Chapitre 3

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Menya

Il ne me reste plus qu'une heure pour prendre l'avion.

Je n'ai ni de valise, ni de sac. Juste mes papiers dans les poches et moi. Je n'ai même pas de charge sur moi que j'ai été obligé de demander à une fille de me prêter le sien. Et maintenant, elle n'a deux yeux que pour moi. Si elle pense que je vais voler son chargeur, elle a tort. J'ai autre chose en tête. Comme monter dans cet avion sans qu'on vienne me chercher.

J'ai payé deux fois plus que d'habitude pour le taxi. Je savais que Liam ou ses amis allaient me suivre, donc j'ai demandé au chauffeur de faire quelques tours histoire d'être inaperçus. J'en suis quasi sûr qu'ils étaient déjà venus dans cet aéroport pour me chercher. Et c'est pour ça que je fais que de regarder autour de moi.

À vrai dire, face à mon comportement, c'est un peu normal que la fille ait peur que je lui vole son chargeur. Ça se voit à des milliers de mètres de loin que j'essaie de fuir quelque chose ou quelqu'un. Mais elle n'a pas à s'inquiéter.

J'ouvre mon téléphone même si je dois le laisser se charger. Quatre-vingt-quatorze pour cent. Purée ! J'y suis presque ! Mais lorsque je vois les messages, mon sourire repart avant même de venir.


Messages :


[Ils sont à la Fnac'ook. Ne t'inquiète pas. Je les
ai à l'œil.]

[Pourquoi tu m'aides, au juste ? On ne se connaît pas.]

[Oh que si. Je te connais très bien, Menya.]

[J'ignore d'où tu me connais, mais évite de m'envoyer 
des messages putain !]

[C'est plus fort que moi. Je ne peux pas.]


Je soupire. Même lui est plus fidèle à moi que Liam alors que je ne le connais même pas. Je le remercie intérieurement et retire le chargeur pour le tendre à la fille.

— Não hesite em voltar para isso ! (N'hésite pas à revenir le chercher !) me dit-elle en souriant grandement.

Même elle, elle est hypocrite, putain.

— Obrigado mesmo assim, (Merci quand même), dis-je lui rendant son sourire.

Mon accent n'est pas net, mais l'essentiel, c'est de communiquer. Donc je m'en fou un peu. Je me lève et me dirige vers les toilettes. Plus que quarante minutes et je m'envole à Ottawa. Purée. Je ne sais même pas si je suis excitée ou heureuse ou triste ou je ne sais plus quoi. Et s'ils sont là ? Et s'ils sont arrivés et sont aussi aux alentours ?

J'ai peur pour je ne sais quelle raison. Je me dirige vers les toilettes pour faire mes besoins et alors que je suis sur le point de ressortir, je me fais brusquement pousser en arrière et une main se plaque sur mes lèvres. J'ai voulu pousser cette personne mais mes mains étaient coincées dans sa main libre et pour m'emprisonner dans sa prise, il a mis son poid sur moi.

Alors que je me débat, je remarque par sa main que c'est un homme. Il a des bagues en métal et appuie de plus en plus fort sur mes lèvres, ce qui me pousse à pencher la tête en arrière. Je sens son souffle contre mon oreille et je frissonne.

J'ai peur. Je tremble. Et s'il veut me tuer là, ici, maintenant ? Pourquoi personne n'est dans cette pièce ? Ils n'ont pas envie de chier, ou quoi ? Même la chance n'est pas de mon côté.

Fuyons Noël, pitié !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant