Chapitre 22

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Menya

J'enfile rapidement un manteau par-dessus mon ensemble de jogging gris. Pour le retour, je n'ai pas vraiment voulu me casser la tête. Le froid mordant d'Ottawa me fait frissonner même si le chauffage de la suite est allumé. Une sensation familière que je n'ai pas ressentie depuis quatre longues années. Qui aurait pu croire que je ne resterais plus qu'un jour ? J'aurai voulu rester longtemps, mais... pour quoi faire ? Nous avons déjà fait toutes sortes d'activités que je voulais faire hier.

Avant de quitter la chambre, je décide d'ajouter un bonnet noir à ma tenue pour conjurer le froid. En me regardant dans le miroir, je constate que cela ajoute une touche finale à mon style. Mes yeux reflètent une complexité d'émotions, de nostalgie et d'une pointe d'appréhension alors que mes pensées se tournent vers le départ imminent.

Lisbonne m'attend, et pour la première fois après quatre longues années, elle m'attend une bonne fois pour toute. Même cette pensée me pousse à stresser sans que je ne sache pourquoi. D'un côté, je veux y aller, mais de l'autre, je veux rester ici. Soupirant, je tourne les yeux vers la valise que m'avait offerte Aleixo. Je ne veux pas y aller. Est-ce que j'en suis sûr ? Non.

J'aime ma ville. J'aime mon pays. Mais pourquoi j'ai l'impression que je n'ai plus ma place, ici ? Quand j'ai quitté Ottawa il y a quatre ans pour m'installer à Lisbonne, c'était avec l'intention de revenir souvent, selon Liam bien évidemment. Et ça a été tout le contraire. Il m'a carrément enfermé, là-bas.

Me retournant, je croise les bras en posant mes fesses contre la commode. Je n'ai pas l'intention de sortir maintenant. Je suis à deux doigts de verser des larmes.

J'entends la porte de la chambre s'ouvrir doucement, mais je ne tourne pas la tête pour voir qui c'est.

— Tu es prête, entends-je Liam alors qu'il s'avance vers moi.

Je lève les yeux vers lui en pinçant mes lèvres alors qu'il me regarde avec une compréhension profonde. Je hoche la tête sans répondre en regardant ailleurs, une expression de préoccupation sur mon visage. Un doute palpable flottant dans l'air.

Il attrape doucement ma tête et la pose sur mon torse alors qu'il enroule ses mains autour de moi. Le contact chaleureux de son étreinte me procure un sentiment de sécurité, comme si, à cet instant, le monde extérieur ne pouvait plus nous atteindre. Et sans que je ne puisse me retenir, des perles silencieuses coulent.

— On peut toujours rester, tu sais, ajoute-t-il alors que ses battements réguliers de son cœur résonnent à mes oreilles telle une douce mélodie apaisante qui accompagne le tumulte de mes pensées.

Je secoue lentement la tête négativement sans répondre alors que nous restons ainsi, dans le silence réconfortant de cette étreinte fraternelle. Puis je renifle en redressant la tête.

— Si on reste un jour de plus, je ne vais pas pouvoir partir, dis-je doucement en essayant mes joues. Ce qu'on a fait hier m'a largement suffit.

Il prend mon visage entre ses mains, me regarde avec un sourire et je n'arrive pas à m'empêcher de rire.

— Arrête de me regarder comme ça, dis-je avant qu'il ne dépose un baiser sur ma tête, plus précisément, sur mon bonnet.

— Tu parles d'hier, mais tu étais à deux doigts de casser la figure dans le canal Rideau, plaisante-t-il et je roule des yeux.

— Et voilà qu'il va m'en parler pendant des jours, ajouté-je et il rit. Il nous reste combien de temps ?

Il se retourne et fronce les sourcils.

— Bah pour prendre l'avion. Vous n'avez pas acheter les billets ?, demandé-je et il sourit.

Fuyons Noël, pitié !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant