Chapitre 43 - Papillons

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PEARL

Les jours passaient lentement, puis les semaines, et les mois. Finalement, les jours s'enchaînaient et l'ennui grandissait en moi. Je n'avais pas eu l'autorisation de rendre visite à Nate, malgré mes nombreux appels j'avais toujours essuyé des refus. Peter nous avait donné nos nouvelles identités, ainsi qu'un tas de papiers. Il avait pris contact avec un service spécialisé pour le faire en parfaite légalité, en rappelant que nous étions embrigadés dans une histoire de gang. Je me nommais désormais Pauline, je détestai autant ce prénom que ma nouvelle vie.

Elle était morose, tristement banale à en mourir. Pourtant, je faisais en sorte de garder la tête haute. Je remerciai de tout mon cœur Nate d'avoir su nous garder tous en sécurité, alors même qu'il n'était plus là pour nous protéger. Je lui en étais éternellement reconnaissante, et malgré cela, je n'étais pas satisfaite. Parce que je ne partageai pas ma nouvelle existence avec la sienne, parce que de tous les plans que j'avais faits dans ma tête, celui-ci n'en faisait clairement pas partie.

Je me levai à contre-cœur, et me dirigeai lentement vers mon bureau. Après avoir tiré la chaise, je m'asseyais pour lui écrire une nouvelle lettre. Je ne savais pas s'il était autorisé à les lire, ni même s'ils les recevaient. Pourtant, les écrire me faisait un bien considérable. Tout en approchant de la feuille la pointe de mon stylo à plume, la sonnerie de mon téléphone me fit sursauter. Je décrochai rapidement en voyant le nom sur l'écran, les larmes aux yeux.

- Bonjour Pauline, c'est le Shérif Riviera.

- Bonjour.

- Décrispe ta voix, j'ai une bonne nouvelle. Nous avons enfin une date pour le procès.

- C'est ça, la bonne nouvelle ? M'exaspérai-je.

- Il va pouvoir sortir de prison, Pauline. Contre une caution.

- À combien est-elle fixée ?

- 10 000 dollars.

J'écarquillai les yeux, en manquant de m'étouffer.

- Je vais réunir la somme. Merci.

Je raccrochai immédiatement, et sautai sur ma penderie. Après avoir enfilé une tenue au hasard, je sautais par trois les escaliers de mon appartement. Arrivée en bas, je pris place derrière le volant. Je composai rapidement le numéro de James, enfin de Jules.

- Mmh. Pauline... Il est 7h du matin.

- Bouge tes fesses de ce stupide lit, j'arrive dans 15 minutes ! M'écriai-je.

Je raccrochai immédiatement, et appuyais plus fort sur l'accélérateur.

Arrivée devant l'appartement de Jules, je me précipitai à l'intérieur du bâtiment. Après quelques coups, il ouvra la porte. Vêtu seulement d'un boxer, je me mordais l'intérieur des joues pour ne pas rire. Je n'avais pas été la seule à subir les conséquences de la décision de Nate, chacun de nous avait été impacté. Jules avait particulièrement morflé, il considérait Nate comme son frère et ne pas avoir été dans la confidence l'avait complétement anéanti. Si bien que même Abby eût déserté sa vie, j'avais toujours des nouvelles d'elle de temps à autre. Elle s'appelait maintenant Alizée, et le fait de devoir quitter son poste lui avait flanqué un sacré coup.

Il ne restait plus que moi et Jules. Sloan et Tara avaient mis les voiles quelques jours après l'arrestation de Nate, et contrairement à Alizée, je n'avais plus du tout de nouvelles d'eux. D'une certaine façon, j'étais presque soulagée de ne plus avoir toutes ces personnes dans ma vie. Ils me rappelaient chaque jour les souvenirs douloureux de ma vie passée. Je ne parvenais pas à oublier, et les savoir loin de moi me permettait de m'en décrocher un minimum. Seuls Jules et moi ressentaient le besoin d'être dans la vie de l'autre.

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