Durant une bonne heure, je suis resté avec Yoon pour essayer de le consoler et de lui faire comprendre que je ferai attention. Je me suis assuré qu'il allait vraiment mieux avant de le laisser pour rentrer chez moi. Je suis épuisé. Cette journée était riche en rebondissements. Je n'ai qu'une envie, prendre une douche et me poser devant une série ou directement me coucher. J'ai besoin de penser à autre chose pour les prochaines heures avant de retourner au boulot demain, affronter mon cher boss.
Je n'aurais jamais pensé que le père de Dae-Ho puisse être si vindicatif. Tuer des gens pour protéger la réputation de sa famille. C'est complètement fou. En plus, si jamais cela venait à se savoir, le nom des Kang sera vraiment terni à jamais. Ca sera encore pire que si tout le monde savait que le fils de cette riche famille était gay. Forcément, ça fera parler. Néanmoins, on est en 2023, bientôt 2024, les gens sont plus ouverts d'esprit sur l'orientation sexuelle des gens. Même ici, en Corée. La population accepte quand même de mieux en mieux les personnes homosexuelles. Et puis, il faut vivre avec son temps. Evidemment, il y aura toujours des cons pour cracher sur les gens qui ne rentrent pas dans les moules de leur société parfaite. Personnellement, je pense que les gens seraient étonnés, oui, mais au bout d'un moment, ils en auraient rien à foutre. Chacun sa vie, peu importe si tu es richissime ou dans un milieu modeste, ou pauvre.
C'est toujours difficile au début de faire son coming-out. Je n'osais pas le dire à ma mère, craignant qu'elle me rejette comme peuvent le faire certains parents. Au final, c'est elle qui m'a sorti les vers du nez, avec énormément de bienveillance. Elle m'a même dit : "Tu sais, je pense que les gays, c'est comme les canapés, il y en a un dans chaque famille. Ce n'est pas pour autant que je t'aimerai moins. Tu restes mon fils." Je me souviendrai toujours de ses mots. Bien entendu, toutes les familles ne réagissent pas de la même manière. Surtout chez les riches.
En rentrant chez moi, je jette un oeil à mon portable. J'avais oublié que j'avais eu des messages et un appel. Je déverrouille l'écran tout en fermant à clé la porte. Le nom Kai apparait devant mes yeux. Ma gorge se serre instantanément. Je ne lui ai par dit au revoir, lorsque nous sommes sortis de l'ascenseur. Je me suis précipité vers le parking pour éviter les soupçons. Malheureusement, j'ai été confronté à son père.
De Kai :
Tu as filé comme un voleur, tout à l'heure ! Ton rendez-vous avec ton ami était si important ? :)
Je ne sais pas si je dois lui dire la vérité ou pas. Yoon m'a dit de l'informer que son père m'avait giflé. Après tout ce qu'il m'a raconté, je suppose que Dae-Ho est arrivé à un stade où il ne laissera pas son père s'en tirer à se bon compte. Si mon patron apprend que son géniteur a levé la main sur moi, il va certainement péter un câble. Enfin, je pense.
Je commence à taper sur mon écran pour expliquer les événements de tout à l'heure. Je m'affale dans le canapé et lis plusieurs fois mon message. Je n'ose pas l'envoyer. La situation est déjà merdique, je crains qu'elle ne le devienne encore plus. J'efface complètement ce que j'ai écrit et réponds simplement :
De moi :
Désolé... :/ J'étais en retard et j'ai vu que ton père t'attendait... Je n'ai pas voulu prendre plus de ton temps.
Je soupire un grand coup et appuie sur "Envoyer". C'est nul comme réponse, mais c'est tout ce que je peux dire. De plus, si je lui avais dit que j'avais reçu une gifle de son père, il aurait été capable de m'appeler et de débarquer chez moi, tout comme Yoon si je ne m'étais pas rendu à son appartement. Je verrai bien demain si j'ai le courage de lui en parler. En attendant, je dois réfléchir si je poursuis ce que nous avons commencé ou si j'arrête tout maintenant, avant de tomber encore plus dans ses bras. Je sais qu'au club, je pourrai avoir quelqu'un d'autre, seulement, Kai va sûrement être totalement contre cette idée et risque de faire une esclandre. Il y a tellement de choses auxquelles je dois réfléchir.
- Bon, tu verras ça plus tard... me murmuré je, épuisé.
Je ferai mieux de me coucher. La nuit porte conseil comme on dit. Selon comment se passera la journée demain, j'aviserai. En attendant, autant me concentrer sur mon travail pour quelques temps.
