Chapitre 17

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Menya

— Tu es sûr de ce que tu veux ?, me demande-t-elle une énième fois alors que je hoche la tête.

Me réveillant plus tôt que prévu, j'essaye de me redresser, mais sans effort. J'ai mal partout, chaque mouvement est une douleur lancinante, mais je dois y aller. Loin de tout ça. Loin de la douleur qui m'étreint. Loin des souvenirs douloureux qui hantent chaque coin de cette ville. Ottawa est un endroit où je peux guérir, qui sait ?

« ...Je suis désolé pour tout ! Menya ! S'il-te-plaît !... »

J'entends à plusieurs reprises la voix de Liam dans ma tête. J'ai l'impression de toujours ressentir sa main dans la sienne.

Lorsque je l'avais regardé dans les yeux, je voulais lui dire de ne plus m'attendre. De ne plus avoir de l'espoir car j'allais enfin partir là-haut, aux côtés d'Aya. Alors mes yeux ont parlé à ma place, et je lui avais offert mon plus beau sourire, un sourire teinté de tristesse et d'adieu, avant de plonger dans une obscurité que je pensais éternelle. Je ne voulais plus revenir dans cet enfer.

Mais malheureusement, ça n'a pas été le cas. J'ai été arrachée à la tranquillité que je croyais avoir enfin trouvée. Jusqu'à quand vais-je devoir tenir ? Pourquoi ne me laissent-ils pas m'en aller ? Ils m'ont sauvé. Enfin... c'est ce qu'ils pensent avoir fait. Mais ça a été le contraire. Ils ne m'ont pas sauvé. Ils m'ont juste réveillé de ma sieste pour que je puisse continuer à vivre la vie que je mène, une vie marquée par des souffrances invisibles et des cicatrices profondes. Ou alors... pour que je puisse continuer à exister, un être brisé et égaré dans un monde qui ne fait plus sens. J'ai été ramenée dans ce monde où la douleur et la confusion régnaient en maîtres.

J'ai lutté. J'ai crié. Mais personne ne semblait comprendre à quel point je voulais m'en aller. Alors je voulais le faire en silence, les yeux dans les yeux de Liam pour qu'il comprenne que je n'en peux plus. Je suis épuisé. Mais le sait-il ? Je n'arrive plus à me tenir debout. En est-il conscient ?

Je me trouve coincée entre deux réalités, l'une où je n'existais plus, où la douleur et la tristesse étaient supposées s'évanouir, et l'autre où je suis contrainte de vivre malgré moi. Chaque minute qui passe, chaque seconde qui passe de cette existence me rappelle à quel point la vie peut-être cruelle.

Les machines qui maintiennent mon corps sont sur le point de s'arrêter grâce à cette infirmière qui semble être déterminée à m'aider. J'entendais les médecins me dire que je dois continuer, que je dois me battre, mais personne ne semble comprendre que, parfois, la lutte peut devenir insupportable. Sauf elle. Cette infirmière. Elle semble me comprendre. Enfin... c'est que j'espère.

— Alors je ferais tout pour t'aider, me dit-elle avant de venir me caresser doucement la joue.

La perspective de retrouver ma vie à Ottawa est une lueur d'espoir dans l'obscurité de ma situation. Peut-être que là-bas, je pourrais trouver un moyen de faire la paix avec mon passé ? De guérir les blessures invisibles qui me rongent ? Ou peut-être que ce sera simplement une autre étape de mon existence, une existence où je continue à exister, à respirer, sans jamais vraiment vivre.

Les deux jours où Aleixo m'avait emmené loin d'ici en me disant plusieurs fois d'oublier tout le reste ne serait-ce que quelques jours me font sourire. C'était à ce moment-là que je pensais vivre. Mais même lui m'a prouvé le contraire en me rejetant comme un déchet de sa voiture.

Je pensais enfin respirer chez Luis, mais ça n'a pas été le cas. Je n'arrivais pas à dormir sans Liam. C'était impossible. Alors secrètement, je prenais l'un de ses t-shirts pour dormir avec en respirant son odeur, faisant comme s'il était à mes côtés.

Fuyons Noël, pitié !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant