22 - Aïden

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« L'amour, c'est une parcelle d'espoir, le renouvellement perpétuel du monde, le chemin de la terre promise. » Marc Levy



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West Seattle - Plage d'Alki


Aïden


Elle a l'air si heureuse, et ma surprise l'enchante... La voir sourire de cette façon apaise quelque peu le déchirement de mon récent aveu et me met un peu de baume au cœur. Bien entendu, cela n'est que la face immergée de l'iceberg. Lui avouer le reste mettrait, j'en suis convaincu, un terme à notre récent rapprochement. Elle est magnifique et son sourire est éblouissant. Elle contourne la tonnelle en caressant de ses mains l'organza qui file entre ses doigts. Son teint de porcelaine se fond parfaitement dans le décor. Je suis fasciné par tant de beauté. Mon Dieu, protégez cette femme, car je ne me remettrais pas d'une seconde perte. Je pourrais rester une éternité à la contempler, l'aimer à en crever. Car c'est bel et bien d'amour qu'il s'agit là. Je dois arrêter de me tourmenter avec ce qui pourrait nous fragiliser et nous briser, mais m'accrocher à ce qui pourrait nous rendre plus forts et indestructibles. Et si tel était le cas, malheureusement, mon sinistre passé reviendrait au galop. Putain ! Comment pourrait-elle le comprendre ? Comment pourrait-elle me pardonner un jour ? Serai-je assez égoïste pour taire à jamais ce secret... ?

— Aïden ? Quand as-tu préparé tout cela ? me demande-t-elle en me sortant de mes sombres pensées, qui tournent en une boucle infernale.

— J'ai demandé à Ben de venir très tôt ce matin afin de préparer la plage avant notre... arrivée.

Elle s'approche de la table. Je m'avance rapidement et lui tire la chaise afin qu'elle puisse y prendre place. Je fais un signe de tête à Ben qui est posté à quelques mètres de nous, afin de donner l'autorisation aux serveurs de nous servir le petit déjeuner. Melinda est soudain silencieuse et baisse légèrement la tête vers ses doigts qu'elle entortille, comme à chaque fois qu'elle se sent mal à l'aise. Je pose ma main sur la sienne. Elle relève immédiatement ses yeux aux couleurs de l'océan pour se plonger dans les miens, et l'émotion de son regard me bouleverse profondément. Elle m'adresse un sourire timide en penchant sa tête légèrement vers moi et me chuchote :

— Où sommes-nous, Aïden ? Je me sens terriblement gênée avec tous ses serveurs et ton... dispositif de sécurité.

— Pourquoi chuchotes-tu ? demandé-je soudainement amusé.

— J'ai l'impression qu'ils peuvent nous entendre.

— Ils sont bien trop loin, rassure-toi, et avale quelque chose, s'il te plaît, lui recommandé-je en saisissant sa tasse à café.

D'un regard perplexe, elle me dévisage lui verser son café avec un nuage de lait et pose son menton sur la paume de sa main. Je lève les yeux au ciel. Quoi encore ?

— D'où tenez-vous l'information que je prends mon café de cette façon ?

— Veuillez m'excuser, Mlle Evans, ce n'est plus un secret pour personne.

— Veuillez excuser mon insistance, M. Kyle, mais je suis franchement très étonnée, glousse-t-elle.

Elle se moque de moi. Que vais-je bien pouvoir faire d'elle ?

Notre petit déjeuner servi, je la regarde manger et boire son café. Elle mourait de faim et la voir retrouver l'appétit et se restaurer de la sorte fait plaisir à voir. Portant ma tasse à café à mes lèvres, je m'offre le plaisir de la contempler passer la langue sensuellement sur sa bouche, encore humide de café. À présent, elle suçote ses petits doigts qui viennent de récupérer un soupçon de lait au bord de la commissure de ses lèvres. Je tente de me rassoir plus confortablement et donner de l'espace au soldat qui se tient au garde à vous dans mon pantalon, mais elle me jette un regard aguicheur. Elle est d'une séduction ravageuse. Cette femme est une arme de destruction massive à elle toute seule, et elle n'en a aucune idée. Pourtant, Dieu sait qu'elle est envoûtante et qu'aucun homme ne pourrait lui résister.

