Chapitre 24

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Voilà une semaine que je n'ai plus vu Seth, que j'évite Lucas et que je fuis maman. Mais je ne peux plus repousser l'échéance. Je dois prendre mon courage à deux mains et tout lui dire... Sauf que je ne sais pas comment je dois m'y prendre. J'ai passé la matinée à chercher sur internet la « meilleure façon d'annoncer sa maladie à un proche ». Comme s'il y en avait une.

J'ai trouvé toutes sortes de conseils « Il ne faut pas garder ça pour soi », « Parler, c'est important » et « Trouver les mots pour adoucir le choc ». Celui-ci m'a bien fait rire. On dit quoi à une veuve qui est sur le point de perdre son enfant unique ? "Je suis désolée maman, mais je ne resterai pas longtemps." Ou alors "Vraiment désolée maman, mais à cause de moi, tu vas encore plus souffrir ?" Le bruit de la porte d'entrée qui s'ouvre me sort de mon débat intérieur. Je me lève, me regarde dans le miroir et m'encourage.

Je passe la porte de ma chambre et attends. Ma main reste accrochée à l'encadrement de la porte et c'est avec difficulté que je parviens à la lâcher et à descendre. Mes pas sont lents et mon corps tremble quand j'arrive enfin dans la cuisine. Maman est là et je l'observe sur le pas de la porte. Je la regarde, l'admire. Elle est belle, vraiment. Ses cheveux bruns sont soignés et ses ongles manucurés. Elle a repris goût au maquillage, à la coquetterie. Et je m'en veux parce que je suis sur le point d'anéantir tous ses efforts. Elle se tourne et me voit enfin, munie d'un magnifique sourire.

— Bonjour mon cœur, je n'ai pas osé te réveiller. J'ai fait des courses, me dit-elle en les posant sur le comptoir.

— Maman...

Ma voix est faible. Je veux l'appeler plus fortement, mais le courage me manque.

— Tu veux manger quoi ce soir ? Je peux nous faire des enchiladas ou je peux faire une pizza maison. Qu'est-ce que tu préfères ?

Elle ouvre le frigo et range nos provisions. Pendant ce temps, mon cœur hurle « je vais mourir », mais aucun son ne sort de ma bouche. Maman se tourne vers moi et ses sourcils se froncent lorsqu'elle remarque que je n'ai pas bougé.

— Maman.

Un mot, un seul. Rien de plus. Ma voix est un peu plus forte, mais toujours tremblante.

— Tout va bien ? Tu es toute pâle, Max.

Elle s'approche et passe sa main sur mon front. Je ferme les yeux et inhale l'odeur de son parfum. Je sais que dès demain, elle n'en mettra plus.

— Tu ne couves pas quelque chose ?

Pardon Maman. Pardon, pleure mon cœur.

— Maman...

Ma voix est enrouée. C'est le seul mot que j'arrive à prononcer, mais pourquoi je n'arrive à rien dire d'autre ? Mon regard croise le sien et je sais qu'elle a compris. Elle a compris que quelque chose ne va pas.

— Qu'est-ce qu'il se passe, Max ? me demande-t-elle inquiète.

Je prends une inspiration et baisse le regard.

— On m'a diagnostiqué une S.L.A.

Ça y est, c'est sorti. La manière dont j'ai lâché le morceau n'était pas douce. C'était dénué d'émotion, comme si je lui annonçais simplement qu'il n'y avait plus de lait au frigo.

— Quoi ?

— Une S.L.A. Maman, je...

— Non, c'est impossible, me coupe-t-elle. Tu n'as que vingt et un ans, Max.

— Les résultats sont formels, lui dis-je fermement en relevant la tête.

Son regard est perdu. Il cherche une réponse impossible dans le mien. Aucune de nous deux n'a fait le moindre mouvement. La détermination dans mon regard doit lui faire comprendre que ce que je dis est vrai puisqu'elle se couvre la bouche avant de quitter la cuisine pour se rendre aux toilettes. Je me précipite derrière elle. Maman pousse la porte et s'agenouille devant la cuvette où elle vomit pendant que je lui tiens les cheveux.

Plutôt mourirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant