Chapitre 40 - À bout de souffle

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NATE/GHOST

Le temps s'écoulait. Il s'écoulait lentement, douloureusement. Je ne savais pas depuis combien de temps je n'avais pas mangé, ni bu. Max était très patiente, et pour obtenir ce qu'elle voulait, elle était prête à tout. Je n'avais quasiment plus de salive, et ma bouche était pratiquement sèche. Je n'avais plus la moindre force, j'étais complétement vidé. J'essayai de me réfugier dans ma mémoire, de m'accrocher à mes souvenirs. Parfois je me surprenais même à halluciner.

Pearl apparaissait dans un coin, me souriait et disparaissait aussitôt. Une fois, elle m'avait même tendu la main, mais je n'avais pas réussi à la prendre. Tout ce que j'avais réussi à faire, c'est sourire comme un idiot. J'avais de plus en plus de mal à dissocier la réalité de mes rêves. Peut-être une conséquence de mon accident, ou des coups que j'ai pris dans la tête. Je ne savais pas trop, et d'un côté je m'en fichais autant que ça m'inquiétait. Je n'étais même pas sûr de savoir si j'étais éveillé ou si je dormais, s'en devenais presque hilarant.

La porte s'ouvra brusquement sur un type qui devait mesurer au moins deux mètres pour cent kilos, il était absolument énorme. Son arme bien accrochée à sa ceinture, il s'approcha de moi.

- Debout. Ordonna-t-il, sèchement.

- Tu n'as pas vu mes liens, connard ?

Il haussa un sourcil, et libéra un de mes poignets. En baissant les yeux, je me rendis compte que j'avais tellement forcé sur mon poignet qu'il était quasiment ouvert, on pouvait voir ma chair. Du sang séché entourait la plaie, et je grimaçai légèrement. La vue du sang ne me gênait pas, mais au moment où il avait retiré le bout de métal, la douleur s'était réveillée. Il me tendit un verre d'eau, il n'était même pas rempli à moitié. Max me gardait en vie, mais avec le strict minimum. Elle ne me donnait rien de plus que ce dont mon corps avait besoin pour fonctionner sans que mes organes ne lâchent. Je posais mes lèvres sur le verre, et aussitôt, ma gorge me fit tousser. Le liquide glissait doucement dans mon œsophage, l'humidifiant à nouveau.

Je regardai du coin de l'œil l'homme qui était à côté de moi, et mesurait mes chances de lui échapper. Il me suffisait d'une seconde pour le mettre à terre, lui voler son arme, et partir discrètement. Mais ce n'était qu'une théorie, parce que je me sentais incapable de mettre KO ce type maintenant. Il fallait que je trouve une diversion, que je fasse en sorte qu'il me quitte des yeux quelques secondes pour le frapper.

- Il faut absolument que j'aille faire pleurer la girafe, si tu vois ce que je veux dire. Articulai-je, pas sûr de moi.

Il leva les yeux au ciel, et retira le reste des liens pour que je puisse me mettre debout. Mon autre poignet et les chevilles libérées, je me mis debout. Je tenais à peine sur mes jambes, et m'aidais de la barre du lit sur lequel j'étais pour faire quelques pas. Elles me faisaient un mal de chien, et je réprimais un cri. Je suivais lentement l'homme, et il tourna dans un coin du couloir. J'entrai dans la pièce, il y avait des urinoirs et des WC avec une porte. Je me dirigeai vers l'un d'eux, et m'enfermai à l'intérieur. Le coup du toilette, ce n'était pas un mensonge finalement. J'avais réellement envie. Après avoir décalé la blouse, je baissai mon caleçon. En finissant, je fis mine de tomber pour attirer l'attention de l'homme qui m'attendait dans le couloir.

- Qu'est-ce que tu fou putain ? Hurla-t-il.

Ses pas lourds cognaient le sol, tandis qu'il se rapprochait. Il défonça la porte à coup d'épaule. Ce type est un bœuf. Je restais par terre, attendant qu'il se baisse. Il fit exactement ce que j'attendais de lui, et s'agenouilla pour me regarder de plus près. J'ouvris rapidement les yeux, et me jetai sur lui. J'usai mes dernières forces en m'agrippant à lui pour le faire basculer, mais il m'asséna un coup de poing dans le visage. Je fis quelques pas en arrière, la douleur m'ayant sonnée.

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