Chapitre 18 - L'autre face

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! TRIGGER WARNING ! Ce chapitre contient des scènes choquantes et un langage violent. 

NATE

Toujours sur le toit du bâtiment, je marchais en direction des escaliers, lentement. J'avais ordonné quelques instants plus tôt à Pearl de rester derrière moi, c'était ma seule condition pour qu'elle vienne avec moi. Sans voir le visage de nos assaillants, je savais qu'il s'agissait d'Aiden et de son père. J'ai fait l'immense erreur de croire à ses paroles quand il a dit qu'il nous laisserait si on ne tentait plus rien. J'avalai difficilement ma salive à cette idée, qu'est-ce que je peux être con. À quel moment ais-je arrêté de réfléchir ? Je devenais mou, et le bon côté en moi ne faisait que grandir aux côtés de la rousse qui suivait mes pas. J'avais soudain l'envie furieuse d'enfoncer mon crâne contre un mur pour ma bêtise. Il était grand temps de rappeler à tous ces gars, qui j'étais et qui je suis.

La vie n'a pas été facile, ni lorsque j'étais adolescent, ni en tant qu'adulte. Peu à peu, les différents traumatismes m'avaient changé. Sans que je ne m'en rende compte, sans que je puisse lutter. Max, mon père, ma mère. Ils m'ont réduit les uns après les autres en un million de fragments, et je ne sais plus comment les assembler. Cette déconstruction de mon être et de mon âme m'a rendu froid, méchant et sans pitié pour la vie humaine. Jusqu'à ce que le principal hôte de mon esprit ne revienne, et constate avec horreur, les diverses boucheries laissées derrière moi. J'avais refoulé trop longtemps cette nature profonde, et plus d'une fois j'ai eu envie d'étrangler Max de rage. Trop de fois j'ai eu envie d'éclater son crâne contre un mur, d'enfoncer un couteau dans sa chaire, de voir son hémoglobine coulée le long de son corps. Trop de fois j'ai eu envie d'hurler à mon père qu'il était lâche, et d'envoyer mon poing en plein dans son crâne. Le gang n'était pas l'endroit idéal pour fonder une famille et être heureux, mais il l'était pour perfectionner cette partie de ma personnalité qui ne voulait que tuer et se venger des nombreux vices de ce monde.

Tandis qu'on marchait lentement dans le couloir, je me stoppai net, écrasant la paume de ma main contre le mur. Respirer devenait douloureux, et je portai ma main à mon cou. C'est comme si mes veines allaient exploser, comme si le sol était en train de se dérober sous mes pieds.

- Nate, est-ce que ça va ? Me chuchota la rousse, en posant une main sur mon épaule.

- Recule-toi, ordonnais-je d'un ton ferme. Il y a deux options, sois tu viens avec moi et ce que tu verras te fera faire des cauchemars, sois tu restes ici et tu te caches.

- Je viens avec toi.

- Tu l'auras voulu, garde ça en tête.

Elle semblait perplexe, et je ne pouvais que la comprendre. Heureusement pour elle, elle ne m'avait vu comme ça qu'à de rares occasions. Au début de notre rencontre, lorsque j'ai tué Richard. Et c'était une exécution beaucoup plus soft que ce qui allait se passer dans quelques minutes. Libre à elle, il faudra qu'elle vive avec ça. Je pensais à ce que je lui avais dit sur le toit, que de mensonges en si peu de temps. La merde qui nous attendais allait être bien pire que celle qui lui a donné envie de mourir.

- Il faut que j'aille dans ma chambre, je dois récupérer des trucs.

Je me faufilai doucement à l'intérieur, personne n'était là. Parfait. Je sortis de la poche de mon pantalon une clé et ouvris le coffre dissimulé sous mon lit. J'en sortis plusieurs couteaux, ainsi qu'un bandana. Je lui en tendis un qu'elle m'arracha rapidement des mains.

-Un bandana ? Pourquoi ? Demanda-t-elle, confuse.

- On va agir vite, en essayant de se faire remarquer le moins possible. Vu le nombre de coups de feu ils sont nombreux, et étant donné ce qu'ils savent sur nous il vaut mieux essayer de dissimuler au mieux notre identité. Met une capuche, tes cheveux te trahissent.

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