La nuit n'a pas particulièrement été bénéfique. J'ai eu beaucoup de mal à m'endormir. Je n'ai fait que tourner en boucle les paroles de Yoon et les événements d'hier au bureau. Et pour le peu que je réussissais à m'endormir, j'étais assailli de mauvais rêves où le père Kang cherchait à m'éliminer. Une super nuit, en somme.
Après une bonne douche et un petit-déjeuner, je suis parti pour le boulot. J'ai quand même une légère appréhension de voir Dae-Ho. Enfin, je suis content de le voir mais j'ai l'impression qu'au plus je le côtoie, au plus mon corps est expressément attiré vers lui. Sauf que plus je l'approche, plus son père peut me tomber dessus et décider de me faire disparaître. Un frisson me parcourt rien qu'à l'idée qu'il engage des gorilles pour me démolir. Quel enfer.
En arrivant près de la boîte, je remarque qu'il y a quelques photographes devant la porte. Les employés passent devant eux, interloqués par leur présence. Qu'est-ce qu'ils viennent faire là ? Mon ventre se contracte en pensant que quelques informations ont peut-être fuité sur mon patron, sa double vie et notre relation. Tu t'es fait griller à jouer à "saute ton boss" ? Bollosse.
Les paparazzis sont forcément là pour Dae-Ho, il n'y a personne de connue ou d'ultra riche comme lui dans cet immeuble.
Je m'engage dans le parking souterrain et me presse de rejoindre les étages pour savoir ce qu'il se passe. En arrivant à l'accueil, je vois qu'il y a une plus grande sécurité par rapport à d'habitude. Tous les employés sont contrôlés avant de monter. Je sors mon badge et jette un oeil vers la porte principale. Certains de mes collègues sont justement en train de discuter. Je reconnais Yuna et Hoseok. Je me dirige vers eux et les salue avant de demander :
- Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Je ne sais pas trop. Ils attendent sûrement M. Kang... commence Yuna, perplexe.
- A mon avis, il doit y avoir une annonce de la famille Kang. Un truc important... poursuit Hoseok.
- Eh, regardez ça ! s'écrie un autre employé.
Le gars se penche vers nous avec son téléphone à la main. Son écran affiche un article de journal. Il date d'il y a une heure. Mon regard parcourt les mots et je tombe sur le gros titre :
"M. KANG DONG-MIN, ANCIEN PDG DE L'ENTREPRISE KANG BOOKS, ANNONCE LES FIANCAILLES DE SON FILS, KANG DAE-HO, AVEC CHOI HYE-JIN, LA FILLE D'UN CELEBRE DESIGNER."
Mes yeux s'écarquillent et mon coeur rate un battement. Une drôle de sensation se déverse dans mon corps, un mélange de colère, de choc et une espère de tristesse. J'ai l'impression de recevoir une nouvelle gifle de l'ancien patron. Je sens mes jambes trembler légèrement. Pourquoi est-ce que je réagis comme ça ? C'était pourtant couru d'avance. Nous savons tous que les familles riches arrangent encore des mariages, même au XXIe siècle. Quelle bande de snobs.
Au même moment, on entend les paparazzis à l'extérieur s'exciter. Nous levons tous les yeux tandis que les vigiles pour demandent de débarrasser les lieux pour laisser la place aux journalistes. Nous nous dirigeons donc tous vers nos bureaux pour nous mettre au travail. Dans l'ascenseur, tout le monde parle de cette nouvelle avec enthousiasme. Moi, je reste silencieux, le regard dans le vide et la gorge serrée. J'ai soudainement encore moins envie de confronter Dae-Ho. Maintenant qu'il est fiancé officiellement, il va être encore plus surveillé. Je dois tout abandonner avec lui, pour son bien et le mien. Je n'ai plus le choix.
Le destin est venu me mettre une petite tape derrière la tête pour me remettre les idées en place. Nous ne sommes pas du même monde. C'était génial pour le peu de temps que nous avons passé ensemble. Maintenant, il faut revenir à la réalité. Fais chier, bordel...

VOUS LISEZ
UNDER THE RED LIGHT
General FictionSérieux, charismatique, influent, beau, sexy... Tous ces adjectifs décrivent l'allure de mon patron. Tout le monde dans la boîte le respecte et l'adule. Moi y compris. Sa beauté et son regard franc font palpiter mon cœur, et pas que. Je n'aurais ja...