Chapitre 39

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Octobre 2023, Clairefontaine

Je m'efforce de dissimuler tant bien que mal le fou rire que Théo me procure. Nous sommes à table et l'entraîneur réclame le calme, comme à chaque repas. Mais Théo, lui, ne veut rien entendre et cherche à me faire éclater de rire. J'ai mal au ventre, le visage rouge et du mal à respirer, tout comme Olivier. J'attrape une serviette afin de cacher mon visage mais Théo enchaine les blagues plus que douteuses et, pour la plupart, carrément beauf. 

Théo: Et POUF!! Une banane sauté dans l'espace. 

Olivier s'étouffe avec son verre d'eau tandis que je serre la serviette sur mon visage. Je crois bien que j'en pleure. Nous essayons tant bien que mal de reprendre notre respiration mais c'est peine perdu. Certains nous regardent en se demandant ce qui nous fais tant rire. 

Théo: C'est vicieux les pommes de terre n'empêche. 

C'était la goutte d'eau, Olivier et moi éclatons de rire. Toute la table nous observe, y compris le personnel. Je n'arrive pas à m'arrêter de rire, et il en va de même pour les deux autres. J'ai al au ventre tellement je ris et quand je tourne la tête, Théo semble a deux doigts de tomber au sol. Olivier rigole tête contre la table. Je souffle comme une femme enceinte mais rien n'y fait, je n'arrive pas a calmer mon fou rire. 

Didier: Bon les gars, allez dehors vous calmer. 

Il n'est pas nécessaire de nous le répéter. Nous sommes presque en train de courir dans les couloirs du château à la recherche d'une sortie. Une fois à l'extérieur, je m'effondre au sol, rapidement rejoint par Théo. Olivier, quant à lui, préfère s'asseoir sur un banc.

Théo: Le papy s'assoit sur un banc pour pas dégrader sa petite sciatique ? 

Olivier: Je protège mon dos de vieux. 

Et nous repartons de plus belle. Comment allons nous réussir à reprendre notre calme pour l'entraînement de cet après-midi ? 

*****


13 octobre 2023, , Johan Cruyff Arena, Amsterdam 

Pour ce match contre les Pays-Bas, je suis remplaçant. Cela me déçoit un peu, mais je préfère être sur le banc maintenant plutôt que pour le match contre l'Écosse. Ce dernier se déroulera à Lille, chez moi. Je dois admettre que jouer à Lille me manque parfois. 

Le match en est déjà  à la 55e minute et nous menons grâce au doublé de Kylian sans encaisser le moindre ballon. Ce qui change lorsque, lors de la 83e minute, l'arrière gauche Hartman marque. Nous sommes évidemment déçus mais le match se termine en notre faveur. Maintenant, nous devons nous concentrer sur le match de mardi prochain. 

En rentrant à l'hôtel, j'ai reçu un message de ma mère m'informant qu'elle a une séance de chimiothérapie demain. Parfois, je me sens coupable de ne pas être à ses côtés dans ces moments difficiles. Je lui envoi un message d'encouragement et je l'appellerais demain, juste avant sa séance. 


Mardi 17 octobre 2023, Lille 

L'échauffement est sur le point de se terminer, hors je ne veux pas quitter le terrain qui m'a tant manqué. Je regarde les tribunes se remplir, les supporters qui chantent et agitent les drapeaux tricolores. Je respire un grand coup avant de me diriger vers les vestiaires. En chemin, j'aperçois mes parents qui me dont un signe auquel je répond par un sourire. Je suis bien trop presser de jouer, je pense a tout et n'importe quoi dans le vestiaire, écoutant à moitié le discours du coach. Je devrais sérieusement me mettre à les écouter ses fichus discours. En plus, je joue défenseur central ce soir, je devrais donc faire un assez bon match. 

Je ne sais pas exactement à combien de minutes nous en sommes mais nous sommes mené 1-0 par l'Ecosse, suite à une erreur d'Eduardo. On ne lui en veut pas, le joueur adverse est trop rapide pour lui sur cette action. Nous sommes désormais seuls devant la cage Ecossaise et le gardien semble dépourvus de moyen de bloquer un éventuel ballon. Suite à une sortie de balle, Antoine se retrouve à faire un corner, lance le ballon. Je m'avance plus que les autres, étire ma tête et propulse le ballon au fond des filets. Je n'arrive pas a y croire, je viens de marquer un but, chez moi a Lille, après 7 mois sans marquer en sélection. Je célèbre mon but avec mes coéquipiers et retourne au plus vite sur le terrain. 

Quelques minutes après, de nouveau devant les cages adverses, Kylian jette le ballon. Je saisis ma chance de marquer un doublé, mon premier en sélection. Je tend ma tête et me jette au sol. Le ballon arrive alors une seconde fois au fond et je n'arrive pas à y croire. je viens de marquer mon premier doublé en Bleu, c'est incroyable. 

Il ne reste que quelques minutes avant la fin du match lorsque j'entends quelqu'un m'appeler. Je me retourne et vois Kylian venir vers moi. Je dissimule difficilement mon sourire en le voyant vouloir me passer son brassard de capitaine. Mon sourire éclate lorsqu'il l'enroule autour de mon avant-bras. Bordel, je suis le capitaine de l'équipe de France. Ce n'est que pour quelques minutes, mais c'est tout comme. Le match se termine après deux minutes de temps additionnel et je suis refait, le plus heureux des hommes de cette planète. 

Je vais rapidement rejoindre mes parents dans les gradins, les prendre dans mes bras. Ces derniers me félicitent et je souris. Après la sélection, je vais passer quelques jours chez eux, cela me fera du bien de les revoir.


Novembre 2023, Milan

 Je suis de mauvaise humeur, de très mauvaise humeur. Il y à quelques jours, lors d'un match face à l'Atalanta Bergame, je me suis lourdement blessé. Une luxation de la rotule du genou gauche et une indisponibilité qui risque de durer entre 6 et 8 semaines. C'est à dire, la fin de l'année. Et je suis plus qu'énervé. 

Je tente de rester serein mais c'est difficile. Je me fâche pour un oui ou pour un non, je peine à trouver le sommeil et les médicaments me rendent totalement fou. J'ai les nerfs en vrac et je ne fais aucun efforts pour rester calme, je l'avoue. 

Vic: Tu va bien ? 

Moi: Ca dépend quoi. 

Vic: Tu veux que je fasse quelque chose pour toi ? 

Moi: Non. 

Elle soupire et préfère ranger ses achats, sentant une dispute venir. J'ai envie de me lever mais mission impossible, j'ai beaucoup trop mal. Alors je souffle bruyamment. 

Vic: Bon tu a finis ? Fini de râler pour tout et rien ? 

Moi: J'ai encore le droit d'avoir mal non ? 

Vic: Avoir mal oui, être désagréable avec le monde qui t'entour, non. 

Moi: Donc je fais quoi ? Je la ferme et souffre en silence ? 

Vic: On veut juste t'aider mais tu casse les pieds de tout le monde et refuse de l'aide. Alors si tu refuse d'être aider, tu ne dit rien, merci.

Ca y est, le moment que je redoutais tant est là. Victoire et moi en train de se disputer. Pour une stupide blessure. 

Moi: C'est bon j'ai compris, je la ferme. Tu veux que je me taise, alors je me tais. 

Vic: Tu te moque de moi j'espère ? Je ne te demande pas de te taire, simplement d'accepter notre aide, tu comprend ? Ou tu le fais exprès ? 

Moi: Je fais exprès de quoi ? C'est toi qui te moque de moi actuellement. 

Vic: C'est bon tu a gagné. Je me casse. 

Elle sort de la pièce et claque la porte d'entrée. Elle est partie faire un tour et je m'en veut. C'est de ma faute, tout est de ma faute. 

Je dois m'excuser auprès d'elle. Benji creuse toi la tête et trouve un moyen de t'excuser. Je prend mon ordinateur et cherche sur internet ce qui lui ferais plaisir. Je vois qu'elle possède des paniers de vêtements non acheter. Je lui valide ses paniers et on verra bien sa réaction. J'espère que notre dispute ne durera pas plusieurs jours. 

Toi et moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant