Chapitre 36 - La maison des morts

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PEARL

J'étais dans la voiture depuis une bonne vingtaine de minutes, et l'homme en face de moi n'avait pas prononcé un seul mot. Il se contentait de regarder en face de lui, l'air sérieux. Même avec sa cagoule, je pouvais percevoir la noirceur de ses iris. Il n'avait même pas pris la peine de me fouiller, ou de m'attacher les mains. Après quelques minutes de plus à voir le paysage défiler, le véhicule s'arrêta devant un grand entrepôt. La musique faisait vibrer l'habitacle, et mon anxiété repartit de plus belle. L'homme m'attrapa par le bras pour me faire sortir, et nous nous dirigeâmes vers la porte.

De nombreuses personnes étaient allongées sur le sol, certains avaient l'air de s'être vomis dessus et d'autres baignaient à côté d'un liquide étrange. Leurs yeux étaient si vides qu'on aurait presque pu croire qu'ils étaient morts, et après quelques secondes d'observation, je comprenais que certains l'étaient réellement. Une couleur sombre et violette tâchait le conteur de leurs yeux et de leurs lèvres, comme s'ils avaient été en hypothermie. Mais, connaissant Max, ça ne devait pas être la cause de leur dernier souffle.

En entrant à l'intérieur, une forte odeur de cigarette mélangée à l'alcool et la transpiration me fit grimacer. La musique était encore plus forte, et faisait trembler chaque cellule de mon corps. Les gens avaient l'air complétement ailleurs, dans un autre monde. Certains s'adonnaient à des pratiques sexuelles devant tout le monde, baisant sur les différents canapés positionnés un peu partout dans l'énorme pièce. D'autres dansaient nus, et certains se battaient. C'était glauque, vraiment dérangeant. L'homme resserra un peu plus sa prise sur mon bras, m'entraînant plus loin dans l'entrepôt. Il nous fit sortir par une porte de service, et longer un immense couloir. Au bout, il y avait une sorte de bureau. Il frappa à plusieurs reprises sur la porte, attendant un signal. La seule chose que je percevais, c'était une voix féminine.

En la poussant, je manquais de m'étouffer avec mon propre vomi. Max était allongée sur un bureau, et une autre femme la caressait doucement. Après plusieurs secondes qui parurent être interminables, elle lui ordonna de dégager. Elle le fit sans même adresser un mot ni un regard, et j'étais à présent seule avec elle dans la pièce.

- Tu as aimé le spectacle, mon lapin ? Demanda-t-elle, en s'essuyant les lèvres.

- J'ai envie de vomir.

- Oh chat... Ce n'est pourtant que le début.

Tandis qu'elle descendait lentement sa robe, je repensais au bunker. Je repensais à la douleur, à ce qu'ils m'avaient fait. Je bouillonnais de colère en la regardant, j'aurais voulu la tuer de mes mains. Ma respiration était de plus en plus rapide, mon cœur battait plus fort, et je voyais rouge. Je fermais mes poings, en laissant mes ongles se planter directement dans la paume de mes mains. Je sentis rapidement un liquide couler sur mes doigts, et tentai de lui cacher. Mais, en réajustant son décolleté, son sourire s'étira.

- Tu ne devrais pas être autant en colère, personne ne t'a fait de mal jusqu'ici n'est-ce pas ?

- Aujourd'hui non, mais je me souviens encore de ta visite. Répondis-je, du tac au tac.

- Mon lapin... Je ne veux qu'une chose. Rends-moi ce qui m'appartient, et tu pourras retourner à ta misérable vie.

- Qu'est-ce que tu veux, Max ? Demandais-je, en fronçant les sourcils.

- Nathan. Je ne veux que lui. Et tu vas m'aider.

Malgré moi, je laissais s'échapper un rire. Je voulais littéralement exploser de rire tant la situation était improbable, et vu l'expression de son visage je me doutais qu'elle ne s'attendait pas à ma réaction.

- Tu es sérieuse ? Nathan ne veut pas de toi Max, il est passé à autre chose.

- Avec toi ? Ma pauvre... Il m'a cherché pendant presque un an, ce n'est pas ce que j'appelle passer à autre chose.

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