14 - Aïden

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« La véritable sérénité n'est pas absence de passion, mais passion contenue, élan maîtrisé. » Georges DUHAMEL


- 14 -

Mercredi 14 mai

10 h 39


Aïden


Je croule sous la paperasse. Des dossiers urgents et des mails à en perdre la tête m'attendent devant moi, sur mon bureau. Brittany patiente de l'autre côté, pour venir me donner le planning de la journée, et je n'ai pas envie de la voir. Quand je suis dans cet état, personne n'ose venir m'aborder, encore moins me déranger, et je le vis très bien. Merde, je ne suis pas productif et cela commence sérieusement à m'agacer.

Je suis comme un lion en cage, prisonnier d'une chaîne qui m'empêche de suivre mes pulsions, et je sais pertinemment que je ne peux pas l'approcher. Encore ce matin dans l'ascenseur, elle était là devant moi, prête à se perdre dans mes bras et offrir à mon corps ce qu'il réclame. Je brûle de la sentir contre moi et près de mon cœur. Je meurs de ne pouvoir caresser sa peau pour en découvrir chaque parcelle et infime secret, cerner ce qui la fait vibrer et craquer. Il m'est insupportable de me tenir éloigné d'elle. C'est un véritable sacrifice, mais la tentation est trop forte et elle vire à l'obsession. J'ai besoin que tout le monde sache qu'elle est mienne et que personne n'a le droit de l'approcher.

— Putain, elle est à moi ! hurlé-je intérieurement.

Accoudé à mon fauteuil, je réfléchis aux prochaines minutes, à ce qu'elles vont provoquer dans nos vies et à ce qu'elles vont détruire, si la vérité nous explose en plein visage. Suis-je prêt à prendre ce risque pour être avec elle et me battre pour la garder ? Je prends mon téléphone et me relève. Je marche une longue minute de long en large en m'ébouriffant les cheveux et me massant la nuque. Putain, que je suis tendu. Je sais que ce n'est pas une bonne idée, mais allez le dire à mes pulsions, pour la plupart concentrées dans mon pantalon.

— Ben, dites-moi, comment se passe cette première journée ? Quoi ? Quand ça ? Je ne comprends pas. Je croyais avoir été assez clair, ce matin. Au moindre changement, je veux être prévenu immédiatement ! Vous m'entendez ? Immédiatement !

On tape à la porte.

Ce n'est pas le moment, je ne suis pas d'humeur à recevoir qui que ce soit. Je tente de reprendre mon calme, mais je viens de perdre le contrôle et la personne derrière cette porte va subir les conséquences de ma mauvaise humeur.

— Rappelez-moi dès que vous aurez sa position et renforcez la sécurité ! Merde !

Je raccroche et me rassois à mon bureau, lorsque l'on frappe de nouveau à la porte, cette fois avec beaucoup plus de conviction que la première, et cela finit par me mettre hors de moi.

— Entrez ! aboyé-je.

Cette fois, Brittany va m'entendre !

La porte s'ouvre, très, mais alors très lentement. Je ne vois personne ? Je penche légèrement la tête sur le côté. En l'apercevant, ma colère s'est planquée sous le bureau d'un seul coup. Putain, qu'elle est belle ! Elle s'avance droit vers mon bureau, sa tablette serrée contre elle, en me regardant à peine. On dirait un chaton apeuré qui avance à petits pas pour analyser ma réaction et pouvoir se sauver au moindre feulement de ma part. Je suis sûr que je viens de lui foutre la trouille de sa vie, avec cet appel qui m'a rendu fou de rage. Je reprends une certaine contenance et une attitude professionnelle en me redressant. Je m'accoude sur ma chaise et relève un sourcil interrogateur. Pourquoi je fais ça ? Il y a encore quelques minutes, j'aurais traversé vents et marées pour la prendre sur ce bureau, et me voilà redevenu un patron arrogant.

FOREVER 1 : Souviens-toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant