La musique commence et nous suivons les pas de Sylvie, en rythme. Nous enchaînons les mouvements, les sauts, les figures. Très vite, elle nous fait recommencer les enchaînements encore et encore. Je ne pense pas à l'appareil photo de Wes qui nous mitraille.
La musique me porte, m'hypnotise. C'est vivifiant. Il n'y a pas à dire, la danse est toute ma vie. J'ai l'impression que rien ne peut m'arriver, que rien ne peut arrêter mon corps de danser, de s'échapper, de voler. Je n'ai jamais rien connu qui me donne autant l'impression d'être vivante. Je suis faite pour ça, je le sais, je le sens au plus profond de moi.
— Il est temps de faire une pause ! nous annonce Sylvie.
Je m'assois sur un banc et bois plusieurs gorgées d'eau. Ma main fouille machinalement mon sac et récupère une serviette pour m'éponger le front, la nuque et le buste. Mes yeux se lèvent et croisent ceux de Wes qui me fixent sans ciller. Mes joues s'enflamment instantanément devant cette intensité.
Mon regard glisse sur sa droite et une pointe d'agacement me prend quand il tombe sur Pauline, collée à lui, sûrement en train de lui faire du rentre-dedans. Elle n'a vraiment pas froid aux yeux à s'agripper à son bras comme une moule. Mauvaise, moi ? Mon agacement est vite remplacé par de la satisfaction quand je vois que Wes n'a pas détourné le regard et qu'il continue de me fixer, ignorant complètement le fruit de mer à ses côtés. Celle-ci finit par s'éloigner, agacée. Elle n'a sûrement pas l'habitude de ce genre de traitement. Wes me salue poliment et je lui adresse un petit geste, gênée, avant de détourner le regard.
La pause ne s'éternise pas puisqu'on ne doit pas laisser nos muscles se refroidir. Nous revoilà à danser, enchaînant encore les mouvements. Je suis perdue dans ma danse quand on me bouscule fortement. Je tombe les deux bras en avant et évite de justesse un rendez-vous chez le dentiste pour pose de dentier. Je me retourne, le souffle court pour regarder ce qui a provoqué ma chute.
J'aurais dû m'en douter. Pauline affiche un sourire satisfait, en poursuivant sa danse. Autour de moi, les autres continuent de suivre les instructions de notre professeur. Visiblement, cette scène leur a échappé, ou alors ils ne préfèrent pas s'en mêler. Je préférerai la première option, au moins, je ne serais pas humiliée.
Je m'apprête à me redresser quand une main me saisit le bras. Ma tête se relève vers la personne, c'est Wes. Il m'aide à me redresser et je le remercie. Alors que je pense qu'il va retourner à ses photos, il se place devant Pauline, l'obligeant à arrêter sa danse.
— Les coups bas ne vous apporteront rien. Vous devriez mûrir un peu. Vous ne valez rien en tant que danseuse si vous devez écraser les autres pour réussir.
À présent, tout le monde nous regarde. J'ai tellement honte que je baisse la tête. Il ne comprend pas qu'agir ainsi ne m'aidera pas. J'ose un regard vers Pauline qui fixe Wes, hautaine. Visiblement, rien n'effraie cette fille. Sylvie s'approche de nous.
— Quelque chose ne va pas ? nous demande-t-elle sévèrement.
— Non, dis-je en même temps que Pauline.
— Bien, reprenez vos places, mesdemoiselles.
Je regarde Wes pour le remercier, mais le regard noir qu'il me lance m'en empêche. Il saisit son appareil et s'éloigne. D'accord... C'était quoi ça ?
Je finis le cours, contrariée. Enchaîner les pas a été difficile. Je n'avais quasiment aucun rythme. Je prends une douche pour détendre mes muscles et il est presque treize heures quand je sors des vestiaires. Je passe devant Wes sans un mot et vais rejoindre Julia.
Elle m'attend dehors, accompagnée de Lucas. On ne s'est pas revus depuis la semaine dernière.
— Lucas !
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Plutôt mourir
Roman d'amourEn entrant au conservatoire de danse de Paris, Maxime réalise enfin son rêve d'enfant. Elle deviendra une danseuse renommée, c'est sûr. Mais très vite, rien ne se passe comme prévu. Le niveau est élevé et son corps peine à suivre. Et c'est sans comp...