Culpabilité

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Brad arriva au poste et resta quelques minutes dans la voiture, enveloppé de ce sentiment qui le rongeait à lui couper le souffle. Il s'apprêtait à poser un acte dont il se sentait incapable de faire il y a encore quelques minutes. Le bruit des sirènes le fit revenir à un semblant de réalité car son esprit était encore ailleurs. Il entra au poste, demanda à voir l'agent de police qui avait arrêté Sheyla. 10 minutes plus tard, le policier se présenta à lui et l'invita formellement à entrer dans son bureau. 

_ Je retire ma plainte. Lâcha Brad  d'une voix étrangement calme, alors que l'agent s'apprêtait à s'assoir.

Cette phrase stoppa l'élan de l'homme qui regarda le jeune patron avec les yeux écarquillés, frappé par la stupeur. Le grand Brad Harris venait de retirer sa plainte en si peu de temps.

_ Je... Je... Je vous demande pardon? S'enquit-il en tentant de se tenir en équilibre sur sa chaise puisqu'il n'avait pu s'asseoir.

_ Je retire ma plainte contre Sheyla Brown. Répéta-t-il avant de rajouter qu'il n'était finalement pas sûr qu'elle soit coupable du vol.

_ Nous allons devoir enquêter dans ce cas Monsieur Harris.

_ Ce n'est pas la peine, je vous assure, j'ai dû l'égarer chez moi ou au bureau. C'est certain. Je suis un peu ailleurs ces temps-ci.

_ Bien si vous le dites. Elle sera libre dans quelques minutes, elle doit remplir quelques papiers avant.

_ Merci Monsieur l'agent. Termina Brad avant de s'en aller.

Le temps qu'elle remplisse la paperasse, ce n'est que des longues minutes après que Brad la vit sortir du poste. Elle paraissait perdue, son état en disait long sur son séjour en prison. Son apparence était négligée et elle manquait de toute évidence de vigueur physique. Brad fut heurté et sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine. Il ne pouvait pas croire que cette femme qui se tenait face à lui était LA Sheyla Brown qu'il connaissait. Lorsqu'elle croisa son regard, le sentiment de colère qu'elle ressentait lui monta des envies de meurtre mais elle savait qu'elle en était incapable, donc elle ravala sa rage et l'ignora en marchant droit.

_ Sheyla... Attends s'il te plaît. La retint-il en attrapant sa main.

_ Je ne te le dirai qu'une fois... LÂCHES-MOI BRAD HARRIS. Dit la femme en retirant vigoureusement son bras.

Il ignora ces mots et prit à nouveau son bras avant de la traîner jusqu'à sa voiture où il lui intima d'entrée.

_ Monte dans la voiture.

_ J'espère sincèrement que c'est une plaisanterie. Répliqua la jeune femme en esquissant un sourire nerveux.

_ Je ne me répéterai pas. Pour une fois, tu ne peux pas faire ce que je dis? Monte... C'est la dernière fois que je te le demande. Ordonna le jeune homme en forçant Sheyla.

Sheyla tenta tant bien que mal de se débattre pour se défaire de l'emprise de son patron et elle réussit finalement à se dégager. Elle eut un mouvement de recul et le regarda un long moment dans les yeux, ce qui déstabilisa le jeune homme. Mais avant qu'il ne puisse lui dire quoi que ce soit, elle le gifla les larmes perlant déjà sur ses longs cils d'un noir intense . Elle se reprit immédiatement et essuya ses larmes pour éviter qu'il ne voie sa fragilité.

_ Comment oses-tu m'obliger encore après ce que tu m'as fait?

_ Ne me forces à te menacer de nouveau. Tu dois juste monter et...

Sans en entendre davantage, elle se tourna pour s'en aller mais l'homme passa un coup de fil qui attira l'attention de Sheyla.

_ Oui allo monsieur le directeur!

_ Monsieur Harris? Que me vaut cet appel tardif?

_ Oh... Euh, je suis désolé... Je voulais juste parler de Tyler votre chef cuisinier.

_ Tyler? Pourquoi?

En entendant le prénom de son amie, Sheyla s'interrompit et fit volte-face et dit.

_ Non attends... C'est bon... Je vais monter.

D'un sourire suffisant, Brad clôtura sa discussion avec le directeur de The Gold en lui disant qu'il voulait juste prendre des nouvelles de son cuisinier et raccrocha, puis il s'avança doucement vers la jeune femme qui lui foudroyait du regard.

_ On y va. Dit-il calmement en lui indiquant sa voiture.

Sheyla monta  sans faire d'histoire. Mais au bout de quelques minutes, lorsqu'elle remarqua que la direction que prenait Brad n'était pas celle de la maison de son ami, elle l'interrogea avec exaspération.

_ On va où là? Ce n'est pas la bonne direction.

_ Tu peux te taire? Je déteste qu'on me parle quand je conduis. Riposta t-il en gardant son regard rivé sur la route.

_ Brad, tu m'emmènes où? Répéta-t-elle avec crainte.

_ Chez moi.

_ QUOI?!? Je refuses d'aller chez toi, laisse-moi descendre! Protesta-t-elle immédiatement en forçant la poignée qui était bloquée.

_ Du calme. Je ne vais pas te manger Sheyla.

_ Je veux rentrer chez...

_ Tyler? ... Je sais. Mais pas maintenant. L'interrompit-il froidement.

Une trentaine de minutes plus tard, ils arrivèrent chez lui. Elle avait le cœur noué à l'idée d'être sur le territoire de son pire ennemi mais en même temps, un petit sentiment de curiosité venait se mêler à sa peur et à sa colère. Elle cherchait à connaître les raisons qui l'avaient poussé à l'emmener chez lui. Ils descendirent de la voiture, cependant la jeune femme était à la traîne derrière Brad car elle appréhendait mal cette situation.

_ Tu sais, si t'as pas envie de rester tu peux toujours t'en aller mais ça m'étonnerais qu'il y ait un taxi ou un transport dans le coin à cette heure-ci. Intervint Brad en souriant.

_ C'est bon. J'arrive. S'empressa-t-elle de dire avant d'avancer plus rapidement.

En entrant dans la maison de son bourreau, elle était stupéfaite par la beauté de celle-ci. Par son volume, sa décoration, sa modernité... Tout semblait parfait dans cette maison. Elle ne cessait de l'admirer avec des étoiles plein les yeux.

...

10 ans plus tard.

_ Sheyla! Tu étais dans la maison de ce snob???

_ Ce n'était pas voulu. J'ai été forcée comme toujours. Tu ne m'écoutes pas?

_ Bon très bien. Mais ne me dis pas que vous deux...

_ Quoi? Nous deux...

_ Que vous avez passé la nuit ensemble. S'enquit Bailey.

_ Tu délires complètement là. Il commence à se faire tard et les enfants vont bientôt finir les cours. Ça fait des heures que nous sommes assises là.

_ J'ai une idée! Pourquoi ne dînons pas ensemble ce soir?

_ Très bien. Faisons ça.

Les deux amies s'en allèrent récupérer leurs enfants à l'école au beau milieu de l'après-midi, sous un ciel dégagé et un soleil agréable.

Lock Tome 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant