde ? Je n'en sais rien. D'un côté, je veux parce que je me sens libre, ici. Mais de l'autre, je ne veux pas lui donner de l'espoir. À l'autre riche, là.

Je sais que si je reste, il ne va pas me lâcher une seconde. Je fronce les sourcils. Même à la maison, il ne me lâchait pas. Dans les deux cas, il ne va pas me lâcher, en fait. Génial.

Je pose mon front contre mon avant-bras et reste quelques minutes ainsi. Mais si je retourne à la main, je ne vais rien foutre à part réviser ou à essayer d'ignorer tout ce qui me met mal à l'aise. Pourquoi je me casse autant la tête ? Que je reste ou non, dans tous les cas, je vais y retourner ! Je ne vais pas rester ici à vie !

Je soupire en redressant la tête. Je pense que je vais y retourner. Quoi que, ce n'est pas encore décidé.

— Tu n'as pas sommeil ? entends-je derrière-moi.

Je ne peux même pas profiter de ce moment toute seule ?

— Si. Beaucoup. Mais je n'arrive pas à y plonger, dis-je tout bas.

Je le vois venir à côté de moi pour s'adosser sur la table en me bloquant la vue de gauche.

Il m'énerve.

Il s'est changé, à ce que je vois. Il porte un bas de pyjama large avec un t-shirt qui épouse son torse.

Ouais. Il m'énerve.

Il se retourne et baisse mon pull qui était monté un peu plus sur mon dos. En mode lui il a n'a pas froid.

— C'est toi qui devrait avoir froid, dis-je en plissant les yeux.

Il me sourit.

— Ça va. Je n'ai pas aussi froid que ça, dit-il en regardant la mer.

— Menteur, dis-je.

— Tu t'inquiètes pour moi ? demande-t-il en me regardant.

— Jamais, dis-je.

Je l'entends lâcher un rire en détournant les yeux. Pendant un long moment, personne ne parle. Le silence s'est installé entre nous. Je dois le remercier pour ne pas avoir à parler. Parce que j'en avais vraiment besoin de ce silence.

Fuyons Noël, pitié !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant