Chapitre 8 - Détour mortel

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! TRIGGER WARNING ! Ce chapitre contient des scènes choquantes et un langage violent.

10H00. 

PEARL

Nous étions dans la voiture depuis quelques minutes, James conduisait et moi je lui indiquai la route à suivre. 

- On va à New York, n'est-ce pas ? 

Sans lui répondre, j'acquiesçai d'un signe de tête. 

- Qu'est-ce que tu espères trouver là-bas ? 

- Je ne sais pas...des indices, des réponses. J'ai beaucoup réfléchi cette nuit et, je me suis dit que le fait d'être là-bas pourrait peut-être booster un peu ma mémoire. 

Je ne sais pas si j'ai vraiment envie de me souvenir de ce qui c'est passé, je suppose que mon cerveau a effacé cette nuit-là en signe d'auto-défense. Quand j'y pense, tout ça n'a aucun sens. J'étais une étudiante brillante, et je venais d'obtenir mon diplôme. Tout se passait très bien. Pourtant, ma mère a toujours été très secrète sur son passé. Je n'ai jamais connu mon père, elle m'a toujours dit que ce n'était pas plus mal que leur route se soit séparée. Selon elle, c'était un homme mauvais et irrécupérable. Pourtant, j'ai toujours eu la sensation qu'il était près de moi. Et plus j'y pense, plus je me dis que cette histoire à quelque chose à voir avec lui. Mais, et cette fameuse Max, et cette organisation ? Est-ce que ça aussi c'est lié ? J'ai beau y réfléchir, je ne vois pas comment. Je ne la connaissais pas, et nous ne vivions même pas dans la même ville. 

- James, parle-moi de Max. 

Il se racla la gorge, surpris par ma question sortie de nulle part. 

- Euh...D'accord. On a connu Max au lycée avec les gars. Cette nana, c'était quelque chose...Elle était incroyablement jolie, et très drôle. Nate a rapidement essayé de l'approcher, il était fou amoureux d'elle, tu sais. Mais Max avait un côté sombre, et c'est lui qui l'a découvert. Un jour, il l'a accompagné à une soirée. Elle connaissait énormément de monde, et tout le monde la connaissait. Elle avait de mauvaises fréquentations, et il l'a surpris en train de se piquer dans une salle de bain. Par la suite, tout s'est enchaîné très vite. Elle était sur une pente constante, un jour tout allait bien et celui d'après elle aurait pu se foutre en l'air. Ça l'a brisé, Nate. Il avait perdu sa mère peu de temps avant, et il voyait son père sombré. Puis, sa copine...Il a développé le syndrome du sauveur à force.  

- J'ai beaucoup de mal à le voir comme ça, personnellement. 

- Crois-moi Pearl, il est loin d'être comme tu le crois. C'est qu'une carapace, et honnêtement, j'ai l'impression que toi aussi, tu en as une. 

- Je n'ai aucune envie qu'on parle de moi, là tout de suite. 

- Et pourtant...Je crois à ton histoire, je n'en doute pas. Mais perdre tes émotions...je pense que tu exagères la chose. J'ai vu la douleur dans tes yeux quand on t'a récupéré dans le bunker, j'ai lu dans tes yeux la souffrance quand tu as vu Nate tombé devant toi. Et ce matin, j'ai vu ton regard quand il a décidé de t'ignorer. Ne me fais pas croire que tu es insensible à tout ce qui t'entoure. Je pense que t'essayes surtout de t'en convaincre toi-même. Tu sais ce qu'on dit Pearl, les yeux sont les fenêtres de l'âme. 

- Ce genre de phrase toute faite me donne envie de vomir, laisse mes yeux en dehors de ça. 

- Je ne cherche pas à te blesser, tu sais. C'est juste que toi et Nate vous vous ressemblez beaucoup. Vous avez beau dire que vous ne ressentez pas grand-chose, on pourrait vous entendre crier de l'autre côté du continent tellement vous êtes cassé. 

Je m'apprêtai à protester pour défendre mon point de vue mais, il n'avait pas complétement tort. Les mois que j'ai passés à l'hôpital ont étés les plus vides de mon existence. Je ne sentais rien, je ne ressentais rien. Les jours défilaient et se ressemblaient tous cruellement. Je n'avais plus goût à rien, je ne pouvais même plus me lever la journée tellement je me sentais vide. La nuit était ma seule échappatoire, je sortais dans le but de me provoquer ne serait-ce qu'un tout petit frisson. Mais il n'y avait rien. Puis, cette nuit-là quand j'ai rencontré la bande, j'avais enfin l'excuse que je cherchais pour me redonner l'envie de me battre. Il fallait que je me concentre sur ma mère, Nate n'était qu'un pion pour parvenir à mes fins. Juste un pion. 

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