Evil Eater - T1 - Alexeï - Quand l'amour vainc la mort

Chapitre 2

Death -

(Tout ce qui est en gras dans le texte est en russe pour ce chapitre et tous les autres.)

La patience n'est pas mon fort. Loin de là. Alors attendre assit sur ma bécane, dans le froid et la nuit depuis une heure, que les Irlandais n'arrivent avec notre cargaison d'armes me gonfle prodigieusement. Bunny, ce gros con, sifflote, à l'aise, vautré sur son guidon à côté de moi, une clope aux lèvres. Je sors mon casque audio d'une sacoche de selle et laisse Slipknot me couper de tout. Et surtout des bruits agaçant de mon meilleur ami. Si les rouquins ne se pointent pas dans l'heure qui suit, je plis bagage sans chercher à comprendre et on se casse. Ils verrons avec le Près par la suite pour s'expliquer. Et Evil n'est pas connu pour sa compréhension. Mute, Gravity et Snow n'arrêtent pas de se plaindre, chacun à leur manière. Si je peux ignorer les deux derniers grâce à ma musique, ce n'est pas le cas de Mute. Muet, comme son nom l'indique, il me casse les couilles avec sa langue des signes. Et je ne peux pas fermer les yeux, je suis presque sûr de m'endormir. Je fini par lui signer d'aller se faire mettre mais il me demande si je viens avec lui. Il m'arrache un sourire. Quel con celui aussi. Tous là pour me les briser cette bande d'abrutis. Je grogne et regarde l'heure toutes les cinq minutes. C'est moi ou l'aiguille tourne à l'envers putain ? Alors que je suis sur le point de donner le signal de départ, plusieurs moteurs se fond entendre. Trois SUV noirs se garent et une dizaine de types roux, baraqués et balafrés en sortent. Il était temps bordel ! Je fais glisser mon casque sur mon cou et lève le cul de ma moto pour m'approcher d'eux. Mes frères passent en mode alerte, main prête à chopper un flingue pour buter quelqu'un. Le meneur de la troupe à la bourre, Ian, me sert la main.

– Désolé du retard. On a eu l'ATF aux fesses au débarquement des colis.

– Sont partout ces vautours. Grogne Bunny en me rejoignant.

Bunny fait sursauter l'Irlandais. Mon meilleur pote fait cet effet à tout le monde. Il mesure deux mètres trois, pèse une centaine de kilos de muscles et est couvert de tatouages et de cicatrices. Il a la peau dorée des métis et les yeux bleu glacés des slaves. Ajoutons à ça un sourire tordu et flippant. Pour les autres en tout cas, pas pour moi. Je suis plus effrayant encore que lui. Mais ce que peu savent, c'est que Bunny est super sympa avec tout le monde. Un nounours tout doux le type. Ian, tendu comme un string de brebis, fait cependant signe à ses hommes de transférer le matos dans notre véhicule. Mute sort un sac de sport noir et le donne à Ian. Ce dernier l'ouvre, compte les liasses de billets qu'il contient et sourit. Il passe ensuite le sac à l'un de ses gars et hoche la tête.

– Le compte est bon. Ravi de faire affaire avec vous.

– Ouai. Me contenté-je de lâcher parce que je sais qu'il l'est.

– À une prochaine.

Je ne prend pas la peine de répondre et retourne vers ma Harley sans bruit. On attend que les Irlandais quittent les lieux avant de partir. On roule tranquillement jusqu'à Dallas. On se rend dans le Chapitre de la ville pour y déposer la moitié de la cargaison. On y récupère au passage un sac de fric et on file vers Austin et son Chapitre Mère. Les Evil Eater sont des texans d'origine. Créé par des vétérans du Vietnam complètement déglingués, il accueille encore aujourd'hui beaucoup d'anciens militaires. Ou, comme moi et Bunny, des gamins sauvé de pédophiles ou de réseaux de prostitution infantile. Mute était flic avant qu'il ne manque de mourir la gorge tranchée par un collègue corrompu par un cartel. Devenu muet à la suite de la série d'opérations visant à lui sauver la vie, il a quitté la police, dégoûté par le résultat du tribunal. La corruption est partout. L'argent fait battre les cœurs et saigner les gens, c'est connu. Mute a tout balancé, sa famille, sa carrière, ses amis, et a intégré le Club dans la foulée. Ce dernier est spécial. Comme beaucoup d'autres, on est craint et respecté. Mais, surtout, on a le plus haut taux de rescapés du trafic sexuel de mineurs. On doit même être les seuls à en avoir dans nos rangs. Evil et Stone, notre VP, passent leur temps libre à traquer ces malades mentaux et à sauver des gosses. Certains sont renvoyés chez eux. D'autres finissent dans le Club dans tout le pays. Comme moi, Bunny, Comet et un tas de frères dans d'autres Chapitres. Tout ça part d'Evil. D'une envie de vengeance. Ou plutôt, de sa femme et de son fils. Cette connasse, une brebis déçut que le Près refuse de la prendre pour régulière, a préférée vendre son fils, Tom, qui avait dix piges à l'époque. Evil a pété un câble. Il lui a fallut plusieurs mois pour récupérer son gosse chez un taré de juge tripoteur de gosses. Brisé. Et presque mort, tant physiquement que mentalement. Tom s'est suicidé quand il avait treize ans. Une balle dans le crâne avec une des armes de son père. Evil a offert le même traitement à sa génitrice. Depuis, il chasse les monstres qui s'en prennent aux enfants. Une sorte de tentative de rédemption pour ne pas avoir sût protéger et aider son fils.