ASLAN
12 Juillet 2022. Chicago.
"-Va dans la salle de bain.
Comme un robot, j'écoute et m'empresse d'exécuter ses ordres. Mes pieds nus montent les marches les unes après les autres. La douleur est normale, tellement habituelle que je me sens vide quand je ne souffre pas.
Je pousse la porte de la salle de bain. Elle est sale, elle sent la moisissure, tu as beau te laver, tu ressors aussi sale. Je me débarrasse de mes habits et les laisse tomber au sol. Je sais déjà ce qu'il va m'arriver.
Dans quelques minutes il va allumer le jet sur la température la plus élevée et va m'arroser avec jusqu'à ce que j'hurle de douleur, jusqu'à ce que ma peau soit rouge, jusqu'à ce que je pleure, mais surtout jusqu'à ce qu'il soit satisfait. Il n'arrêtera pas avant parce que ce sont ses souhaits, ses ordres, ses désirs qui passent avant.
Je reconnais ses pas, il monte lentement les escaliers pour me faire paniquer, pour que j'appréhende, pour que mon coeur accélère, pour que la peur se dessine sur mon visage. Je suis terrorisé face à lui, mon propre père me fait peur, il m'effraie. Je suis paralysé face à lui.
Quand mon seul ami m'a répété à plusieurs reprises que son père était gentil, je n'y ai pas cru. Après tout, pourquoi il y aurait que le mien qui serait méchant ? Pourquoi eux aussi ne souffrent pas, pourquoi ils ont tous une famille aimante ? Il est dans la salle de bain.
J'ai senti la porte être poussée, il tente d'être silencieux mais je suis devenu attentif à tout mouvement autour de moi pour mieux appréhender. Un sursaut me prend quand il claque sa bouteille vide contre le mur en carrelage de la douche, juste à côté de ma tête. Les bouts de verre tombent au sol autour de mes pieds déjà meurtris. Il va me demander de marcher dessus alors avant qu'il me demande de le faire, je le fais.
-Tu vois, tout va tellement mieux quand tu fais ce que je te dis.
Une larme dévale ma joue, je ne sais pas vraiment pourquoi je pleure. Ma tête est un bordel. Je ferme les yeux quand il pose le reste de sa bouteille sur mon dos. Je mords ma joue à sang pour ne pas lâcher un bruit.
Le seul truc que je peux encore faire, c'est de retenir ma douleur, c'est ma seule façon de me rebeller parce qu'il déteste ça. Une fois que le résultat lui convient, il laisse tomber le reste du verre.
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L'eau brûlante frappe ma peau, elle entre en contact avec mes plaies, j'ai l'impression de me prendre des milliers de coups de couteaux en même temps. L'air devient étouffant, j'ai mal, j'ai très mal, mais je ne dis rien et prie pour que je m'endorme.
-Tu vois mon loup, je recommencerai à chaque fois, chaque jour, parce que je jouis de ta douleur. C'est mon plaisir, j'adore ça.
Il tire mes cheveux penchant ma tête en arrière, sa langue passe sur ma joue pour récupérer mes larmes. Je suis condamné. Il est beaucoup trop dans ma tête et sur mon corps pour que je puisse l'oublier un jour."
La violence avec laquelle je me redresse me fait mal à la tête. En vacillant, je me dirige avec du mal dans ma salle de bain. J'ouvre le robinet au maximum sur le jet froid et regarde la baignoire qui se remplit. Je m'appuie contre le mur et allume une cigarette.
Je dois d'abord me calmer, je crève de chaud, je vais claquer si je plonge dans l'eau glacée. Je crache la lumière et jette un coup d'oeil au détecteur de fumée. Il ne faut pas qu'il se déclenche, je ne veux pas réveiller Andrei.
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ASTREAS
ActionD'un côté, Cayetano Benedetti. Des meurtres. Des meurtres. Voilà ce qu'il se passe en ce moment dans la boîte de Cayetano. Un tueur s'amuse à tuer ses employées. Alors qu'il passe à l'étape supérieure, il trouve une solution. De l'autre Aslan As...