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[Tellement faite pour toi]

— Jude, réveille-toi, les gars arrivent dans dix minutes.

— Tu me touches le genou, marmonné-je.

— J'avais envie de te toucher ailleurs, mais j'ai retenu la leçon à Berlin.

Son regard taquin parcourt mon corps et je prends conscience que je suis allongée sur le dos, une jambe écartée et repliée, exposant ainsi ma cuisse ouverte. L'un de mes bras est fiché derrière ma tête, tandis que l'autre repose avec nonchalance sur mon pubis.

— Tu as chaud la nuit, me fait-il remarquer en ramassant la couette roulée en boule à mes pieds.

— Uniquement, quand je dors, j'ai froid en cherchant le sommeil.

— J'ai fait des gaufres, tu vie...

— Où est-ce que tu avais envie de me toucher ?

— J'étais attiré par ta lune, Cooper.

Je sais qu'il parle de mon tatouage qui est bien visible dans ma posture actuelle, mais je tourne sur le ventre et me cambre un peu pour lui présenter mes fesses. Il éclate de rire et c'était le but. Je m'apprête à me lever pour m'habiller, mais les garçons sonnent déjà à la porte.

— Dépêche-toi, Cooper ! lance Nate en faisant claquer sa paume sur mon cul.

Je pousse un petit cri de stupeur et étrangement de... Ouais, de plaisir. Mais surtout, je m'affale sur le matelas, bousculée par la puissance de sa tape. Je n'ai pas la capacité de réagir et de l'insulter comme je le devrais, tellement les sensations qu'il a éveillées en moi me saisissent et m'agitent. Je me retourne rapidement pour le regarder. J'ai l'impression d'être une biche prise entre les feux d'une voiture, immobile et sans savoir comment agir. Ses iris verts semblent percevoir mon trouble, je fronce les sourcils à plusieurs reprises, ma bouche s'ouvre et se ferme sans trouver quoi dire.

— Cooper, fait-il avec douceur, je suis sincèrement désolé, est-ce que je t'ai fait mal ?

— Non, dis-je trop rapidement et d'une voix plus rauque.

— Oh ! fait-il en écarquillant les yeux.

— Ouais.

— Tu savais que...

Les garçons frappent à présent directement sur la porte.

— Tu devrais leur ouvrir.

— On en parle après.

Je hoche la tête en attendant qu'il sorte et referme le rideau attentivement.

Colin et Elia entrent en saluant leur frère. Ils viennent pour le brunch, mais aussi pour célébrer un petit Noël entre eux. Ils ont passé la semaine à Bayonne avec leur famille et sont rentrés vendredi. Derrière le rideau, j'entends mon colocataire les harceler pour savoir si sa caisse va bien et s'ils ont bien fait le plein d'essence. Hier soir, Colin m'a appelé pour m'inviter où plutôt me demander de ne pas m'enfuir. Nate m'a soutenu qu'ils pouvaient se donner rendez-vous au Wall, mais j'ai accepté. Ça semblait si important pour Colin. Même si nous avons pu entamer la discussion avec Elia, la veille sur la place Sathonay, j'angoisse un peu à l'idée de partager un repas avec lui. Je m'éclipse rapidement dans la salle de bain, pour me rafraîchir.

— Canon en cinq minutes top chrono, siffle Colin quand je les rejoins.

— Je suis à peu près certaine d'avoir des marques de draps sur la joue et le bras. Je ne suis pas canon, je suis toute froissée et ça ne m'a pas pris cinq minutes, mais huit heures.

June Wild, L'effet d'un caillouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant