Evil Eater - T1 - Alexeï - Quand l'amour vainc la mort

Chapitre 15

Émilie -

Je suis dans les nuages. Depuis cette discussion avec Alexeï, je plane presque. Je souris tout le temps. Ça fait rire les jumeaux. Et le trio. Bon, quoi ? J'ai le droit non ? D'être heureuse. Il est vivant. L'amour de ma vie est vivant. Depuis, j'ai vraiment l'impression de respirer mieux, comme si un poids immense avait été retiré de ma poitrine. Pourtant, je sais que je ne dois pas trop m'exciter quand même. Ça ne fait que quelques jours que je l'ai redécouvert, quelques heures que je lui ai rouvert mon âme. On doit réapprendre à s'aimer, se comprendre, être ensemble.

– Arrête. Lance Aurélien en passant près de moi pour servir une femme seule à une table.

– Hein ? Fis-je.

– Tu sifflotes toute seule. Et tu restes plantée là à fixer le vide. C'est effrayant. Ricane son reflet.

– Vous êtes méchant. Marmonné-je en bougeant mon fauteuil. Je m'en vais.

– Où ?

– Pff. Loin de vous deux.

– Étant donné qu'on vit littéralement sous le même toit, ça risque d'être compliqué.

Je rigole doucement et leur fais un doigt. Qu'ils sont cons. À la place, je me dirige vers une table qui semble attendre une serveuse. Les pauvres sont un peu débordées ce soir. Allez savoir pourquoi, je crois qu'on subit un énorme pic d'affluence. Il y a foule. Rouler parmi les clients est un peu compliqué. Je pense avoir écrasé quelques pieds dans la manœuvre. Ils n'avaient qu'à se pousser un poil pour me laisser passer.J'arrive jusqu'à la table et sors un calepin d'une poche de mon pantalon et le pose sur mes genoux. Autant travailler plutôt que de rêver.

– Bonsoir, je peux vous aidez ?Demandé-je.

Le groupe me regarde une seconde puis une des femmes hoche la tête.

– On voudrait passer commande.

– Bien sûr. Désolée pour l'attente, il y a un peu de monde ce soir.

– Pas de soucis. Me répond t-elle avec un sourire.

– Je vous écoute.

Crayon en main, je prend note de la commande rapidement. Je coince ensuite mon carnet sous une cuisse et effectue un parfait demi-tour. Puis je retourne vers le bar bondé. Cette fois ci, personne ne me gène pour passer. Je peux donc traverser la salle sans problème. Je file ma demande à Adrien et attend qu'il la prépare. Il pose un plateau sur le zinc et Tobias le prend pour le caler sur mes jambes. On me propose ensuite de l'aide pour l'amener mais je refuse. J'ai déjà fait ça, je gère. Il suffit de rouler doucement et de faire gaffe. J'y arrive sans accro. Je suis rejoins par Lili-ana qui m'aide à distribuer les boissons aux clients. Elle me souffle un merci, les traits un peu tirés, puis repart, appelée par une autre table. Je passe les deux heures suivantes à effectuer des aller-retours entre les tables et le bar pour assister mes serveuses. Les jumeaux tournent comme des avions de leur côté. Mo a eu la gentillesse de passer caissier. Il encaisse sans arrêt depuis qu'il a prit ce poste, permettant aux barmans de se concentrer sur la préparation des boissons.

– Y'a un monde de dingue. Me lance Aurélien.

– Oui, c'est à n'y rien comprendre. Répondis-je.

– Du jamais vu.

– Je vais penser à engager quelqu'un de plus en salle le soir si ça continu.

– Pas une mauvaise idée. Intervient Adrien. L'autre salle est en sueur aussi. Deux paires de bras, ça ne serait pas du luxe.