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[Jude Law]

Les quinze derniers jours se sont déroulés de la plus agréable des manières. Entre mes réveils presque quotidiens dans les bras d'Elia et mes journées productives et stimulantes à travailler sur de nouveaux projets, que ce soit dans la bibliothèque de la ville, dans un café du centre ou parfois sur le comptoir du bar pendant que Nate bosse, je n'ai pas vu le temps. Entre mes appels avec Noé, mes soirées au Wall avec les frangins ou dans le lit d'Elia pour regarder des films, je ne me suis pas ennuyée. Entre mes nuits solitaires et mes nuits érotiques avec Honey, je me sens particulièrement heureuse.

Elia roule sur le dos, le sourire aux lèvres. Il a toujours cet air rêveur et badin quand vient de me regarder jouir. Nous nous sommes pris au jeu et nous n'avons toujours pas fait l'amour de la plus conventionnelle des façons. C'est tellement inspirant. Je n'ai jamais exploré mon plaisir et celui d'autrui aussi amplement. J'adore ça !

— Jude, je te préviens, je vais te séquestrer tout le week-end jusqu'à lundi matin.

— Tu veux dire, toutes les nuits de ce week-end ?

— Non, toutes les minutes de cette fin de semaine. Tu n'auras besoin de rien d'autre que de mon foulard.

— Tu veux dire, le mien ? Tu ne souhaites pas me voir enfiler une nouvelle culotte ?

— Pour t'attacher. Je les connais déjà toutes, même celles que tu ignores encore.

— Tu m'as acheté de la lingerie ?

— Oh, Jude, ne panique pas.

— C'est typiquement le genre de phrase qui fait flipper !

Elia rit en me chatouillant et je me débats, mais il continue. Je sais ce qu'il veut, que j'abdique façon Delaunay.

— C'est bon, tu as gagné. Elia, je suis à toi.

Elia lève la tête comme s'il regardait le ciel, son sourire s'élargit et sa fossette me rend folle.

— Tu viens de prier une putain de déesse viking !

— Je suis devenu le plus croyant des païens.

— Je ne peux pas rester ici toutes les minutes comme tu le souhaites, parce que je dois commencer ma nouvelle plaquette de pilules dimanche. Je ne l'ai pas sur moi.

— Tu prends la pilule ?

Il s'exclame si vivement que je me redresse. En quoi est-ce étonnant ?

— Oui, depuis plusieurs années.

— Euh, je l'ignorais, reprend-il d'une voix prudente. Parce que tu en avais besoin... Enfin, je veux dire... Laisse tomber.

Il a rarement été aussi mal à l'aise. Je m'installe sur lui à califourchon pour le rassurer.

— Elia, pose ta question.

— Avec Luc, est-ce que vous aviez cessé de vous protéger ?

— Nous avons toujours utilisé des préservatifs. Et heureusement, puisqu'il me trompait !

— As-tu eu d'autres relations sérieuses ?

— Non.

— Alors, pourquoi prends-tu la pilule ?

— J'ai commencé avant même d'avoir des rapports sexuels, pour des raisons dermato. J'ai continué ensuite parce que ça me rassurait. Et toi, Elia ?

— Je ne prends pas la pilule.

— Me voilà ravie de savoir que tu n'es pas sous ecstasy, mais je parlais d'une relation sérieuse.

June Wild, L'effet d'un caillouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant