43

97 12 2
                                    

[Bonne nuit, bébé]

Loris me dépose sur lit planqué derrière un mur qui forme une petite niche. Tout en se déshabillant, il m'explique qu'il n'y a aucun locataire pour le moment, car cet espace est réservé pour les musiciens étrangers qui viennent jouer au Redwood. À genoux sur le matelas, j'ôte ma robe rapidement. Il s'allonge sur moi pour embrasser mes seins nus et quand il les mordille, j'oublie tout. Ma culotte roule sur mes hanches, dévale mes cuisses et s'échappe de mes chevilles. Il remonte sur moi beaucoup trop lentement. Je me dépêche de descendre son boxer pour enfin pouvoir saisir son sexe entre mes mains.

— Tu es pressée, grogne-t-il.

J'ai envie de le contredire, de lui dire qu'il m'a allumée pendant des heures derrière son comptoir, que nous avons dansé au moins une de plus au Black et qu'il m'a fait frémir et gémir sur ses doigts il y a dix minutes. Je me suis montrée patiente et je refuse qu'il prenne son temps. Mais je n'ai pas besoin de râler. Son pouce efface les plis qui rapprochent mes sourcils, puis il éclate de rire.

— Hum, je sais déjà que t'es plus que prête. Et moi aussi, dit-il en enfilant un préservatif.

J'ai couché avec quelques mecs depuis que je suis arrivée à Berlin, mais que c'est agréable de rencontrer une personne qui parvient à nous saisir sans même nous connaître, à qui on désire faire confiance. Loris est un séducteur, il est hautement indécent et incroyablement sensuel, mais il s'assure toujours d'être sur la même longueur d'onde que moi, de s'ajuster à mes envies et à mes besoins. Si bien que, lorsqu'il s'enfonce en moi comme je l'exige, je n'ai qu'une obsession, lui offrir mon corps. Le fait que je sache qu'il est un ami de Nate, qu'il lui a accordé sa confiance des années auparavant, n'y est sans doute pas pour rien.

Le soulagement que j'éprouve quand il prend possession de moi, au rythme qu'il désire, semble le rendre fou. Des froissements de tissus nous parviennent de l'autre côté du paravent, puis un bruit mat me laisse penser que le couple voisin vient de s'avachir sur le canapé. Loris se prélasse entre mes cuisses, bloquant ma jambe sur sa hanche. Je l'attire contre moi pour l'embrasser. Nos langues, qui se rencontrent, nous propulsent dans une extase étourdissante. Ses mains vagabondent sur mon corps, l'explorant selon ses souhaits, jusqu'à ce que l'une d'elles flirte entre mes fesses. Il traîne dans les parages depuis de longues secondes, comme s'il avait choisi. Le respect dont il fait preuve à mon égard, sans pourtant brider ses envies, m'excite au plus haut point. Quand son doigt m'effleure comme une demande, je pousse contre lui et il s'insinue en moi.

— Oh, putain, Jude ! gronde-t-il.

— Continue, supplié-je en un souffle.

— Capote, capote ! s'affole Nate depuis le salon.

Loris poursuit ses va-et-vient entre mes cuisses et enfonce sa langue dans ma bouche. Le mental a toute sa place dans le sexe, ce n'est pas toujours purement physique, et le seul fait de me sentir ainsi possédée par Loris parviendrait à me faire jouir.

— Merde, je le sens, je pourrais te prendre par là aussi.

— Oh, oui ! lâche une voix masculine au loin.

— Tu pourrais, Loris.

— Je veux ton cul, me répond-il avec malice.

— Reviens, ne bouge pas, murmure Nate.

— D'abord, tu continues...

Loris maintient le rythme, plongeant ses yeux dans les miens, m'encourageant à finir ma phrase malgré mon souffle saccadé.

— Parce que... j'y suis presque.

Il me mord la lèvre. J'entends un grognement et des gémissements de l'autre côté du mur. Il persévère jusqu'à me voler un deuxième orgasme. Je marmonne des paroles inaudibles et je refoule un juron quand je mets à penser à des divinités nordiques. Bordel, d'où sort ce mec ? Qu'il prenne ce qu'il souhaite de moi, tant qu'il parvient à me faire jouir encore.

June Wild, L'effet d'un caillouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant