Chapitre 19 - Bas les masques

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PEARL

- Maman, qu'est-ce que tu fais ?

- Rien ma puce, c'est juste au cas où.

- Je ne savais pas que tu savais te servir d'une arme.

- Il y a beaucoup de choses que tu ne sais pas chérie, et quand on est deux femmes seules, il vaut mieux protéger ses arrières.

Dans un sursaut, je bondis du lit. Le corps encore brûlant et tremblant. Ces foutus souvenirs commençaient à devenir vraiment problématiques. Il y a encore quelques mois, je rêvais de connaître le fin mot de toute cette histoire sans queue ni tête. Mais plus les semaines s'écoulaient, plus la vérité me semblait inatteignable. Elle savait tout, et plus je retournais la chose dans ma tête, plus je pensais que la personne ayant provoqué tout ça n'était autre que ma mère. 

Que pouvait-elle bien cacher ? Pourquoi aurait-elle eu besoin de nous protéger ? Contre qui ? Contre quoi ? Un poids se faisait de plus en plus lourd dans ma poitrine, compressant ma cage thoracique. Je n'en pouvais plus de tout ça, et finalement ma chambre d'hôpital commençait à me manquer. Il n'y avait pas Nathan, ni la bande, ni mon père. D'ailleurs, cela faisait plus d'une semaine que je n'avais fait que croiser ces deux-là. Ils se suivaient mutuellement partout, complotant durant des heures. Mon père ne m'avait pas donné l'autorisation de contacter Abby ni James, ni même Dave. Il pensait que c'était dangereux, autant pour eux que pour moi. 

Je me sentais terriblement seule. Il y avait des centaines de personnes au sein du bâtiment, mais pas une seule pour combler ce sentiment. J'aurai bien eu besoin d'échanger avec eux, d'oublier le sang, la torture, et le comportement étrange de Nate ces dernières semaines. C'est comme s'il était devenu quelqu'un d'autre, et je n'apercevais plus qu'une âme vide. Il était celui que me faisais sentir ne serait-ce qu'un peu vivante, et désormais, je ne pouvais plus compter sur lui.

Mais la douleur s'effaçait peu à peu, et le trou béant se refermait. Je n'étais pas du genre à laisser une personne gouverner mon humeur. Bien que cette nuit-là sur le toit, il m'a empêché de commettre une énorme bêtise. Il n'y avait plus qu'à avancer, et mon seul objectif à présent serait de retrouver ma mère. Enfin, ce qu'il reste d'elle. Je ferais mon possible pour découvrir la vérité, j'en avais besoin. Il fallait que je tourne la page. Ma santé mentale en dépendait, je ne savais jamais sur quel pied danser avec ce foutu cerveau. Un jour dans le flou total, et celui d'après les émotions qui me revenaient comme un coup-de-poing en plein dans l'estomac. C'était éreintant d'essayer de me comprendre moi-même. 

Il devait être cinq heures du matin quand je me suis échappé de mes draps pour aller marcher un peu, l'air était glacial. Mais les bouffées d'air me redonnaient l'oxygène dont j'avais besoin pour balayer ce poison qui s'infiltrait par chaque pore de ma peau. Ces derniers jours, tout le monde était à cran. L'attaque subie avait laissé des traces dans chaque individu, et la violence avait été telle que certains étaient encore entre les mains du docteur pour essayer de leur apporter un peu de répit. Il y avait de quoi devenir fou ici, je ne comprenais pas comment on pouvait se contenter d'une vie aussi chaotique.

Il n'y avait aucune nouvelle des disparus, que ce soit des femmes enlevées ce jour-là ni de Sloan ou de Tara. La liste s'allongeait de plus en plus, et nos efforts étaient vains. La colère me rongeait, que peuvent-ils bien faire de toutes ces femmes ? Tout ça était complètement fou, incompréhensible et me donnait envie de vomir. Je repensais souvent au bunker, à la violence de leurs actes et le détachement avec lequel ces personnes pouvaient s'adonner. J'avais parfois du mal à faire la différence entre le bien et le mal, mais ces personnes faisaient le mal en toute conscience. Mais au final, on est tous le méchant de quelqu'un, non ? Alors comment savoir si on ne se place pas du mauvais côté ?

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