Chapitre 14 - Passé

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! TRIGGER WARNING ! Ce chapitre contient des scènes choquantes et un langage violent.

3H00.

PEARL

- Papa ?

Je n'en revenais pas. Il était là, juste devant moi. J'ai passé plus de vingt ans à imaginer à quoi il pouvait ressembler, et j'avais envie de lui poser tout un tas de questions. Pourtant aucun mot n'arrivait à sortir. Ces yeux étaient d'un vert émeraude extraordinaire, tandis que ceux de maman étaient bleus. La combinaison des deux m'avait donné des yeux bleus tachés de vert.

- Tu étais là ce soir-là, n'est-ce pas ?

- Oui, j'étais là. Écoute, je ne peux pas rester ici. Je ne peux pas tout t'expliquer ce soir, il ne fait pas bon vivre dans les rues de Philadelphie la nuit tombée. Vous feriez mieux de rentrer tous les deux. Pearl, je te promets de te recontacter très vite. Je voulais simplement te voir quelques minutes. Tu m'as tellement manqué.

- Suis-moi, souffla Nate en me tirant par le bras.

- Non, laisse-moi encore une minute.

Le temps que je me retourne, il n'était plus là. Il avait manqué à ma vie durant tant d'années, et il venait de m'échapper. Je n'étais pas sûr d'avoir mémorisé chaque trait de son visage, et cette pensée me rendait triste. Mais il connaissait la vérité, il savait pour cette nuit. Il savait que maman avait été enlevée.

- Pourquoi tu es venu ici ? Combien de fois il faut que je vous le répète, je n'ai pas besoin d'un gardien, lâchais-je énervée.

- Je comprends que tu sois sous le choc mais-

- Ne dis pas un mot de plus, s'il te plaît.

Il mit ses mains dans ses poches, sans trop savoir quoi faire.

- Est-ce que tu veux retourner sur le toit du building ?

- Non, je veux être seule. Laisse-moi, s'il te plaît.

- Je n'avais pas envie de compagnie moi non plus, aujourd'hui. Pourtant tu as pris soin de moi, alors laisse-moi simplement te tenir compagnie.

- Tu n'avais pas l'air mal, tout à l'heure.

- Je suis très bon comédien, Pearl. C'est un tour que Max m'a appris, la seule chose qui puisse vraiment me servir. J'ai simplement joué un rôle, personne n'est au courant de toute cette histoire. Ils savent ce que j'ai bien voulu dire. Même Dave.

Je me laissai glisser contre le mur derrière moi, tout en portant mes genoux sous mon menton. Il se joignit à moi, sans rien dire.

- Tu crois qu'il va vraiment me recontacter ?

- J'en suis sûr, j'ai vu la façon dont il te regardait. Il avait l'air fière.

- Je n'ai même pas eu le temps de lui demander son prénom.

- Jack, il s'appelle Jack. C'était écrit sur un patch, derrière son blouson en cuir.

Je posai mes yeux sur lui, intriguée.

- Je suis très observateur, et la plupart des gangs ont un blouson de ce type-là.

- Où est-ce que tu veux en venir ?

- Je pense que ton père en fait partie, et c'est certainement pour ça que ta mère l'a éloignée de toi. Tu sais, c'est loin d'être comme dans les films, dans les jeux ou dans les bouquins. J'en ai côtoyé certains, pendant mes recherches. Et je peux te dire qu'ils sont vraiment dans un autre monde. Ils sont entourés de ténèbres. Aucun d'eux ne finit jamais heureux, mais plutôt enterré dans un terrain vague, une dague plantée dans le crâne. Et dans ce monde-là, avoir une famille te rend faible. Parce qu'avoir une famille, des amis, ou même aimer qui que ce soit peut se retourner contre toi. Ça devient un moyen de pression pour les autres. Et ils sont prêts à tout pour obtenir ce qu'ils veulent, vraiment tout.

Système LimbiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant