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    De retour dans mon bureau, je me remets à taper le manuscrit de M. Han. Je n'ai même pas le temps de profiter du roman. Je dois me dépêcher pour être dans les temps. Mes doigts frappent frénétiquement sur le clavier tandis que mes yeux suivent les lignes écrites. J'ai l'impression d'être un robot, comme ça. Frapper sans regarder l'écran est devenu une compétence nécessaire. C'est plus pratique pour la retranscription.

    Il est 18H30. La plupart de mes collègues sont partis. Il ne reste plus grand monde. Je sais que M. Kang, le patron, est encore là. Il y a encore de la lumière dans son bureau. Il reste souvent très tard.

    Kang Dae-Ho. Il est le fils du fondateur de cette maison d'éditions. Je ne l'ai rencontré que quelques fois. Tout ce que je sais de lui, c'est qu'il est d'une beauté renversante et d'un charisme à couper le souffle. Il fait environ 1m87, il a de larges épaules et tient la forme. Il n'est pas trop musclé, mais c'est suffisant. Il a repris la boîte il y a six mois. Il n'a viré aucun employé et c'est une bonne chose. Beaucoup disent qu'il est très gentil mais sait être autoritaire lorsqu'il le faut. C'est un bon patron.

     Je m'étire un coup et me lève pour me dégourdir les jambes. Je suis à un peu plus de la moitié de la retranscription. Je vais essayer de la finir ce soir. Au moins, ça sera fait. Je vais faire une pause dans l'open-space. Je sors mon portable et remarque que j'ai un message de Yoon.

De Yoon :

Viens chez moi ce soir, s'il te plaît. Je ne peux pas attendre demain. J'ai envie de te voir. Peu importe l'heure, je t'attendrai !

     Je soupire et réfléchis un instant. Je vais certainement finir vers minuit, une heure de matin. Je ne sais pas si j'aurai l'énergie pour aller chez Yoon. Le connaissant et vu son comportement aujourd'hui, il ne se contentera pas d'un seul round. Rien que d'y penser, je suis fatigué. Je verrai bien tout à l'heure.

- Bonsoir !

    Je sursaute en entendant une voix résonner dans la pièce. Je tourne la tête et tombe sur un homme vêtu d'un costume trois pièces, hors de prix. Je me lève d'un bond et m'incline respectueusement :

- Bonsoir, Monsieur Kang !

- Tu es Seo-Jun, c'est ça ?

- Oui, Monsieur, Hwan Seo-Jun.

    L'homme hoche la tête et me sourit gentiment. Je ne l'ai pas entendu ouvrir la porte. J'étais tellement dans mes pensées, à réfléchir si j'allais oui ou non coucher avec Yoon aujourd'hui. Mon visage s'empourpre et le bas de mon ventre se contracte. Merde, calme toi Seo-Jun.

- Alors, ça se passe bien la retranscription du roman de M. Han ?

     Je secoue la tête et regarde mon patron. Ce dernier s'appuie contre une table et déboutonne sa veste avant d'enfoncer une main dans sa poche. J'avale ma salive avec difficulté et feins un sourire en répondant :

- Oui, très bien. Je fais en sorte d'avoir fini pour demain.

- Génial. J'apprécie d'avoir des employés motivés et rapides.

- Bien sûr, Monsieur. Je... J'y retourne !

    M. Kang hoche la tête en souriant. Je passe près de lui et incline légèrement la tête. Son regard me suit jusqu'à ce que je sois sorti. Je vais m'installer derrière mon bureau, la respiration hachée. Je souffle un grand coup et essaie de balayer toutes les pensées qui m'assaillent. C'était la première fois que je me retrouvais seul avec mon patron et j'ai complètement merdé. Il va croire que je suis un mec hyper bizarre maintenant.

     Je souffle encore un coup et tente de calmer mes ardeurs. Le message de Yoon et son comportement tout à l'heure me font perdre la tête. La tension que j'ai senti dans la pièce avec M. Kang m'a encore plus déstabilisé.

- Bon, ce n'est pas le moment de penser à ça...

    Je reprends mon travail, essayant désespérément de bloquer toutes les images inappropriées me venant à l'esprit.


    Il est 23H45. J'ai terminé de taper le texte. Je suis complètement rincé. Seulement, mon corps me fait ressentir une espèce d'excitation. J'ai essayé de ne pas penser à Yoon ces dernières heures, sans grand succès. Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs. C'est mon sex-friend, certes. Mais d'habitude, je ne suis pas autant pressé d'aller le voir.

    J'enregistre mon travail et éteins mon PC. Je prends mes affaires et m'apprête à quitter les bureaux. Mon regard tombe sur le bas de porte de mon patron. Lui aussi est toujours là. Je me demande ce qu'il fait à cette heure-ci.

    Je décide d'aller frapper à sa porte. Sa voix grave m'autorise à entrer. Je ne suis jamais entré dans cette pièce. Elle est plutôt grande, mais sans trop de meubles. Il y a un grand bureau, des armoires remplies de livres et un coin « détente » avec un canapé et une table basse. Je dirige mon regard vers le fond de la salle, où se trouve M. Kang.

    Mon cœur rate un battement en le voyant. Il a mis des lunettes rondes noires et fixe son écran. Il est encore plus sexy comme ça. C'est mon style idéal.

- Oui, Seo-Jun ?

    Je reviens sur terre en entendant sa voix. C'est vrai. Je suis venu le voir mais je n'ai pas encore ouvert la bouche. Je m'éclaircis la gorge et m'avance vers son bureau. Il retire ses lunettes d'un geste gracieux et les pose sur la table. Il joint ses longs doigts ensemble et me fixe avec un léger sourire. Bordel de merde, je vais mourir. Je respire un grand coup et lui dis :

- Pardon de vous déranger, j'ai terminé le livre de M. Han. Est-ce que vous voulez que je lui envoie un message pour qu'il vienne demain ? Vous vouliez l'éditer avant ce weekend.

- Oh, c'est vrai. Non, pas la peine. Finalement, ça attendra la semaine prochaine...

    Son sourire s'agrandit tandis que les bras m'en tombent. Je viens de dépêcher à tout mettre sur ordinateur pour rien. Je suis dégoûté. Tu es surtout dégoûté de ne pas avoir pu aller chez Yoon plus tôt, dévergondé. Ma conscience me met une tape derrière la tête. C'est faux. Enfin, je crois.

    Je force à mon tour un sourire vers mon patron et hoche la tête. Je n'ai qu'une envie, exploser sa jolie petite gueule sur son bureau. Certes, au moins le travail est fait. Cependant, j'aurais préféré prendre mon temps et lire ce que M. Han a écrit plutôt que de tout taper comme un robot de merde.

- Bien, sur ce. Je vous laisse...

- Oui, bonne soirée, Seo-Jun.

    La façon dont il prononce mon prénom m'envoie des frissons dans tout le corps. Mon imagination se met en ébullition et me fait miroiter mon patron crier mon nom allongé sur son bureau, à moitié nu. Je sors de la pièce, fiévreux. Je ferais mieux d'aller vite chez Yoon avant de péter un câble. J'ai besoin de me défouler, urgemment.

    Je saisis mon portable et appelle Yoon. Il décroche très vite. Je lui dis de but en blanc :

- J'arrive chez toi dans dix minutes, tu as intérêt à être prêt.

- Je t'attends... soupire-t-il, suavement.

    Je raccroche et me précipite vers ma voiture. Cette nuit va être torride.

UNDER THE RED LIGHTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant