ASTREAS

39 | Noir total.

ASLAN

6 Septembre 2022. Chicago.

"Enième coup de la journée, il est onze heures. Je n'ai pas dormi, ils ne m'ont pas laissé fermer l'oeil. A peine je ferme les yeux plus longtemps que deux secondes, je reçois un coup de pied dans les côtes. Je souffre tellement, respirer est une plaie. Si seulement je pouvais dormir pendant longtemps.

-Ne dors pas.

Ma joue est contre le sol froid, des frissons ne cessent de recouvrir ma peau. On est en hiver et il n'y a pas de chauffage à la maison, ça coûte trop cher et on a pas d'argent. Enfin pas d'argent pour le chauffage parce qu'ils trouvent pour la drogue et l'alcool.

-Il faut l'enfermer. J'ai des amis qui viennent, je veux pas qu'il pollue l'air.

S'il savait que je préfère être dans la cave seul plutôt qu'ici près d'eux. De toute façon, être ici ou à la cave ne change rien, je n'ai rien de plus. Maman m'attrape par le bras et me pousse dans la cave, je roule dans les escaliers et atterrit en bas. Elle me jette une bouteille d'eau et deux pommes.

-Pas un bruit. ordonne t-elle

Elle claque la porte et ferme à clé. J'allume la petite ampoule et m'assois sur les marches.

-Psst Aslan ! chuchote une voix

Je m'approche du petit trou qui sert de vitre, je ne peux pas sortir à cause des barreaux. Hope passe sa main, du chocolat. Je le prends et la regarde. Elle est restée un peu avec moi pour parler et ne pas me laisser seul. Malheureusement elle est vite partie, la position couchée n'est pas confortable pour elle. 

Toute la journée j'ai entendu les pieds claquer en haut ainsi que leur rire. Ils ne se doutent pas que je suis en bas ou alors ils savent mais ne font rien. Je m'allonge et ferme les yeux pour essayer de dormir. Le temps passe plus rapidement même si je fais des cauchemars. "

Je vais devenir fou. Je n'ai pas une minute de silence dans cette pièce. Des vidéos tournent en boucle. Je me revois à mes dix ans, treize ans, seize ans. Je n'en peux plus, c'est une torture mentale.

Ma tete va exploser. Même en lui tournant le dos les bruits restent et s'infiltrent dans mes oreilles. La lumière ne s'éteint jamais et j'ai l'impression qu'elle est encore plus forte. Je suis épuisé, je n'arrive pas à fermer l'oeil. 

Il doit bien se marrer derrière. Je sais qu'il me voit, il a dû installer une caméra. Le temps est long, j'ignore combien de temps est passé mais je vais devenir taré, si je dois encore subir ça encore longtemps. Je préfère qu'ils me frappent, la torture mentale est trop compliqué à supporter. 

On m'autorise à sortir pour aller aux toilettes, une fois par jour, surveillé par deux hommes armés. J'ai essayé de marcher dans toute la pièce pour m'épuiser. Mes yeux me brûlent mais impossible de dormir. C'est le pire quand le sommeil est tout prêt mais que tu n'arrives pas à plonger dedans. 

La porte grince et s'ouvre. Je me redresse et tombe sur la droguée, son bras est dans un plâtre. Elle me balance une bouteille d'eau ainsi qu'une pomme. J'ai le droit à un repas consistant qu'une fois par jour. Et quand je dis consistant, je me comprends, c'est pas de la gastronomie, juste plus nourrissant qu'une pomme.

-Debout.

Je m'exécute et ne dis rien, je pourrais tout faire pour sortir d'ici. Je boite un peu le temps de me remettre en marche. On me prend les bras et me guide. On longe un couloir sombre, des hurlements résonnent de partout.