Nos cœurs sous la cendre

Chapitre 1 - Maximilien

 Décembre 2024

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Mon bipeur me réveille en sursaut. J'ouvre les yeux et fixe le plafond quelques secondes. J'ai environ cinq minutes pour sauter de mon lit, enfiler mon uniforme et partir pour l'intervention. On est en décembre, et à cette période de l'année, la plupart de nos missions sont d'aller éteindre des feux de pavillons. Je suppose, une fois de plus, que c'est la cause de mon réveil nocturne.

L'adrénaline commence à couler dans mes veines. Je me lève rapidement de mon lit. En à peine quelques secondes, je rejoins mes collègues. On attend les ordres du commandant.

- Il y a un feu qui s'est déclaré dans un vieux hangar. On ne sait pas combien ils sont encore à l'intérieur. On suppose que c'est une soirée de détraqué qui a mal tourné.

Mes maxillaires se contractent. Le commandant et moi on a toujours été d'accord pour appeler les junkies les "détraqués". Il connaît une partie de mon passé, il sait que ce genre de missions me mets les nerfs à vif, mais je fais mon travail comme n'importe quel autre pompier. Sauver, protéger et secourir. Quoi qu'il en coûte.

- Max, tu pars dans le premier camion. Tu dirigeras les opérations sur place. Si et seulement si le feu devient incontrôlable, tu iras dans les flammes avec tes camarades. Aucune prise de risque inutile. Compris ?
- Reçu.

Je suis un des plus anciens de la brigade. Au fil des années, je suis monté en grade. Aujourd'hui, pour les civils lambdas, on peut me considérer comme le chef des opérations en cas d'interventions. J'ai toujours préféré l'action à la réflexion, mais j'exécute les ordres.

Toute l'équipe monte rapidement dans les camions. On actionne les gyrophares. Les sirènes percent la nuit et on démarre en trombe. Le trajet se fait toujours en silence, chacun essaye de se concentrer un maximum. On ne sait jamais ce qui nous attend sur place.

- Et merde.

En face de nous, un énorme nuage noir commençait à s'entendre dans le ciel.

- Ça sent pas bon tout ça...
- Luc, ta gueule.

L'excitation et le stress commencent à monter en chacun de nous. C'est les effets secondaires du métier de pompier. L'adrénaline nous fait tenir pendant que l'angoisse nous grignote de l'intérieur. On travaille dans l'urgence et certains gèrent mieux la pression que d'autres.

Le hangar en flamme se dresse devant nous. On sent la chaleur qui émane de ce brasier sur nos joues encore nues. Des nuances oranges mordent le ciel glacial de décembre.

On se saisit de nos cagoules, et on les enfile dans un geste automatique. On dirait un orchestre symphonique. On exécute ces gestes à l'unisson sans aucune fausse note. Je regarde mes coéquipiers s'équiper de leurs casques. Le mien est déjà vissé sur mon crâne. Je relève la visière pour leur parler.

- Les gars, préparez-vous. Vous allez former des colonnes de trois et entrer dans le bâtiment. Essayez de trouver et sortir chaque victime de ce bordel. Vu l'avancement de l'incendie, la priorité, c'est de sauver tout le monde. On éteindra ce qu'il reste du hangar après. Go !

Je hurle mes ordres à mon équipe. Ils me font confiance et ils ne contrediront jamais ce que je leur dis. Leur vie en dépend. Dans ce four incandescent, je suis leur seul espoir.

Mon regard reste fixé sur les flammes qui dansent devant nous. Elles ont un effet hypnotique. Mon équipe s'enfonce dans le bâtiment. L'enfer est droit devant, prêt à les accueillir. Je reste concentré sur mon objectif et continue de communiquer avec chacune des me trois équipes dispersées dans le hangar.