Chapitre 16

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Liam

Cela fait environ deux heures que nous attendons dans la salle d'attente alors qu'elle a été prise en charge en urgence par ma faute.

Le cœur battant la chamade dans ma poitrine, tout est flou autour de moi alors que mes mains sont couvertes de sang. Je tremble de tout mon être, essayant de me calmer, mais je n'y arrive pas. Les images de cet instant tragique défilent sans cesse dans ma tête.

La dispute avec Menya aurait dû être une simple querelle, mais je me suis laissé emporter par la colère. Son regard apeuré alors que je parlais au téléphone reste gravé dans ma mémoire. Son expression faciale, son attitude, comme si je l'avais frappé brutalement dans le dos. Et... c'était le cas.

Quatre ans que je ne lui ai rien dit. Quatre ans que je lui cachais tout. Mon travail. Mes fréquentations. Ma vie. Chaque jour qui passe, je me sens de plus en plus écrasé par le poids de mes secrets, et ma conscience me tourmente sans relâche. Comment en suis-je arrivé là ? Comment ai-je pu cacher de telles choses à ma propre sœur, ma confidente d'enfance, celle avec qui j'ai partagé tant de moments complices ?

Au début, c'était censé être une protection. Je ne voulais pas l'inquiéter, la faire souffrir ou la mettre en danger. Mon travail m'a entraîné dans des cercles sombres, fréquentant des personnes aux intentions douteuses, et je voulais la garder à l'abri de tout cela. Mais plus le temps passait, plus les mensonges s'empilaient, et plus il devenait difficile de briser ce mur que j'ai transformé entre nous.

Chaque fois que j'étais sur le point de lui dire la vérité, la peur me paralysait. Peur de sa réaction, peur de la décevoir, peur de perdre cette relation si spéciale que nous avons toujours eue. Je me suis enfoncé dans un piège vicieux, trop effrayé pour affronter les conséquences de mes actes, préférant me cacher derrière le masque du grand frère parfait.

Pourtant, plus je continue à mentir, plus je me sens coupable et hypocrite. Je l'observe vivre sa vie, être honnête avec moi, alors que je lui cache une partie essentielle de la mienne. Chaque moment passé avec elle est une torture déchirante, car je sais qu'elle mérite mieux que cela, qu'elle mérite de connaître la vérité, même si elle risque de me rejeter.

La vérité est que je me sens égoïste et faible. J'aurais dû être assez courageux pour lui dire la vérité depuis le début, assumer mes actions, même si cela signifiait qu'elle me regardait différemment.

Et maintenant... C'est trop tard. Je sais déjà que je l'ai perdu. Elle ne me regarderait plus jamais comme avant. Tout était sur le point de redevenir normal. Putain de merde ! Elle allait me pardonner ! Même si... tôt ou tard, elle l'aurait su.

Je sens une main sur mon épaule alors que je forme un poing avec mes mains pour poser mon front contre celui-ci. Puis je secoue la tête, lui disant que j'ai perdu. Et surtout. Je l'ai perdu. Elle.

— Tu n'as rien perdu en étant honnête avec toi-même, Liam. Menya te pardonnera. Tu verras. Mais ça prendra du temps alors c'est à toi d'être patient, me dit Aleixo d'un ton calme.

Submergé par un mélange d'émotions, j'acquiesce, reconnaissant la justesse de ses paroles, mais en même temps, la peur de l'inconnu m'envahit. Je regarde mes mains tremblantes et instantanément, mes yeux deviennent humides.

— J'ai son sang sur les mains, putain, dis-je tout bas avant de prendre une profonde inspiration.

— Tu devrais te laver les mains et te rincer le visage, mec. Ça te rafraichira, ajoute Luis par la suite alors qu'il est installé en face de moi.

Je secoue la tête et me redresse afin de m'installer confortablement sur la chaise.

— Je ne bougerais pas tant que le docteur ne sort pas de la salle d'opération, dis-je, inspirant difficilement alors que j'ai le cœur lourd, n'arrivant pas à respirer correctement.

Fuyons Noël, pitié !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant