Chapitre 21

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Menya

Le froid mordant de l'hiver s'infiltre à travers la vitre, me faisant frissonner légèrement. Mes doigts pressent contre le rebord de la fenêtre, absorbant la froideur du verre. Je fixe intensément les flocons qui tourbillonnent dans l'air, dansant avec une grâce éphémère avant de se poser doucement sur le sol enneigé.

Assise là, les jambes suspendues dans le vide, je sens le vertige de l'incertitude. Mon regard se perd dans la blancheur infinie qui recouvre le paysage. Est-ce que je me perdrais aussi facilement dans ce manteau immaculé de neige ? Les pensées tourbillonnent dans ma tête, tout comme les flocons à l'extérieur.

Je balance mon pied dans le vide, oscillant entre la réalité et l'illusion. Le risque de tomber est réel, palpable, mais il est comme un écho lointain dans ma conscience. Un mélange d'excitation et de peur m'envahit, un frisson électrique parcourant ma colonne vertébrale à chaque mouvement.

Les toits des maisons en contrebas disparaissent sous une couche blanche, créant un paysage onirique. L'air est empreint d'une quiétude presque irréelle, comme si le monde entier retenait son souffle. Et pourtant, au plus profond de cette tranquillité, je sens une pulsion, une envie irrépressible de me laisser emporter par la magie du moment.

Je suis là, à la fenêtre, témoin silencieux de la danse hivernale qui se déroule à l'extérieur. Le contraste entre la chaleur intérieure et la froideur extérieure crée un équilibre fragile, une frontière entre deux mondes. Et moi, suspendu entre les deux, je sens le pouvoir enivrant de la neige, la tentation de me perdre dans sa pureté éphémère.

Je remarque soudain que je ne suis pas seule à contempler ce spectacle hivernal. Des passants emmitouflés dans leurs manteaux se dirigent lentement dans la rue enneigée, et certains lèvent la tête pour fixer mon image à la fenêtre.

Leurs regards curieux ou intrigués se croisent avec le mien, créant un lien visuel éphémère entre deux mondes. Je me demande ce qu'ils pensent en me voyant là, perchée au-dessus du monde enneigé. Peut-être découvriront-ils une étrange poésie dans cette scène, ou peut-être ressentiront-ils le même appel de l'hiver qui m'attire à la fenêtre.

Un léger sourire se dessine sur mon visage alors que je deviens conscient de cette connexion fugace avec les passants. Peut-être, dans cet instant partagé, ils ressentent aussi la magie tranquille de la neige, le charme d'un moment suspendu entre réalité et rêverie. Les regards échangés deviennent des fragments de compréhension partagée, encapsulant la beauté éphémère de cet instant dans lequel nous sommes tous immergés.

— Tu fous quoi, là ?!, entends-je soudainement derrière-moi.

Luis me tire brusquement à l'intérieur et me maintient pour que je ne puisse pas tomber

— À quoi tu pensais ?!, crie-t-il, l'expression sévère sur son visage trahit son irritation. Tu veux te tuer ou quoi ?!

Je le regarde les sourcils froncés.

— Non, bien sûr que non, bafouillé-je, ne comprenant pas pourquoi il s'énerve autant. Je pensais juste... comme ça, ajouté-je par évident en haussant les épaules.

Il passe ses mains sur son visage.

— Tu pouvais être tombée, putain !, continue-t-il alors que je le regarde, toujours étonnée.

— Euh Luis, du calme. Je ne pensais pas à sauter, tu sais, essayé-je de le calmer.

Il lâche une bouffée d'air, manifestement frustré tout en me regardant quand la porte s'ouvre précipitamment. Liam entre dans la pièce, son expression de la surprise à la tristesse en un éclair.

Fuyons Noël, pitié !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant