Émilie -
Death. Ça fait des jours que je ne l'ai pas vu. Des jours qu'on ne se parle que par SMS et appels. Il me manque. Il me manque beaucoup trop. Mais il est sur quelque chose de spécial pour son Club. Il ne m'en a pas donné les détails, il n'a pas le droit, apparemment, et il ne veut pas que je sois dégoûtée de ce qu'il peut faire. Je sais que les événements se sont emballés. Que plusieurs de ses frères ont été blessés. Dans toute la ville, un vent de panique se met doucement à souffler. Les informations sont saturées de reportage sur la « gangrène » de la cité. De cette guerre qui se profilait et qui vient d'éclater au yeux de tous. Tant qu'ils ne les voyaient pas, les gens pouvaient ignorer ces groupes illégaux qui se morcellent Austin. Mais maintenant, tout le monde les connaît, tous savent qui ils sont. L'anonymat offert par l'indifférence de la population est désormais effacé. Les gens s'inquiètent, sont plus prudent. Ils désertent certains commerces. Une montée de discrimination a fait son apparition. Je le voit même chez moi. Mes deux videurs Écossais le subissent avec certains clients juste parce qu'ils sont roux. Ils sont confondu avec les Irlandais. On m'a même demandé pourquoi je en les virais pas. Le culot quoi ! On ne peut pas blâmer tous les roux de la ville juste parce qu'un petit groupe venu d'un pays majoritairement de cette couleur de cheveux subit des problèmes ayant entraîné des morts. Austin part en sucette. Et tout le pays est maintenant au courant. Mes parents, inquiets, aimerait que je ferme quelques temps et que je retourne chez eux. Ça serait sympa mais je ne peux pas. Si je ferme, je ne fais pas de chiffre d'affaire. Et mes employés n'ont pas de travail. Du coup, je suis à moitié surprise de les voir à la Toundra avec les parents de Lyocha. Ils sont fichtrement mal-à-l'aise dans cette atmosphère loin de leurs bases. Ce ne sont pas des gens qui sortent en boîte. Ils vont au restaurant, parfois dans un bar le soir avec des amis commun. Jamais dans des établissements pour « jeunes ». Et pourtant, les voilà. Je roule les rejoindre et les serrer contre moi. Les jumeaux délaissent une minute le bar pour venir les saluer à leur tour avant de reprendre leur poste.
– Vous voulez quelque chose à boire ? Demandé-je.
– Volontiers. Un truc léger si c'est possible. Fait maman.
– Je veux bien une bière. Dis papa.
– Deux vodkas. Annonce Ivan, le père d'Alexeï
– Les jumeaux ? Lancé-je. Deux vodkas, une bière et un cocktail sans alcool.
– OK. Et toi Princesse ? Demande Adrien.
– Comme tu veux, sans alcool aussi.
– Ça marche ! Fait Aurélien.
En deux temps trois mouvements, notre commande est prête. Papa s'empare du plateau et me regarde, interrogateur.
– Et si on allait dans mon bureau ? On y sera plus au calme. Lancé-je.
– Pourquoi pas.
Je les dirige donc vers mon antre en slalomant entre les fêtards après avoir annoncé aux jumeaux où ils pourraient me trouver au besoin. Une fois installés sur les canapés, je demande à ma famille pourquoi elle est ici.
– Ça fait un moment qu'on ne t'a pas vu. Et comme tu ne veux pas venir vivre avec nous, ce que je comprend totalement, on a décidé de venir te voir à la place. Explique papa.
– Oui, désolée, j'ai été pas mal occupée ces derniers jours.
Par Lyocha, par la Toundra, par le bordel dans ma vie. Si seulement je pouvais en parler ... A la place, je souris doucement. Je laisse mes quatre parents me raconter les derniers potins du quartier où ils vivent et de leurs amis, et je les régale avec mes propres anecdotes. Je suis heureuse de les voir. Ils me manquaient aussi. Je les écoute me dire qu'un tel a eu un petit enfant, qu'un autre s'est séparé de numéro six, que le voisin d'en face est rentré dans le lampadaire à une heure du matin, plus bourré qu'un fût de bière. On rigole, on s'amuse. Des petites choses du commun qui apaisent et permettent d'oublier le chaos qui se déchaîne peu à peu autour de nous. Isolés dans une petite bulle de normalité, on sursaute tous quand on toque à la porte. Mo passe doucement la tête par l'embrasure.
VOUS LISEZ
Evil Eater - T1 - Alexeï - Quand l'amour vainc la mort
RomansaLes âmes sœurs, vous y croyez ? Cette histoire qui dit que l'on a, quelque part, un morceau de notre âme qui vit dans la personne qui nous est destinée et que l'on possède un morceau d'elle ? Moi, j'y crois fermement. Car, quand j'avais six ans, je...