Système Limbique

Chapitre 38 - Jeux de vilains

NATE/GHOST

Je relevai la tête, plantant mon regard dans celui de Max. Elle me regardait silencieusement, en souriant. Qu'est-ce que je pouvais aimer son sourire. De toutes les filles qu'il pouvait y avoir au lycée, Max était une étoile dans un ciel sombre. Je n'arrivai toujours pas à croire qu'une telle personne puisse trouver en moi quelque chose d'assez spécial pour me vouloir dans sa vie, pourtant elle était là. Elle soignait mes blessures quand mon père me frappait, elle m'aidait à maintenir la tête hors de l'eau.

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Cette nuit-là, après une énième engueulade avec elle, elle était injoignable. Adossé contre les tuiles du toit, je fumais lentement le joint qu'elle avait laissé la dernière fois. Après avoir craché la fumée de mes poumons, je tentai une nouvelle fois de l'appeler.

- Max, j'ai besoin de toi. S'il te plaît, rappelle-moi.

Je soufflai, en essayant d'arrêter le sang qui coulait de mon arcade. Je ne m'étais pas engueulé qu'avec Max, mais aussi avec mon père. Mais contrairement au reste de la population, mon père ne savait pas s'exprimer avec des mots. Il s'exprimait avec ses poings, laissant mon visage marqué pendant plusieurs jours. Il arrivait toujours à faire comme si de rien n'était les jours suivants, comme s'il ne voyait pas les hématomes et les cicatrices sur mon corps. Il était doué pour faire semblant, tout comme Max.

Des bruits de pas se firent entendre près de la fenêtre, et en tournant la tête, je vis Max grimper pour me rejoindre. Elle prit place à côté de moi, et heurta brutalement le toit en s'asseyant. Comme à son habitude, elle avait dû boire ou prendre une drogue quelconque. Elle ne prit pas la peine de me regarder, et m'arracha le joint des mains avant de le porter à ses lèvres.

- Je me suis inquiété, Max. Disais-je, sèchement.

- Tu t'inquiètes trop, tout le temps. Tu m'étouffes, lâche-moi un peu. Répondit-elle, en bafouillant un mot sur deux. Je vois que tu as encore servi de punching-ball, qu'est-ce que tu attends pour te défendre, Nathan ?

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J'ouvrais lentement les yeux, gêné par la lumière du soleil. Mon corps entier me faisait mal, j'aurai presque pu croire que je brûlai tant la douleur était puissante. J'essayai de me redresser, en mettant une main sur mon torse. En baissant les yeux, je remarquai que j'étais torse-nu et que des bandages recouvraient une grande partie de mon corps. Je fronçai les sourcils, en essayant de me souvenir des derniers événements. Mais je ne me souvenais de rien, et mes yeux avaient encore du mal à s'accommoder à la lumière du jour. Je tentai de regarder autour de moi, de reconnaître un objet ou une pièce familière, mais rien. Le lit sur lequel j'étais assis ne me disait rien, pas plus que le papier peint sur les murs ou même les meubles.

- Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Dis-je, à voix basse.

Je tentai de poser mes jambes sur le sol pour marcher, mais le premier mouvement me fit hurler. Je me rallongeai, pétrifier par l'onde de douleur qui s'était propagée dans l'ensemble de mon corps. J'entendis des pas s'approcher à toute vitesse, avant qu'une personne n'ouvre la porte. Mon sang se glaça dans mes veines quand je vis apparaître Max devant moi. J'écarquillai les yeux, et tout me revint en tête. L'appel de Pearl, la pluie, l'arbre, l'accident...

- M- Ma- Max. Murmurais-je.

- Ça va aller, je suis là. Répondit-elle, en s'asseyant à côté de moi. Tu m'as fait peur, tu sais ? J'ai bien cru que tu allais y passer.

Je la scrutai en silence, complétement tétanisé. Je ne l'avais pas revu depuis un an, et le fait de savoir qu'elle était bien en vie et en face de moi me troublait. Je pensais réellement la détester, après tout ce qu'il s'était passé. Mais lorsque j'avais croisé son regard, je m'étais dit que ce n''était peut-être pas le cas finalement. Des frissons parcoururent mon corps, quand elle posa sa main sur la mienne avant de la caresser avec son pouce. J'avalai difficilement ma salive, ne sachant ni quoi dire, ni quoi faire.