ÉPILOGUE

36 5 0
                                    

« Seth,

Où es-tu en ce moment ? Que fais-tu ? Es-tu heureux ? Moi, je le suis. Je suis même profondément heureuse.

Il y a quatre ans, ma vie a totalement basculé. Je perdais tout : mon rêve, ma liberté, mon envie de vivre. Je pensais vouloir mourir, abandonner, sans attendre et sans lutter. Tout était tellement difficile à accepter. Mais au moment où tout s'effondrait, il y a eu toi. Arrogant, prétentieux, et beaucoup d'autres choses. Tu m'as donné l'envie de me battre, même un peu.

Ne m'en veux pas d'être partie trop tôt. Ne doute jamais de l'amour que je te porte. Cela n'a rien à voir. Je veux que tu gardes en tête l'image de nos premières rencontres, l'image de la jeune danseuse déterminée.

Je te remercie pour ces années de bonheur. Cet amour que je te porte n'a jamais cessé de croître. Jamais.

J'aurais tellement aimé qu'on se rencontre différemment, j'aurais préféré avoir été quelqu'un d'autre. J'aurais voulu te rencontrer dans une autre vie. Crois-tu que nous fassions partie de ces âmes sœurs destinées à se recroiser ? Moi, j'en suis persuadée et je l'espère.

Je t'attendrai dans ma prochaine vie.

Je t'aime,

Maxime. »

Je referme la lettre et sèche mes joues. Assis sur le sable, face à l'océan. Voilà un an qu'elle est partie. Ce jour-là, je suis rentré et j'ai compris à son regard qu'elle n'en pouvait plus. Elle était dans un fauteuil roulant et perdait peu à peu l'usage de ses mains. Elle avait de plus en plus de mal à parler et à se nourrir. Alors, j'ai su et j'ai compris. Je ne sais pas si j'aurais supporté autant qu'elle, je ne sais pas si, moi, j'aurais eu le courage d'arriver jusque-là. J'ai tenu la promesse que je lui avais faite.

Je soupire et regarde les vagues qui déferlent. L'air frais balaie mes cheveux, me fouette le visage. Une boule dans la gorge fait pression pour sortir. Malheureusement, elle est bien trop puissante et j'éclate en sanglots. Si je suis heureux ? Pas totalement. Mais je l'ai été. Profondément. Irrévocablement. Alors peu importe si je dois passer le reste de ma vie seul. Je l'aurais eu elle, j'aurais eu Maxime. Et moi aussi, j'espère que je la retrouverais dans une autre vie.

— Papa ?

Je me retourne et vois ma fille, accompagnée de Sylvie. Elle a le regard de sa mère et sa passion pour la danse. Elle est arrivée par accident, un miracle. On ne savait même pas qu'elle était enceinte. Malgré sa maladie, elle n'a pas pu se résoudre à avorter et moi, je voulais juste qu'elle soit heureuse. Les médecins nous ont rassurés en nous disant que la forme de sa Sclérose n'était pas héréditaire. Je savais que Max finirait par disparaître, mais je n'avais pas peur de me retrouver seul avec un enfant. Pour être honnête, je ne suis pas sûr que j'aurais tenu sans elle.

Alors aujourd'hui, elle est tout ce qu'il me reste, un bout de nous, un bout de Max qui ne s'éteindra jamais. Quand je regarde ma petite brune, j'ai l'impression de voir sa mère. J'ai l'impression que Maxime est toujours à mes côtés.

Je sais qu'elle m'attend dans notre prochaine vie. Et dans celle-là, nous vivrons heureux et longtemps, je m'en assurerai. On vieillira ensemble. En attendant, dans la présente, je prendrai soin de notre fille.

Plutôt mourirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant