Je récupère mon sac, ma veste et me dirige vers l'ascenseur. Il est hors de question que je reste ici une seconde de plus. Une humiliation m'a suffi. Bien entendu, l'ascenseur tarde à venir. Foutue machine. Je l'attends, tapant du pied impatiemment en me mordant la joue. Il arrive enfin et je ne tarde pas pour m'y engouffrer. Une larme solitaire roule sur ma joue. Je ne suis pas du genre sensible, mais là, c'est un peu la goutte d'eau.
Mes bourses qui disparaissent, mes fringues qui se volatilisent et maintenant, ça. Je l'essuie et appuie frénétiquement sur le bouton du rez-de-chaussée. En m'y engouffrant, mon regard tombe sur le miroir qui reflète une autre personne. Pas étonnant qu'il se soit moqué de moi. Mes yeux se baissent sur mes pieds et maudissent ces chaussures pour la douleur qu'elles m'infligent. Les portes se ferment, mais sont interrompues à mi-chemin de façon assez brusque. Je relève la tête et vois que le bras de Wes les bloque. Les portes se rouvrent et je croise son regard contrit.
— Je suis désolé, je ne voulais pas être méchant.
Je balaie ses excuses de la main.
— Mauvaise journée ? me demande-t-il soucieux.
J'acquiesce.
— Allez, viens. On va parler de ton poste.
J'hésite, mais son sourire doux m'invite à le suivre et je finis par sortir de l'ascenseur.
— Donc voilà ton bureau.
Il me désigne fièrement le bureau de l'accueil, mais je me tourne vers lui, perplexe.
— Et Marie ?
Il se dirige derrière le comptoir pour allumer la lampe et, je suppose, me montrer l'espace.
— Je l'ai virée.
Il se baisse pour je ne sais quelle raison et je passe ma tête par-dessus le comptoir.
— Pourquoi ? demandé-je étonnée.
Il relève la tête, arborant une mine surprise.
— Tu ne voulais pas un poste ?
Je le dévisage et mes yeux s'écarquillent quand je comprends où il veut en venir.
— Mais non ! Enfin, je ne voulais pas voler le poste d'une autre ! m'insurgé-je.
Il se redresse et se gratte la tête, gêné.
— Je ne sais pas, j'ai pensé que...
— On ne vire pas les gens sans raison ! Si vous n'avez pas de poste à pourvoir, très bien, mais je ne compte pas prendre le travail d'une autre. Donc vous la rappelez tout de suite et vous vous excusez.
Il me dévisage, incrédule.
— Pardon ?
Je me contente de croiser les bras et de hausser les sourcils. S'il ne capitule pas, je pars. De toute ma vie, je n'ai jamais vu quelqu'un comme lui. Est-ce ainsi que les riches dirigent leurs vies ?
— C'est bon, je vais l'appeler, dit-il en me présentant ses mains d'un geste pacifiste.
— Tout de suite ! lui ordonné-je.
Oui, bon, j'en fais peut-être un peu trop.
— Faut pas exagérer non plus, me sermonne-t-il avant de filer dans son bureau.
J'attends, accoudée au comptoir, qu'il en sorte quand mon téléphone sonne.
C'est un message de Julia.
[Ju : Alors ? T'as fait bonne impression ?]
[Il s'est moqué de moi]
[Ju : Il n'est pas normal. Il aurait dû avoir la langue qui pend.]
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Plutôt mourir
RomantizmEn entrant au conservatoire de danse de Paris, Maxime réalise enfin son rêve d'enfant. Elle deviendra une danseuse renommée, c'est sûr. Mais très vite, rien ne se passe comme prévu. Le niveau est élevé et son corps peine à suivre. Et c'est sans comp...