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    Tous les collègues commencent à partir, tranquillement. La journée arrive à sa fin. Je suis également en train de terminer d'envoyer un mail à M. Han et à Jaemie pour une rencontre la semaine prochaine. Dès que j'ai bouclé ça, je me tire. Généralement, les vendredis soir, si je ne vais pas dans des boîtes, je rends visite à ma mère et à ma petite sœur. Je ne les vois pas souvent. Puisque mon travail me prend beaucoup de temps, et que je veux faire le meilleur possible, j'ai un peu mis de côté la case « famille », au grand désarroi de ma mère.

    J'attrape mon téléphone et envoie un message à ma sœur pour la prévenir de ma venue. Puisqu'elle est toujours accrochée à son portable, elle me répond dans la seconde un simple « O.K ». Seo-Ha est une jeune adulte de 20 ans. Elle sort d'une fac d'art et dessine des romans graphiques, des webtoons et tout un tas de choses. Je lui ai proposé de présenter ses histoires, mais puisqu'elle n'est pas très ponctuelle et sérieuse, c'est compliqué de la publier. Il faut un minimum d'assiduité. Seo-Ha n'en a aucune.


    Je soupire un grand coup et m'étire. J'appuie sur « Envoyer » et j'ai terminé ma journée. C'est le weekend. Je vais pouvoir me poser un peu après une fin de semaine si chargée.

- Des choses de prévues pour les prochains jours ?

    Je tourne la tête et croise le regard de mon collège, Hoseok. Il est en train de ranger ses affaires dans son sac et me sourit. Je hoche la tête et lui réponds :

- Quelques trucs, oui. Rien de bien incroyable. Et toi ?

- J'emmène ma fiancée en weekend. J'ai l'intention de la demander en mariage.

- Waouh ! Eh bah bonne chance, Hoseok. Je te souhaite le bonheur du monde !

- Merci, Seo-Jun. Je suis sûr que ça sera bientôt ton tour ! Bon, à lundi !

    Je souris et le fixe s'en aller. Je n'ai pas de plan de mariage. Je ne suis même pas en couple et j'en n'ai pas l'envie pour le moment. Je suis très bien dans ma situation.

    Je me lève de mon bureau et ramasse mes affaires. Mon téléphone m'indique des notifications sur le groupe de parole. Je suppose qu'ils sont en train de parler de la sélection pour le club. Je n'ai pas encore de nouvelles. Cela ne fait pas longtemps que j'ai transmis ma candidature, mais ça ne devrait pas tarder. Un « non » me ferait mal au cœur. J'attends depuis plusieurs années. Je n'irais pas à dire que c'est l'un de mes rêves. Cependant, c'est une occasion pour moi de pratiquer mon hobby de façon régulière. Je verrai bien.

    Je traverse le couloir pour rejoindre les ascenseurs. J'appuie sur le bouton et patiente qu'il arrive. Au moment où l'appareil s'ouvre à l'étage où je suis, mon patron apparaît à mes côtés et pénètre l'habitacle avant moi. Je vais me retrouver avec lui dans ce petit espace ? Tu peux le faire, Seo-Jun. Eteins ton cerveau pour quelques secondes.

    J'inspire un grand coup et entre à mon tour. L'homme appuie sur le bouton du rez-de chaussée. Grâce aux miroirs de l'ascenseur, je peux le voir sans qu'il ne croise mon regard. Il tient son blazer d'une main et pianote sur son téléphone rapidement. Il a un sac à son bras et je peux apercevoir quelque chose dépasser. Je fronce les sourcils, pensant reconnaître une espèce de logo sur un morceau de papier. Avant que je puisse deviner, l'ascenseur s'arrête et les portes s'ouvrent.

    M. Kang marche d'un pas déterminé et rapide vers la sortie. Il ne me lance pas un regard et s'écrie :

- Bon weekend, Seo-Jun !

- Merci, Monsieur, à vous aussi !

    Il lève la main et disparaît de mon champ de vision. Je ne peux m'empêcher de me demander ce qu'un homme aussi riche que lui peut faire de ses weekends. Il doit certainement faire des dîners à n'en plus finir et des activités mondaines, comme le golf ou autre. Enfin, sa vie doit certainement être palpitante.


    Je me gare devant chez ma mère et débarque de la voiture. J'entre dans la cour. Byeol, le chat blanc de Seo-Ha accourt vers moi. Je la prends dans mes bras et la caresse. Elle se frotte chaleureusement contre moi pendant que je poursuis mon chemin. Ma mère m'ouvre la porte et me sourit joyeusement.

- Seo-Jun, mon grand !

- Bonjour, maman !

     Elle me serre un instant contre elle et se décale pour que je puisse entrer. Au même moment, Seo-Ha descend de l'étage. Comme d'habitude, elle porte un pull énorme et un jogging. Elle me lance un regard blasé et continue d'avancer en traînant les pieds. Son chat saute de mes bras et la suit. Ma sœur ne changera donc jamais.

- Tu as de la chance de la voir... soupire ma mère. Elle apparaît que pendant les repas, et encore...

- Quand est-ce qu'elle va grandir...

- Peu importe, viens. Je te prépare un café !

    Ma mère a toujours été de caractère posé et calme. Elle nous a tout donné. Même après le décès de mon père à mes 15 ans, elle s'est démenée pour que nous ne manquions de rien. Elle a payé une partie de mes études et celles de Seo-Ha. Ça m'énerve d'autant plus de voir ma sœur se comporter ainsi. Elle pourrait au moins lui donner un coup de main pour la maison.

    Durant plusieurs heures, j'ai discuté avec ma mère de mon travail. Elle suit les actualités de notre maison d'éditions et sait qu'il y a un nouveau patron. Pendant qu'elle cuisine, elle me demande :

- Comment est ce jeune homme ?

- Eh bien... Il est très professionnel, mais je le trouve un peu fourbe...

- Fourbe ? s'exclame maman.

- Oui... Disons qu'il a des expressions du visage et une façon de parler assez mesquins. On dirait qu'il est sympa, mais que d'un coup, il peut facilement te la mettre à l'envers. Tu vois ce que je veux dire ?

- A peu près oui. Et il est beau garçon ?

    Un sourire espiègle courbe les lèvres de ma mère. Je lui lance un coup d'œil, faussement ennuyé. Elle sait que je suis gay et ça ne lui a jamais posé de problèmes. Sauf que, comme toutes les mamans, elle espère que je sois avec quelqu'un et vive heureux. Elle a donc tendance à me demander comment sont les hommes de mon entourage.

- Oui, il est pas mal. Mais c'est mon patron et je n'envisage pas de me mettre avec quelqu'un pour l'instant... Tu le sais, maman.

- Oui, je te taquine mon grand !

    Je la regarde attendri. J'aime tellement cette petite femme. Je lui dois beaucoup. Si je travaille autant, c'est aussi pour la rendre fière. Elle a été courageuse malgré les difficultés que nous avons traversées. Je l'admire pour ça.

- Bien, nous allons passer à table ! Seo-Ha, viens manger !

     Ma mère crie à l'attention de ma sœur, affalée dans le canapé. Je l'entends souffler et s'approcher. Au moment où elle s'installe, mon téléphone sonne, m'informant d'un nouveau message. Je sors brièvement mon cellulaire de ma poche et jette un œil.

    Mon regard croise quelques lettres : « ...D LIGHT ». Mon cœur bondit dans ma poitrine. J'ai une réponse du club !

    L'excitation et l'anxiété se déversent en moi comme un torrent déchaîné. Je vais devoir attendre quelques instants avant d'ouvrir ce message. La tension est à son comble !

UNDER THE RED LIGHTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant