19 | Italien.

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CAYETANO

3 Août 2022. Chicago.

Je déteste cette ambiance pourtant je force mes jambes à avancer pour passer cette foutue porte. L'atmosphère est lourde, l'air est étouffant pourtant on est en plein air. Je continue d'avancer, passant devant une multitude de tombes.

Certaines sont impeccablement nettoyées, d'autres sont recouvertes de feuilles, de poussières. Je finis par arrêter d'avancer. Je me baisse et fixe cette plaque. 

Damiano et Romee Benedetti. 

Terrence est venu, un bouquet de roses est posé et ce sont les fleurs préférées de mon frère. Il ne le dit pas mais il vient très souvent, il n'en parle pas pour ne pas attirer la pitié des autres. Je le comprends, je fais pareil.

-ça fait longtemps.. commencé-je

J'allume une cigarette et admire le nuage de fumée qui s'échappe. La douleur est horrible, perdre un membre de sa famille est horrible. La douleur dans la poitrine dès que tu y penses est insupportable, j'ai l'impression qu'on n'y plante un couteau à chaque fois.

-Est ce qu'un jour je vais réussir à ne plus avoir mal en pensant à vous ?

Je m'efforce de les chasser de mes pensées au quotidien, c'est peut être horrible mais en attendant la douleur n'est plus là. Je viens rarement ici mais je m'assure que la tombe est nettoyée et toujours fleurie, et Terrence le fait, il a besoin de souvent leur parler.

-Pour être honnête avec vous Maxwell et Gilles me cassent véritablement les couilles.

Ils ont été les premiers à me faire des remarques sur ma soi-disant joie juste après la mort de mes parents. Juste parce que je souriais. 

Les gens ont du mal à comprendre que ce n'est pas parce que tu souris que tu es vraiment heureux et que tu ne souffres pas au fond. Sourire, c'est juste un masque, quelque chose que tu fais pour ne pas qu'on te pose des questions et qu'on te rappelle pourquoi tu souffres. 

Eux s'en foutaient de ça, ils étaient juste heureux de se foutre de ma gueule. Parce qu'en réalité, ils ont jamais été triste, au contraire je les soupçonne même d'avoir sauté de joie, enfin Gilles va avoir du mal, ce con est vieux, il pourrait se casser les chevilles rien qu'en marchant alors sauter...

-Les affaires sont de plus en plus compliquées, j'ai maintenant un tueur près de moi qui s'amuse à tuer mes employées.

Je balance la tête en arrière et crache ma fumée.

-Je suis certain que vous savez qui sait. Honnêtement j'ai pas vraiment d'idée ça peut être n'importe qui. Tout le monde peut être suspect.

J'écrase ma cigarette et garde mon mégot pour le jeter après. Ma mère déteste les cons qui jettent leur mégot au sol.

-J'ai passé un marché avec Aslan Astreas. Personnage très original et très surprenant.

Un petit rire m'échappe en pensant à la dernière fois que je l'ai vu. Il m'a surpris, c'est, je crois la première fois qu'il prend les devant comme ça. Je souris, je veux tout savoir de lui et je vais y arriver.

-Il est du genre à te dire merde s'il en a envie. Je crois, non, je suis sûr, j'aime ça, ça ajoute quelque chose à ma routine.

Mon attention se tourne vers un vieux qui marche tout doucement à l'aide de sa canne, dans sa main libre, il a un bouquet de fleurs. Il se met à genoux, avec du mal, mais avec de la détermination il finit par y arriver. Il passe sa main sur la tombe pour la nettoyer avant de poser le bouquet. Je vois ses lèvres bouger lentement.

ASTREASOù les histoires vivent. Découvrez maintenant