— Le spectacle vous plaît, M. Kyle ? me demande-t-elle en relevant un sourcil arrogant.

Ne joue pas à ce petit jeu, mon ange, tu vas encore perdre.

— J'ai bien peur que vous n'ayez pas pris mes menaces au sérieux, Mlle Evans...

— Lesquelles, M. Kyle ? Auriez-vous la gentillesse de me les rappeler ? siffle-t-elle entre ses dents en passant sa main sous ses cheveux pour les passer par-dessus son épaule.

Sa main caresse doucement son cou. Elle penche la tête et mordille sa lèvre inférieure. Merde, c'est trop douloureux, je ne vais pas tenir longtemps...

— Je meurs d'envie de vous rendre la monnaie de votre pièce et de vous prendre...

Discrètement, d'un regard circulaire, je vérifie que le dispositif de sécurité s'est éloigné de nous, comme je le leur avais bien précisé. Nous sommes à présent à l'abri des regards. Je vais te dévorer toute crue.

— ... Nous ne sommes pas seuls, et vous en jouez abusivement, mais vous allez perdre, ajouté-je en avalant une gorgée de café sans la quitter des yeux.

— Vous n'oseriez pas...

— Ne tentez pas le diable, craché-je férocement cette fois.

— Puis-je vous poser une question très indiscrète, M. Kyle ? demande-t-elle d'un air taquin avec un sourire en coin.

— Je vous écoute.

— Seriez-vous chaste ?

Soudain, je manque de m'étrangler avec mon café et ma tasse tombe sur la table, éclaboussant ma chemise. Melinda amène ses mains sur sa bouche, prête à exploser de rire. Ressaisis-toi, Aïden, tu vas tomber dans son piège... Trop tard ! Je sens déjà la chaleur m'envahir et, lorsqu'elle pose ses yeux brûlants sur mon torse en se léchant les lèvres, mon sang ne fait qu'un tour. J'empoigne la table, la soulève et la balance d'un seul geste sur le côté. Melinda pousse un cri d'étonnement et de peur mêlés. Puis, se lève avec vivacité, leste et réactive comme un chat, et recule. Son dos trouve appui contre le pied de la tonnelle, et elle se cache aussitôt dans les voilages d'organza. Tu adores jouer avec le feu. Voilà pourquoi nous en sommes là, aujourd'hui.

— Montre-toi, Melinda... Je ne peux plus te résister...

Rapidement, elle se débat dans les voilages, apparaissant devant moi les yeux emplis de larmes et s'avance vers moi. Elle pose ses mains sur mon visage en tentant de déchiffrer quelque chose dans mon regard. J'entoure sa taille de mes bras et la serre contre mon cœur. Que se passe-t-il dans cette petite tête ? Aurait-elle... ?

— Répète-moi ce que tu viens de me dire, tout doucement cette fois-ci, je t'en supplie.

Sa voix n'est plus qu'un murmure de douleur et de désespoir. Je sais où elle veut en venir. Suis-je prêt à prendre le risque ?

— Montre-toi, Melinda... Je ne peux plus te résister, lui répété-je encore, mais un peu plus doucement pour que ces mots s'imprègnent en elle.

Son regard s'apaise... Melinda pose sa tête contre mon cœur et je resserre mon étreinte autour d'elle. Je regarde l'océan, puis le magnifique manoir des Kyle, Forever, ma maison, celle des jours heureux. Elle se trouve légèrement sur ma droite, et la douce voix aimante de ma mère me revient soudainement en tête :

« Les vagues de l'océan sont la preuve que, même si elles s'éloignent du rivage,

ellesreviennent toujours s'échouer là où leur destin les rappelle indéfiniment. »

Indéfiniment : Forever, en anglais.


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