PEARL
J'entendais son cœur battre, la tête posée sur son torse. À plusieurs reprises, il avait frissonné. Une bonne heure après, sa respiration était plus lente et régulière. Je levai la tête, et les rayons lunaires éclairaient les traits délicats de son visage. Je restais planté là à le regarder durant un temps que je ne saurais déterminer. Comment un homme avec un visage aussi doux pouvait-il être aussi mauvais ? Mais même si une partie de moi le pensait, l'autre était en total désaccord. Les mois partagés avec lui m'avaient montré une personne différente que celle qui était debout devant tous ces corps. Ghost était compliqué, peut-être trop. Il l'était en tout cas trop pour moi. Parce qu'à chaque fois que la haine me rongeait, je me souvenais des moments qu'on avait pu partager ensemble. Les fois où il s'était montré si gentil, et doux. Il n'était pas simplement la bête dont tout le monde parlait, il n'était pas cette personne-là. Il ne pouvait pas être cette personne-là.
J'essayai de me défaire de lui, mais chaque fois que je le croisais, j'avais envie de me jeter dans ses bras. À l'époque où tout était normal, j'avais eu l'occasion d'avoir plusieurs copains. Mais aucun ne lui ressemblait. Ces garçons étaient faits pour la fille que j'étais autrefois, pas celle que j'étais devenue. Ghost était la personne dont j'avais besoin, dont j'avais envie. Et je commençais à croire que j'étais devenue folle de vouloir une telle personne dans ma vie. Mais quelle est la limite ? Comment distinguer le bien du mal ? Aucun de nous n'est parfait, alors comment pourrais-je juger ses actes alors que moi-même j'évitai mon regard dans le miroir ?
Je secouai la tête, et enlevai doucement son bras de mon dos. Je me levai du lit, en prenant mon pantalon. Une fois l'avoir enfilé, je sortais de la chambre en prenant soin de ne pas faire de bruit. J'entendais des ronflements, et je me sentais soulagée de savoir que tout le monde dormait profondément. Je ne voulais croiser personne, ni avoir à expliquer pourquoi je m'en allais en plein milieu de la nuit. Je prenais ce qu'il restait du joint dans le cendrier, et fermait la porte derrière moi. A cette heure-ci, il n'y avait plus tellement de monde et je n'étais d'ailleurs pas certaine de pouvoir trouver un taxi. Je soufflai, et commençai à marcher quand une voiture s'arrêta juste devant moi. La vitre se baissa doucement, laissant apparaître le visage d'Aiden.
- Monte, ordonna-t-il.
Je fis le tour, et montais du côté passager. Il avait le regard dur, et ses mains étaient crispées sur le volant.
- Je peux savoir ce que tu fais si loin du QG ?
- J'avais besoin d'air.
- Il y a des hectares de forêt autour du bâtiment, ce n'était pas suffisant ? S'énerva-t-il.
- Est-ce que tu m'as suivi, Aiden ? Demandais-je, inquiète.
Un psychopathe à gérer à la fois, pitié.
- J'ai installé un tracer sur ton téléphone, notre père m'a chargé de veiller sur toi.
- Je n'ai pas besoin de votre protection, je sais me défendre seule.
- OK. Voyons ça.
Il tourna dans une ruelle, m'invitant à descendre.
- Je peux savoir ce qu'on fait là ? Demandais-je, en fronçant les sourcils.
- On va faire un petit test.
Il se dirigea rapidement vers moi, en me faisant une clé de bras. Il me poussa violemment, et mon visage heurta le mur d'en face. Il me serrait si fort que je ne savais pas comment m'y prendre pour me dégager de sa prise. Qu'est-ce qu'il voulait prouver, exactement ?
- Tu me fais mal, Aiden.
- Défends-toi.
Je réfléchissais rapidement, et basculais violemment la tête en arrière. Un cri se fit entendre, et il me relâcha. Après avoir essuyé le sang qui lui dégoulinait du nez, il leva les poings en l'air. Je fis de même. Il tournoyait autour de moi, et je commençais à me dire que j'étais bien trop fatiguée pour ses conneries. Commençant à perdre patience, je lui envoyais un crochet du droit, qu'il me renvoya quasiment instantanément. Je me retrouvais à nouveau contre le mur, et fis glisser mon dos contre pour atterrir les fesses sur le sol. Je tenais ma joue, cet enfoiré ne m'avait pas loupé. Il s'approcha de moi, et s'agenouilla.
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Système Limbique
RomansaLes êtres humains sont capables du meilleur, mais aussi du pire. Le cerveau est complexe, même peu compréhensible. A chacun sa vision du bien, et du mal. Mais comment distinguer les deux lorsqu'on ne ressent rien ? Tic, tac, tic, tac... Le même son...