Chapitre 4

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Janvier 2019, Stuttgart

Enfin une victoire! Une petite victoire certes, 1-0 contre l'Union Berlin, mais cela reste une victoire. Nous passons un petit moment avec les supporters ayant fait le déplacement, avant de retourner aux vestiaires. 

Coach; Bravo les gars pour cette victoire. Ce n'était pas parfait, loin de là, mais cela reste une victoire. Vous savez parfaitement ce que vous devez améliorer pour continuer sur cette lancée. Je vous accorde un jour de congé demain pour que vous puissiez vous reposez, et revenir en forme à l'entraînement de lundi. 

Nous sortons des vestiaires, heureux et motivés. J'espère sincèrement que nous allons continuer sur cette lancée, j'ai vraiment envie de maintenir ce club en première division. De plus, il se pourrait bien que ce soit ma dernière saison avec ce club. Les discutions avec le Bayern avance bien, je sais qu'ils étaient déjà en contact avec moi avant le mondial, qu'ils avaient des vues sur moi, mais je ne voulais pas faire le mec qui prend la grosse tête et qui quitte son club directement après la coupe du monde. Au contraire, je voulais rester une saison de plus, et aider Stuttgart une saison de plus. Je me sens bien ici, les supporters et coéquipiers sont très sympas, très ouverts. Ce club est vraiment comme une famille. J'était très timide à mon arrivée en Allemagne,  en juillet 2016. J'avais seulement 20 ans, je ne parlais pratiquement pas Allemand et j'avais énormément de mal à sociabiliser avec mes coéquipiers. Le coach me faisait sans cesses des reproches et remarques, ce qui avait le don de m'agacer. Je galérais déjà à apprendre la langue du pays, alors quand le coach me hurlait dessus, cela me frustrais au plus haut point. Mais je pense avoir fait le tour avec Stuttgart et qu'il est temps pour moi de découvrir un nouveau club, un nouvel environnement, de nouveau coéquipiers et de nouveaux modes d'entraînements. De plus, je connaît déjà les français qui sont au club. Ils m'encouragent à venir, en me disant que c'est le meilleur choix possible pour moi, que je ne peux qu'évoluer. Je sais qu'ils ont raison, c'est une décision difficile à prendre mais j'en fait le choix. J'en ai besoin, que ce soit au niveau professionnel ou même personnel.  

En arrivant chez moi, je n'ai qu'une envie, me jeter dans la douche puis dans mon lit. Seulement j'en suis empêcher au dernier moment, par un coup de téléphone. J'insulte mentalement tout mon répertoire, avant de voir qu'il s'agit du mec le plus lourd de cette planète, j'ai nommé ,Adil Rami. 

Moi; Allô Adil, qu'est-ce que tu me veux? 

Adil; Rien de particulier, juste te dire que je suis en week-end. 

Moi; Et donc? Je fait quoi de cette info? 

Adil; Rien du tout, je voulais juste te prévenir. Bisous Jeff Tuche.

Et il raccroche. Sans un mot de plus. Je soupire avant de décrocher un léger rire. C'est du Adil tout craché. Il est fatiguant mais on l'aime bien. Si il n'avait pas été là pendant la coupe du monde, on ne sait pas si on l'aurait gagner. Avec sa légendaire moustache. Je reprend mes esprits et file sous la douche, parce que oui, il m'a appeler alors que je m'apprêtait a la prendre. Oui, je suis nu. Oui j'ai froid. Ce mec à le don de déranger dans les mauvais moments. Je laisse couler l'eau chaude sur ma peau, en essayant de me détendre. Malgré la victoire de ce soir, je ne peux m'empêcher d'angoisser. Et si le prochain match se terminait par une défaite, de nouveau? Et si on n'arrivait pas à se maintenir? Nous sommes actuellement 14e du championnat, pas encore en situation de relégation, mais nous évoluons sur un fil. Bordel, pourquoi j'angoisse comme ça? Je sort précipitamment de la douche, enfile un bas de jogging et un sweat, avant de prendre de grandes respirations. Une crise d'angoisse. La dernière fois que j'en ai fait une, cela doit bien remonter en 2017, quand nous avons réussis a remonter en première division. A ce moment là, j'avais peur de la première division allemande, j'avais peur de ce qui allais nous arriver. Et me voilà dans ma salle de bain, en train d'en refaire une. Je sens les larmes me monter, ma respiration de plus en plus chaotique, ma tête qui tourne, j'ai chaud, très chaud et une forte envie de vomir. Je m'assois sur le carrelage froid de ma salle de bain et essaye de penser à autre chose, mais c'est compliquer. Je met une musique sur mon téléphone, une Nocturne de Chopin. Ma grand-mère avait pour habitude de la jouer au piano quand j'était plus petit. Elle me manque terriblement, je donnerais n'importe quoi pour la revoir ne serait-ce qu'une fois, lui parler, lui raconter ma vie, la coupe du monde, la prendre dans mes bras une dernière fois. Mais c'est impossible. Je ne retient pas mes larmes, qui arrive à faire disparaître ma crise d'angoisse. Je me souvient le jour où j'ai appris son décès.    

Toi et moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant